vendredi 27 janvier 2023

La Pensée est matérielle - Saison 1 Épisode 2 - L'Objet mental


Rappel

Nous sommes issus du fonctionnement de l'univers, nous sommes « de » l'univers, nos mécanismes mentaux sont matériels, et la mémoire donc la pensée est structurelle (voir l'épisode 1 et l'article « Paradoxe de Thésée »). Un rationaliste peut admettre cela sans difficulté, je suppose.

Nous en étions à « je me contrôle ». Le suspense sera intense dans cet épisode.

Le titre est « objet mental », qui est un nœud important de mon arborescence, celui qui va le plus fructifier, car tout peut-être considéré comme « objet mental », même le point de départ qu'est la perception. J'aurais pu commencer par « Objet mental », mais comme il était important de toujours avoir présent à l'esprit les trois niveaux indiqués dans le dessin, j'ai préféré schématiser mon arborescence ainsi.




La mémoire est structurelle

La mémoire est structurelle et la pensée s'établit en fonction de notre structure mémorielle qui varie peu d'un humain à l'autre dans son ensemble. Mais cet ensemble va permettre la mémorisation de détail dans un système global qui contient le fonctionnement spécifique de l'humain. Le système nerveux du chat contient la spécificité du chat, le système nerveux de l'humain celui de l'humain, mais l'ensemble va permettre pour chaque espèce de gérer les détails du comportement de l'espèce.



L'objet mental

Ce que je nomme objet mental est tout ce que nous pouvons caractériser par une étiquette, un signe, une couleur, un évènement, etc., et les mots eux-mêmes en tant que sons ou signes écrits ou gestuels. Ce sont des objets représentés par une structure dans notre mémoire, et qui peuvent être activés quand cela nous est nécessaire ou pas puisqu'ils peuvent être déclenchés intempestivement. Par exemple le 3 X 9 qui est intempestif pour moi qui le pense sans raison (consciente), mais nécessaire pour vous qui le lisez. Ma mémoire n'a pas été forcée pour penser 3 X 9, mais la vôtre l'a été en le lisant ou en l'entendant. Je ne vous ai pas contraint à la lecture de cet article, mais j'ai contraint votre cerveau par les mots que j'ai prononcé que vous ne pouviez prévoir (connaitre à l'avance ce que vous lisez n'aurait aucun intérêt pour vous).

Comment une structure nerveuse qui n'a en principe rien à voir avec l'objet que l'on perçoit permet-elle de mémoriser cet objet et de le reconnaitre ? Eh bien, observez un objet devant vous, puis fermez les yeux (ou le sens que vous utilisez). Évoquez-le. Si vous êtes fait comme moi, alors vous ne voyez que du noir (sauf si vous êtes aveugle de naissance et dans ce cas vous ne verrez même pas le noir), mais vous « savez » à peu près comment est l'objet évoqué, et vous pourriez même le dessiner sans le regarder si vous êtes habile.

Si l'objet est habituel, vous en ferez le tour facilement. Mais vous ne « voyez » rien. Vous évoquez, et rien d'autre. Vous évoquez sa forme aussi bien que sa couleur. Vous évoquez sa situation dans l'espace et les éventuels objets qui l'environnent (il y en a toujours). Ce ne sont qu'évocations. Et si vous n'êtes pas doué en dessin, votre tracé sera maladroit et la couleur laissera à désirer. Parce que l'évocation n'est pas la vision directe. Pourquoi, puisque tout se passe en mémoire, aussi bien la vision directe que l'évocation ? Pourquoi, puisque vous re-connaissez ?

Et pourquoi êtes-vous capable d'extraire mentalement un objet de son environnement et de l'appréhender seul hors de tout contexte alors qu'il y a toujours un contexte ? C'est pour cette raison que je le nomme objet mental (d'autres l'ont fait avant moi).

Il y a des personnes capables de mémoriser de façon extraordinaire ce qu'ils perçoivent, pas seulement de stocker en mémoire, mais de rappeler ce qu'ils ont stocké, de s'en servir à la demande. Le commun des mortels comme moi-même en est incapable. Il faut être capable d'expliquer le système mémoriel dans les deux cas et les intermédiaires.



Intersection

La première qualité d'un objet n'est pas son extériorité, c'est l'inconstance de sa présence. C'est cette inconstance qui fera en partie son extériorité.

Comment se constitue un objet mental ? C'est-à-dire une structure nerveuse qui nous permet de reconnaitre un objet ou d'évoquer un objet tel que nous l'avons perçu. Il faut d'abord différencier les objets. Quand nous regardons un objet, il n'est jamais seul. Il n'est jamais perçu seul. Il doit donc être « extrait » de son environnement. Il faut imaginer le bébé qui ouvre les yeux pour la première fois. Son champ visuel est saturé de lumière qui ne le renseigne pas sur le monde. Ce qu'il perçoit n'est que signaux. Son système de perception n'a encore fait aucune corrélation entre ces signaux. Il ne tire aucune information de cette lumière.

Il faut tenir compte du fait que si on considère que l’œil fonctionne à 24 images secondes, cela fait 1440 images par minutes (en fait il fonctionne en continu, puisque les photons parviennent aux capteurs en continu, mais cela permet d'imaginer un ordre de grandeur). 1440 images c'est beaucoup et en si peu de temps le cerveau a fait énormément de corrélation avec les autres sens. Parce que vous avez besoin des corrélations entre vos sens pour associer un « espace » commun à tous ces sens : vision, audition, toucher, odorat, gout, saveur, etc. (Le point commun à tous les sens est l'espace.)

(Remarque : Si vous vous dites qu'il faut les deux yeux pour voir le relief, eh bien vous vous trompez, un seul œil suffit, demandez donc aux borgnes comment ils arrivent à conduire une voiture, ou fermez les yeux et voyez-vous l'espace, mais aussi hors du champ stéréoscopique de vos deux yeux (environ 70°) l'espace est-il soudain absent ?)

Un objet mental se constitue par intersection, comme une intersection d'ensembles en mathématiques. Il s'extrait de cette manière de tous les fonds dont il a fait partie et donc également de tous les « temps » (les évènements) dont il a fait partie également. L'objet devient donc indépendant des autres objets et du temps. (Un objet n'est jamais que spatial, il est perçu dans le temps un certain temps et en général à des époques successives de la première à la dernière fois.) J'explique cette intersection par le phénomène de renforcement. L'objet lui-même étant plus perçu que les éléments qui l'entourent, les circuits qui le composent se renforcent par l'utilisation répétée qui en est faite. Nous ne sommes pas des statues figées, comme la statue de Condillac, et nous tournons autour des objets. Nos points de vue sur l'objet changent ce qui modifie le fond sous lequel est perçu l'objet alors que l'objet lui-même change peu. Les circuits nerveux qui le représentent sont ainsi renforcés. Il reste des éléments associés à tous les objets, c'est d'abord nous-mêmes, celui qui perçoit et qui fait partie du tableau, et l'espace que l'on retrouve dans tous les objets. Les circuits nerveux doivent donc nous associer à tous les objets que nous percevons (c'est normal, car il n'y a pas de trou, de discontinuité, dans la trame nerveuse de la tête aux pieds). Et quant à l'espace, nous le retrouvons dans tous les systèmes de perception. Tous les objets sont spatialisés (et temporels), aussi bien les visuels que les sonores, ainsi que les autres systèmes de perception.


Utilisation des objets mentaux

Les animaux au système nerveux complexe peuvent inhiber la réaction motrice à la perception d'un évènement. Les humains apprennent presque tous à le faire. Ils n'y parviennent pas toujours. Nous avons tous réagi à des émotions. Chez un chien la vue, le bruit ou l'odeur des croquettes entrainent la salivation et l'excitation, chez un humain la vue d'un bon repas (quand on a faim) entraine la même réaction.






L'objet mental principal

N'oublions pas l'objet mental principal. Voulez-vous quelques secondes de réflexion pour découvrir duquel il s'agit ? C'est fait ! Il s'agit bien sûr de nous-mêmes. Car il faut bien que nous nous mémorisions quelque part, n'est-ce pas ? Je parle de notre image directe ou dans le miroir, des sons que nous émettons, notre voix, le toucher quand nous nous palpons, et les autres qui s'associent pour former un tout. Et pourquoi cet objet ne serait-il pas sensiblement stocké au même endroit que les autres ? Cet objet qui est nous-même, nous le percevons constamment, même la nuit inconsciemment. Il s'agit de l'objet qui est le plus renforcé de tous les objets perçus. Il ne peut qu'être le centre des activités mentales. Tout s'y concentre. Et il est connecté à l'ensemble, car l'ensemble c'est nous, notre corps en totalité.

Nous pouvons percevoir les détails de notre corps comme nous percevons un objet extérieur à nous. Un objet dans notre main et notre main sont perçus simultanément visuellement. Les deux ont leur structure dans le système nerveux.

La connaissance de soi se fabrique de la même façon que la connaissance du monde extérieur. La différence entre les deux types d'objets mentaux provient de la répétition et de la continuité des informations qui proviennent sur soi alors que ce n'est pas le cas pour l'extérieur. Quand je capte le monde extérieur sur mes rétines, je peux fermer les yeux et me retourner, et j'aurais une image toute différente sur mes rétines en rouvrant les yeux, alors que mes sensations sur moi-même sont quasiment identiques. Mes rétines sont toujours placées au même endroit sur mon corps, mais les sensations qui leur parviennent sont différentes, ce qui n'est pas le cas pour les autres sensations internes et surtout la proprioception. La proprioception envoi des informations en continu et quasiment toujours identiques alors que les rétines sont comme des écrans de télé sur lesquels apparaissent des images qui ne sont pas forcément continues ou qui se modifient très rapidement et souvent avec impossibilité de mémoriser toutes ces images. Ce qui n'est pas le cas de la proprioception qui renseigne en continu, ni de l'écoute de notre corps ou de la vision des éléments extérieurs de notre corps.

La surface de la rétine est composée de capteurs disjoints, et pourtant nous percevons des surfaces continues. Pourquoi ? Parce que les manques de capteurs ne sont pas perçus.

L'objet "Soi" ne peut pas exister sans univers mental, c'est-à-dire sans objet provisoire avec lequel il coexiste. Tout notre champ mental est ouvert, avec des informations déclenchées par des signaux provenant de toutes les perceptions ainsi que de signaux internes. Je peux être conscient de ce champ mental global, je peux être conscient d'un détail infime de ce champ. Je passe de l'un à l'autre sans problème. Le champ mental global peut être considéré comme un objet mental composé de milliards d'éléments. La différence entre "Soi" et les autres objets est la grande stabilité de "Soi" par rapport aux changements constants de notre univers mental que forment ces autres objets.

La conscience de Soi n'existe pas précisément puisque c'est le Soi qui permet la conscience, mais on peut être conscient d'éléments de Soi, et plus vraisemblablement de modifications intervenant sur des éléments de Soi plutôt que sur les éléments eux-mêmes qui sont déjà intégrés à Soi et sont donc de ce fait hors de portée des connexions qui permettent la conscience.

« Je pense ». Qu'est « Je » ? C'est le corps dans sa totalité. Or le corps dans sa totalité ne pense pas (cœur, poumon, muscles, peau, etc.). La pensée résulte de certaines activités de certaines parties du corps. Ce qui pense est une représentation du « Je » corporel dans la mémoire. Ce « Je » est un objet mental construit comme tous les objets mentaux.

(Je suis rationaliste, et donc je refuse de croire, et je n'admets pas que l'univers puisse prévoir mon individualité. Nous sommes des êtres mécaniques. L'univers a induit l'être humain, la fourmi et le poulpe. La structure fait la bête et son comportement. Nous, humains, avons par un très long cheminement et de très nombreux individus engendrés des cultures et des significations qui nous imprègnent dès que nous naissons en structurant notre système nerveux. La signification est liée à l'outil.)

Au départ le nouveau-né doit voir les choses collées à l’œil, c'est-à-dire de la taille de la surface de la rétine. Il ne verra l'espace donc l'étendue qu'après apprentissage.



Notes complémentaires

Perception limitée : L'univers mental est composé d’objets. Ces objets sont créés par les défauts de nos perceptions qui ne nous permettent pas de remarquer tous les éléments qui forment la continuité de l’Univers extérieur. Nous ne percevons pas l’air ni toutes les particules, photons y compris, qui traversent l’espace qui nous entoure sans nous parvenir. Nous ne percevons qu’une faible partie des ondes hertziennes et sonores. Dans le cas contraire, nous serions dans le brouillard le plus complet, mais quelques éléments de perception supplémentaire seraient bien utiles, comme la détection de tous les types de dangers (demandez donc à vos procréateurs et leurs complices la raison de cette absence ! Car c'est réellement très handicapant, n'est-ce pas ?).


L'objet n'est pas dans la nature

La nature ne connait pas d'objets, c'est nous les humains qui nommons ce que nous pensons être des choses remarquables pour nous-mêmes.

Origines des objets : Les objets mentaux peuvent avoir 2 origines: ils peuvent être soit de « construction », soit « appris » → un objet de « construction » est construit à partir de notre ADN, ce sont tous les objets qui sont spécifiques à une espèce, comme les instincts ou les émotions qui sont contrôlables comme la respiration peut l'être ; ils ont une structure nerveuse. Les objets « appris » sont ceux qui sont acquis au cours de notre vie, qui proviennent de nos expériences.

Cryptage de l'objet : L'objet est crypté (c'est-à-dire traduit) sous forme de réseaux neuronaux, qui n'a pas dans sa forme, sa nature, le même aspect que l'objet physique auquel il correspond. Et il n'y a pas de nécessité de décryptage pour le cerveau puisque pour lui tout se présente sous la même forme, c'est à dire réseaux neuronaux. Quelle que soit la structure de l'objet mémorisé, elle sera confrontée à une structure de même type pour lui donner son sens. Entre deux cerveaux humains, un même objet physique ne sera pas traduit par une structure neuronale de même forme, ou d'une même quantité de neurones, ni même se situer au même endroit dans le cerveau nécessairement. Pourtant visuellement et tactilement les deux humains vont percevoir des objets sensiblement identiques dont ils feront par consensus culturel des descriptions quasiment identiques. (Quand l'ordinateur recherche une image d'objet, il ne recherche pas l'image il recherche le code représentant l'image sous forme binaire. Il compare du binaire.)

Déplacement d'un objet : Un objet mental est quelque chose qui, quand il est déplacé, transporte avec lui tous les éléments qui le composent (Caméléon et Gobelet), exceptés certains éléments comme ses dimensions et la distance à soi.

Cohésion entre types de perceptions : Les objets nous paraissent cohérents parce que les différents types de perceptions sont accordés. Le toucher confirme en général la vision. Mais à distance le son ne confirme pas la vision, à cause de l’écart entre les vitesses du son et de la lumière.

Existence de l'objet mental : Un objet mental n'existe pas tant que les réseaux qui le représentent ne sont pas activés. Même s'il a déjà été activé plusieurs fois. Il ne peut exister que complet, c'est-à-dire en association avec « l'objet Soi ». De la même façon que les quelques octets gravés sur le disque dur ne sont pas l'objet, mais sa représentation. Dans le cas contraire, il serait en quelque sorte toujours « affiché sur notre écran mental ».

Différenciation entre les objets : Tous les objets mentaux sont encryptés dans le système nerveux. La différence entre les uns et les autres est leurs plus ou moins fréquentes et longues relations avec l'objet Soi ; la proximité avec Soi. (La main de « la famille Addams » ressent-elle l'absence du corps à qui elle devrait être normalement associée ? La mémoire (du corps) ressent l'absence de la main !)

Corrélation entre types de perception et les motricités : Si l'activité musculaire des yeux en corrélation avec la perception permet la fabrication des objets visuels (espace, stéréoscopie), il parait évident que la corrélation avec les autres sens et motricités va également ajouter quelque chose aux objets mentaux perçus en finalité. Le toucher et la motricité ne vont pas jouer que pendant la plus tendre enfance de l'apprentissage. L'apprentissage est continu.

Cas particulier de l'odorat : L'odorat est un cas particulier, car l'objet perçu représente quelque chose en soi, mais peut également représenter un objet distant. C'est-à-dire que l'on confond l'émetteur de l'odeur avec l'odeur elle-même. Par exemple, on dit ça sent le muguet et non pas ça sent l'odeur émise par le muguet. C'est par apprentissage que l'on sait que tel objet est l'émetteur de l'odeur. Nous avons donc construit l'objet mental « odeur » et sa signification qui l'associe à son émetteur. Souvent d'ailleurs nous avons besoin de rechercher l'émetteur de l'odeur jusqu'à satisfaction. (→ la sonnerie du téléphone n'est pas le téléphone, mais y est associée intimement.)

Types d'objets concrets

· Objets limités : Objets qui ont une limite extérieure selon nos perceptions, permettant ainsi de les différencier de leur environnement, ce qui permet de connaitre leurs dimensions.

· Objets limités palpables : tout objet ayant une cohésion matérielle s'opposant à notre corps, qu'on peut approcher à une distance nulle par une partie quelconque de notre corps.

· Objets limités impalpables : objets situés au-delà de la perception tactile, et donc imaginés à partir des autres types de perception, la vue, l'ouïe et l'odorat. C'est la corrélation habituelle de ces 3 types de perception avec la perception tactile qui permet de confirmer la "réalité" de ses objets impalpables.

· Objets non limités : tout objet qu'on ne peut appréhender entièrement avec aucun système de perception.

· Objets non limités palpables : tout objet qu'on ne peut appréhender entièrement avec aucun système de perception et à portée du toucher. Par exemple la terre sous nos pieds.

· Objets non limités impalpables : tout objet qu'on ne peut appréhender entièrement avec aucun système de perception et hors de portée du toucher ou sans consistance. Par exemple l'air.

Pourquoi la notion d'objet mental et pourquoi pas un autre terme nouveau et distinct représentant à la fois la notion d'objet et celle de sa représentation mentale par les réseaux neuronaux ?

→ Parce que les objets sont consensuels. Parce qu'ils sont essentiellement visibles et tactiles, et que ce sont les deux perceptions qui ont donné le plus de mots accordés parfaitement l'une à l'autre. Est-ce que les circuits neuronaux qui donnent les images visuelles sont distincts des circuits qui donnent les impressions tactiles ? Oui, certainement en partie. Est-ce que les circuits qui donnent les mots sont distincts des impressions visuelles et tactiles ? Oui, certainement en partie. Est-ce que la fonctionnalité de l'objet est construite à partir de circuits différents ? Oui, certainement en partie. Mais est-ce que tous ces circuits différents sont associés quand l'objet est présent dans le champ mental global ? Bien sûr, sinon comment aurions-nous la signification globale de l'objet présente instantanément à l'esprit ? et comment pourrions discourir indéfiniment sur les qualités de l'objet ?

→ Donc, pourquoi ne pas utiliser l'expression « objet mental » pour tout ce qui concerne cet objet dont nous sommes tous d'accord pratiquement en ce qui concerne son aspect physique, son nom, sa fonctionnalité, et un grand nombre d'autres détails. Tous ces éléments étant constitués par des réseaux neuronaux, il n'y a pas de raison de distinguer un neurone d'un autre neurone. Donc si le nom d'objet « mental » convient à certains aspects, pourquoi faire des distinctions qui ne simplifient pas la compréhension ?

→ Mon idée est que toutes les liaisons entre neurones ne sont qu’un seul principe de connexion. Ce que nous percevons du monde est essentiellement des objets, et nous les nommons constamment. Ce principe est consensuel. L’objet se manifeste dans le système nerveux par des connexions entre neurones. Il n’y a pas de raison de nommer des mécanismes identiques par des noms différents. Du moins il n’est pas essentiel de les multiplier. Je suis parti de l’idée de nommer objet mental toute connexion qui se reproduit. Cela pourra donc être aussi bien une fonction mentale qu’un concept abstrait, une évocation, une conduite, un évènement, etc.. En fait toute chose qui sera mémorisée et donc répétable.

Structure : Les objets mentaux n’ont pas la structure des objets réels; c'est un peu comme la mécanique quantique qui n’est pas une représentation de la mécanique générale, mais la mécanique générale se déduit de la mécanique quantique.

Objet en soi : Les objets mentaux sont les objets perçus. Les détails de ces objets sont également perçus. Un objet extérieur existe en soi, en correspondance avec l’objet perçu, mais il n’est que supposition, c’est une sorte d’objet statistique. On ne peut pas le connaitre dans sa totalité, et ses connexions avec son environnement sont si grandes qu’en fait on est incapable de dire où commence l’objet et où s’arrête l’environnement. En fait l’objet est une partie de l’univers, et sa nomination n’est due qu’à la correspondance avec les perceptions que nous avons de lui.

Stockage et rappel : Aucun mot n’existe dans la structure mentale, aucun objet mental d’ailleurs, il faut exprimer (entendre, lire, penser) le mot pour qu’il se manifeste, pour qu‘il existe. C’est la totalité du circuit qui fait l'objet. Il faut avoir les yeux ouverts pour que l’image existe, idem pour les oreilles. Une partie du circuit activée va induire le reste du circuit qui est l’objet mental.

Stockage unique : Si on reconnait une main comme étant une main, cela signifie que le décodage se fait au même endroit que les autres mains perçues, seules les différences se décodent ailleurs, mais en liaison avec le codage de la main.

Objets de la proprioception : Tous les sens sont associés à la proprioception. Aucun ne donne d'information isolément. Toutes les informations de la perception nécessitent un apprentissage. Il ne peut y avoir sensation que s'il y a mémoire et il ne peut y avoir mémoire que s'il y a connexion entre neurones et donc apprentissage.

Conscience : La conscience fait la liaison avec un objet, quelle que soit la taille de l'objet. L'apprentissage peut rendre très complexe un objet mental. Tout le champ mental peut être considéré comme un objet → plus l'objet est complexe moins il est précis.

Idées : Les idées ne sortent pas de nulle part. Les idées, de quelques nature qu'elles soient, nécessitent un fonds qui ne peut provenir que d'un apprentissage dans le domaine dont elles naissent. Les idées apparaissent forcément dans un environnement d'objets mentaux avec leurs significations disparates associées. C'est probablement des corrélations entre toutes les significations, donc entre objets mentaux, que naissent les idées. Elles finissent, par répétition, donc renforcement, par devenir elles-mêmes des objets mentaux à part entière. J'appelle objet mental une sorte d'incarnation de la notion d'objet physique dans le système nerveux (ce n'est pas de l'holographie). J'étends cette notion, que j'applique à tous les réseaux neuronaux qui sont plus ou moins figés dans leur structure, résultat d'un apprentissage conscient ou non. Cela peut représenter un objet statique ou dynamique, ou même un geste ou une action, c'est-à-dire un évènement complexe. L'automatisme de la marche ou de l'écriture sont des exemples types de ce qui peut être représenté par un objet mental du genre action (c'est une somme d'évènements classés comme le sont, dans le langage, les mots d'une phrase).

Objet Soi : Il y a une constante modification de l'objet mental Soi, et lors de la croissance cette transformation est encore plus grande. Il faut que le jeune animal, le jeune humain, adapte constamment ses nouvelles possibilités musculaires et la proprioception de ces activités à l'action mémorisée par construction, parade nuptiale, ou chasse par exemple. Il ne faut pas oublier non plus le besoin d'entrainer sa musculature, et surtout l'apprentissage de la coordination permettant de résoudre de nombreux cas non préparés par la construction qui fournit uniquement la tendance, l'instinct de base.

XXX

Les gens qui ne se posent pas de questions sur eux-mêmes et l’univers sont comme des objets déposés dans un lieu et fonctionnant à la demande.

(Jetez encore une fois, svp, un œil sur l'arborescence. Vous voyez qu'en parallèle à « l'objet mental » il y a « l'objet en soi » (l'objet réel). Si vous ne voulez pas vous faire berner par les religions, surtout les religieux retors, demandez-vous si l'objet mental qui est tout ce que votre connaissance possède du monde, a un correspondant approximatif chez les objets en soi, ou si cette correspondance n'est pas certifiée par vous-même. Et quand elle est certifiée par d'autres, mais pas vérifiée par vous, tenez-en compte. Cela reste pour vous une idée, une hypothèse ou une théorie, mais pas une réalité absolue. Prenez comme exemple l'ornithorynque et la licorne. Vous n'avez probablement vu du premier que des images et c'est un animal certifié par d'autres, ce qui n'est pas le cas de la licorne dont vous avez pourtant vu beaucoup d'images également. Même question pour les dieux, les anges, les diables, le paradis, l'enfer, etc., et même les extraterrestres ! Qui est le plus probable ? Un dieu ou un extraterrestre ? Ce sont beaucoup d'idées non certifiées, n'est-ce pas ? Il faut toujours garder l'étiquette de la valeur de probabilité collée à l'objet pour ne pas se faire avoir.)

Fin – E. Berlherm