vendredi 2 octobre 2020

Liberté d'entreprendre

La liberté s'arrête où commence celle « des » autres, chacun sait cela. Quand nous naissons nous n'avons rien, alors que les existants ont déjà des propriétés, de l'argent, ils sont pour certains très bien pourvus en propriétés et outils de tous genres qui augmentent leur pouvoir sur le monde et les gens, donc leur liberté de déplacement, leur liberté d'achat, et aussi leur liberté d'entreprendre encore davantage. 
Notre micro-liberté à la naissance et au début de notre vie d'adulte est opposée à la très grande liberté qu'ont accumulée les autres pendant leur existence (je parle essentiellement des plus doués à se faufiler dans le monde capitaliste).
À la naissance nous sommes tous handicapés, mais certains plus et même beaucoup plus que d'autres. La liberté d'entreprendre quand nous naissons handicapés s'oppose à la liberté d'entreprendre de ceux qui sont dotés physiquement, intellectuellement, et surtout pécuniairement par héritage. C'est la sempiternelle lutte entre le pot de terre contre le pot de fer. La lutte entre une micro-liberté contre une maxi-liberté. La micro-liberté perd toujours.
La liberté d'entreprendre est l'art de priver l'autre de sa propre liberté, sous couvert d'une supposée égalité de traitement à la naissance alors que personne ne nait en même temps et que personne ne nait également doté intellectuellement, physiquement, émotionnellement, sexuellement et culturellement (QI, QP, QR, QS, QC). 
Le système capitaliste est un système pyramidal, et dans ce système la liberté d'entreprendre est d'autant plus grande que l'on se trouve haut placé dans la pyramide. Plus vous avez d'argent, plus vous avez de pouvoir, et plus vous avez de liberté d'entreprendre. Affirmer que nous avons la liberté d'entreprendre n'est pas donner les capacités de cette liberté. Sans capacité de liberté, pas de liberté. Sans capacité de voler, pas de liberté de s'envoler. La gazelle a le droit de manger le lion, comme le lion a le droit de manger la gazelle, ils sont égaux devant les lois de la Nature. La liberté d'entreprendre n'est qu'un leurre. La liberté d'entreprendre n'est que de la rhétorique quand vous n'avez pas la liberté d'utiliser la liberté.
La liberté d'entreprendre n'implique pas que je doive entreprendre obligatoirement. La règle sociale n'est pas que chacun doit entreprendre. Chacun fait de sa vie ce qu'il veut. Et s'il ne désire pas entreprendre parce que le monde de l'entreprise le débecte, il n'est pas tenu d'entreprendre. Mais le fait de ne pas vouloir entreprendre dans une société dans laquelle nous avons été contraints d'exister et d'accepter l'association sous cette même contrainte ne doit pas nous conduire à la misère. Puisque nous avons été contraints d'exister, nous devons vivre sainement. La société n'est pas une société d'entreprises et de luttes entrepreneuriales, elle est une société faite d'humains et non de bêtes. 
La liberté d'entreprendre est concurrentielle, or la concurrence est le fait de notre animalité, elle est une des nombreuses expressions de notre animalité. Nous devrions combattre notre animalité et non la promouvoir avec la liberté de casser l'être humain dans la liberté d'entreprendre de quelques capitalistes fiers de faire les pharaons.
La loi qui autorise la liberté d'entreprendre est une loi hypocrite, puisque c'est une loi qui sait pertinemment que nous n'avons pas le même potentiel de liberté à la naissance et tout au long de la vie.
Nous naissons parce qu'on nous impose l'existence et ce n'est pas un don qui nous est fait (puisqu'on ne fait un cadeau qu'à une personne qui existe). Nous naissons pour participer à la société, et dans notre nation française nous sommes supposés être un associé (sans contrat), mais cela suppose égalité de possibilité tout au long de la vie.
L'association implique l'égalité toujours, sinon pourquoi signerais-je le moindre contrat d'association ? 
Vous les dirigeants et capitalistes, me prenez-vous pour un idiot ? Non, je suppose, puisque vous recourez volontiers à mes capacités intellectuelles quand elles vous arrangent, vous ne faites qu'utiliser le système contre moi... Je reconnais que vous êtes innocents d'exister, faites-en autant avec moi. 
Mais j'aurais préféré être invité sur une planète saine et être traité comme tel, plutôt qu'être assimilé à un esclave de naissance.
Fin – E. Berlherm

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