mardi 20 novembre 2018

La désobéissance civile Par Henry David Thoreau.

La désobéissance civile Par Henry David Thoreau.
Traduction personnelle du texte « Civil disobedience »

La désobéissance civile Par Henry David Thoreau.
[1849, titre original : Resistance to Civil Government]

J’accepte de tout cœur le slogan « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins » ; et je voudrais le voir établi plus rapidement et systématiquement. En fin de compte, cela revient finalement à ceci, ce que je crois aussi, « Le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout » ; et quand les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu’ils auront. Le gouvernement est au mieux utile ; mais la plupart des gouvernements, généralement, et tous, parfois, sont inutiles. Les objections qui ont été formulées contre une armée permanente, et qui sont nombreuses et pesantes, et méritent de l’emporter, peuvent aussi enfin être formulées contre un gouvernement permanent. L’armée permanente n’est qu’un bras du gouvernement permanent. Le gouvernement lui-même, qui n’est que le mode choisi par le peuple pour exécuter sa volonté, risque également d’être abusé et dévoyé avant que le peuple ne puisse agir à travers lui. Voyez la guerre actuelle au Mexique, le travail relativement de quelques personnes utilisant le gouvernement permanent comme leur outil ; car, d’emblée, le peuple n’aurait pas consenti à cette mesure. 

Ce gouvernement américain, qu’est-il sinon une tradition, bien que récente, essayant de se transmettre sans aucune altération à la postérité, mais perdant à chaque instant une partie de son intégrité ? Il n’a pas la vitalité et la force d’un seul homme ; car un seul homme peut le plier à sa volonté. C’est une sorte de fusil en bois pour les gens eux-mêmes. Mais ce n’est pas moins nécessaire pour autant, car le peuple doit avoir une machinerie compliquée et entendre son vacarme, pour satisfaire son idée de gouvernement. Les gouvernements montrent ainsi avec quel succès ils peuvent s’imposer aux hommes, voire s’imposer à eux-mêmes, pour leur seul avantage. C’est excellent, on peut tout se permettre. Pourtant, ce gouvernement n’a jamais, de lui-même, manifesté aucune  entreprise, sauf par l’empressement avec lequel il s’est écarté de son chemin. Cela ne conserve pas la liberté au pays. Cela ne colonise pas l’Ouest. Cela n’éduque pas. Le caractère inhérent au peuple américain a réalisé tout ce qui a été accompli ; et il en aurait fait un peu plus, si le gouvernement ne l’avait pas parfois contrarié. Car le gouvernement est un moyen par lequel les hommes aimeraient réussir à vivre libres ; et, comme on l’a dit, le moment le plus opportun est quand les gouvernés sont le plus laissés à eux-mêmes. Les échanges et le commerce, s’ils n’étaient pas faits de caoutchouc indien, ne réussiraient jamais à surmonter les obstacles que les législateurs mettent continuellement sur leur route ; et si l’on devait juger ces hommes totalement par les effets de leurs actions et non en partie par leurs intentions, ils mériteraient d’être classés et punis comme ces personnes malfaisantes qui font obstruction aux chemins de fer. 

Mais, pour parler concrètement et comme un citoyen, contrairement à ceux qui se disent anarchistes, je demande, non pas d’emblée aucun gouvernement, mais au moins un meilleur gouvernement. Que chacun fasse savoir quel type de gouvernement recueillerait son respect, et ce sera un pas vers son obtention.

Après tout, la raison pratique pour laquelle, lorsque le pouvoir est une fois entre les mains du peuple, une majorité est autorisée, et pendant longtemps, à gouverner, ce n’est pas parce qu’ils sont probablement dans le droit, ni parce que cela semble le plus juste pour la minorité, mais parce qu’ils sont physiquement les plus forts. Mais un gouvernement dont la majorité gouverne dans tous les cas ne peut être fondé sur la justice, même dans la mesure où les hommes le comprennent. Ne peut-il pas y avoir un gouvernement dans lequel les majorités ne décident pas virtuellement du bien et du mal, mais la conscience ? Dans laquelle les majorités décident uniquement de ces questions auxquelles la règle de commodité est applicable ? Le citoyen doit-il jamais seulement, ou à moindre degré, renoncer à sa conscience au profit du législateur ? Pourquoi chaque homme a-t-il une conscience alors ? Je pense que nous devrions être des hommes d’abord et des sujets ensuite. Il n’est pas souhaitable de cultiver un respect de la loi, comme pour le droit. La seule obligation que je dois assumer est de faire à tout moment ce que je pense juste. On a assez dit qu’une société n’a pas de conscience ; mais une société d’hommes consciencieux est une société avec une conscience. La loi n’a jamais rendu les hommes un peu plus justes ; et, au moyen de leur respect pour elle, même les bien-disposés sont quotidiennement les agents de l’injustice. Un résultat commun et naturel d’un respect indu pour la loi est qu’il est possible de voir un défilé de soldats, colonel, capitaine, caporal, combattants, va-t-en-guerre et autres, défilant côte à côte dans un ordre admirable, contre leur volonté, eh oui, contre leur bon sens et leur conscience, ce qui le rend très raide quand il marche, et produit une palpitation du cœur. Ils ne doutent pas que c’est une affaire odieuse dans laquelle ils sont concernés ; ils ont tous une inclination pacifique. Maintenant, que sont-ils ? Des hommes ? Ou des fortins et magasins d’armes mobiles, au service d’un homme sans scrupule au pouvoir ? Visitez l’arsenal de la Navy et observez un marin, un homme tel que le gouvernement américain peut en faire - ou ce qu’il peut faire d’un homme avec son art noir - une simple ombre et une réminiscence de l’humanité, un homme disposé vivant et debout, et déjà, comme on peut dire, enterré sous les armes avec accompagnement funéraire, bien qu’il puisse être,

« Ni note funèbre, ni tambour entendu,
pour son cadavre au rempart dépêché ;
Aucun soldat n’a tiré de salve d’adieu
Sur la tombe où notre héros a été couché. »

La masse des hommes sert donc l’État, non pas principalement en tant qu’hommes, mais en tant que machines, avec leurs corps. Il s’agit de l’armée permanente, de la milice, des geôliers, des gendarmes, posse comitatus, etc. Dans la plupart des cas, il n’y a pas d’exercice libre du jugement ou du sens moral ; mais ils se mettent au même niveau que le bois, la terre et les pierres ; et on pourrait sans doute fabriquer des hommes de bois qui servirait également à cette fin. Cela ne commande pas plus le respect que des hommes de paille ou qu’une motte de terre. Ils ont le même genre de valeur que les chevaux et les chiens. Pourtant, de telles personnes sont généralement considérées comme de bons citoyens. D’autres, tels que la plupart des législateurs, des politiciens, des avocats, des ministres et des fonctionnaires, servent l’État essentiellement avec la tête ; et, comme ils font rarement des distinctions morales, ils sont aussi susceptibles de servir le diable, sans le vouloir, que Dieu. Un très petit nombre, héros, patriotes, martyrs, réformateurs au sens large du terme, et quelques hommes, servent l’État aussi avec leur conscience, et lui résistent nécessairement pour l’essentiel ; ils sont généralement traités comme des ennemis. Un homme sage ne sera utile qu’en tant qu’homme et ne se soumettra pas comme de l’« argile » ou de « bouche-trou pour chasser le vent », mais quittera cette fonction avec sa poussière pour le moins :

« Je suis de trop haute naissance pour être la propriété,
Et sous contrôle une seule seconde,
Ou instrument et serviteur pratique
D’un État souverain à travers le monde. »

Celui qui se donne entièrement à ses semblables leur parait inutile et égoïste ; mais celui qui se donne partiellement à eux est déclaré bienfaiteur et philanthrope.

Comment un homme doit-il se comporter envers le gouvernement américain aujourd’hui ? Je réponds qu’il ne peut pas, sans honte, y être associé. Je ne peux pas un instant reconnaitre cette organisation politique comme mon gouvernement, elle qui est également le gouvernement de l’esclave. 

Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution ; c’est-à-dire le droit de refuser l’allégeance au gouvernement, et de lui résister, lorsque sa tyrannie ou son incompétence sont grandes et insupportables. Mais presque tous disent que tel n’est pas le cas maintenant. Mais tel était le cas, pensent-ils, dans la révolution de 75. Si on me disait que c’était un mauvais gouvernement parce qu’il taxait certains produits étrangers apportés dans ses ports, il est fort probable que je ne devrais pas en parler, car je peux me passer d’eux. Toutes les machines ont leurs frictions ; et peut-être que cela fait assez de bien pour contrebalancer le mal. Quoi qu’il en soit, c’est un grand mal de s’en émouvoir. Mais lorsque la friction viendra à avoir son moteur, que l’oppression et le vol seront organisés, je dirai, ne possédons plus une telle machine. En d’autres termes, lorsqu’un sixième de la population d’un pays, qui s’est engagé à être le refuge de la liberté, sont des esclaves et qu’un pays entier est injustement envahi et conquis par une armée étrangère et soumis à la loi militaire, je pense qu’il n’est pas trop tôt pour que les honnêtes hommes se rebellent et fassent la révolution. Ce qui rend ce devoir d’autant plus urgent, c’est que le pays ainsi envahi n’est pas le nôtre, mais c’est le nôtre qui est l’armée d’invasion. 

Paley, une autorité commune sur de nombreuses questions morales, dans son chapitre sur le « Devoir de Soumission au Gouvernement Civil » résout toute obligation civile avec opportunisme ; et il continue en disant que « tant que l’intérêt de la société tout entière l’exige, c’est-à-dire que tant qu’on ne peut résister au gouvernement établi ou le changer sans inconvénient public, c’est la volonté de Dieu... que le gouvernement établi doit être obéi, et non plus… Ce principe une fois admis, la justice de chaque cas particulier de résistance est réduite à un calcul de la quantité du danger et du grief d’un côté, ainsi que de la probabilité et du cout de le réparer de l’autre. » De ceci, dit-il, chaque homme jugera par lui-même. Mais Paley semble n’avoir jamais envisagé les cas auxquels la règle de l’opportunité ne s’applique pas, dans lesquels un peuple, tout comme un individu, doit rendre justice, quoi qu’il en coute. Si j’ai injustement arraché une planche à un homme qui se noie, je dois la lui rendre, même si je dois me noyer. Cela, selon Paley, serait gênant. Mais celui qui voudrait sauver sa vie, dans un tel cas, la perdra. Ce peuple doit cesser de soumettre des esclaves et de faire la guerre au Mexique, même si cela leur coute d’exister en tant que peuple. 

Dans leur pratique, les nations sont d’accord avec Paley ; mais est-ce que quelqu’un pense que le Massachusetts fait exactement ce qui est juste dans la crise actuelle ?

« Une créature terne,
une pute vêtue d’argent,
le cul emmitouflé,
et l’âme dans la boue. »

Dans la pratique, les opposants à une réforme dans le Massachusetts ne sont pas cent-mille hommes politiques du Sud, mais cent-mille commerçants et agriculteurs d’ici, qui s’intéressent davantage au commerce et à l’agriculture qu’à l’humanité et ne sont pas disposés à faire justice à l’esclave et au Mexique, quoi qu’il en coute. Je ne me querelle pas avec des ennemis lointains, mais avec ceux qui, près de chez moi, coopèrent avec ceux qui sont loin, et font leur jeu, et s’en tiennent à ceux-ci, sans qui ces derniers seraient inoffensifs. Nous avons l’habitude de dire que la masse des hommes n’est pas préparée ; mais l’amélioration est lente, car la minorité n’est pas matériellement plus sage ou meilleure que la majorité. Il est peu important que beaucoup soient aussi bons que vous, pourvu qu’il y ait une bonté absolue quelque part ; car cela fera lever toute la masse. Des milliers de personnes sont opposées à l’esclavage et à la guerre, qui ne font pourtant rien pour y mettre fin ; qui, s’estimant eux-mêmes enfants de Washington et de Franklin, s’assoient les mains dans les poches, et disent qu’ils ne savent pas quoi faire, et ne font rien ; qui même, renvoient la question de la liberté après la question du libre-échange, et lisent tranquillement les cours de la Bourse et les derniers articles du Mexique, après le diner, et, éventuellement, s’endorment sur les deux. Quel est le cours actuel d’un honnête homme et d’un patriote ? Ils hésitent et ils regrettent, et parfois ils font des pétitions ; mais ils ne font rien sérieusement et avec effet. Ils attendront, bien disposés, que les autres remédient au mal, pour qu’ils n’aient plus à le regretter. Tout au plus, ils n’abandonnent qu’un vote bon marché, un faible encouragement et un bon voyage, à la Justice, quand elle passera. Il y a neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf défenseurs de la vertu pour un homme vertueux. Mais il est plus facile de s’occuper du véritable possesseur d’une chose que de son gardien temporaire. 

Tout vote est une sorte de jeu, comme les dames ou le backgammon, avec une légère nuance morale, un jeu du vrai et du faux, avec des questions morales ; et les paris l’accompagnent naturellement. Le caractère des électeurs n’est pas en jeu. Je vote, peut-être, comme je pense, avec droiture ; mais je ne suis pas absolument préoccupé de faire prévaloir ce droit. Je suis prêt à laisser cela à la majorité. Son devoir ne dépasse donc jamais celle de la convenance. Même voter pour la justice ne change rien. Ça ne revient qu’à exprimer  faiblement vos désirs qu’elle l’emporte. Un homme sage ne laissera pas le droit à la merci du hasard, et ne voudra pas que la majorité l’emporte. Il y a peu de vertu dans l’action d’une foule d’hommes. Quand la majorité votera enfin en faveur de l’abolition de l’esclavage, ce sera parce qu’elle est indifférente à l’esclavage ou qu’il ne reste que peu d’esclavage à abolir par son vote. Ils seront alors les seuls esclaves. Seul peut accélérer l’abolition de l’esclavage le vote de celui qui affirme sa propre liberté par ce vote.

J’entends parler d’une convention devant se tenir à Baltimore, ou ailleurs, pour la sélection d’un candidat à la présidence composé principalement de rédacteurs en chef et de politiciens de profession ; mais je me demande, quelle décision peut prendre un homme indépendant, intelligent et respectable ? Ne pouvons-nous pas avoir l’avantage de cette sagesse et de cette honnêteté, néanmoins ? Ne pouvons-nous pas compter sur des votes indépendants ? N’y a-t-il pas beaucoup de personnes dans le pays qui n’assistent pas aux conventions ? Mais non : je trouve que l’homme respectable, ainsi nommé, s’est immédiatement écarté de sa position et désespère de son pays alors que son pays a plus de raisons de désespérer de lui. Il choisit immédiatement l’un des candidats ainsi sélectionnés comme le seul disponible, prouvant ainsi qu’il est lui-même utilisable pour les besoins du démagogue. Son vote n’a pas plus de valeur que celui de tout mercenaire sans scrupule ou larbin, qui aurait pu être acheté. Ou est l’homme honnête, celui, comme dit mon voisin, qu’on ne peut manœuvrer comme une lopette ! Nos statistiques sont en cause : le recensement a été falsifié. Combien d’hommes y a-t-il sur un millier de kilomètres carrés dans le pays ? À peine un. L’Amérique n’encourage-t-elle pas les hommes à s’installer ici ? L’Américain est devenu un type bizarre - un qui peut être connu grâce au développement de son organe de grégarité, et à un manque manifeste d’intelligence et de joyeuse autonomie ; dont la première et principale préoccupation lors de son entrée dans le monde est de veiller à ce que les maisons de retraite soient en bon état ; et, encore plus tôt, il a légalement revêtu l’habit viril, pour collecter des fonds au soutien des veuves et des orphelins éventuels ; qui, en somme, ne vit que grâce à l’aide de la compagnie d’assurance mutuelle, qui a promis de l’enterrer convenablement. 

Il n’est naturellement pas du devoir de l’homme de se consacrer à l’éradication de tout, même de la plus grande injustice ; il peut encore avoir d’autres soucis en tête; mais il est au moins de son devoir de ne pas s’en laver les mains et, s’il n’y pense plus, de ne pas lui accorder pratiquement son soutien. Si je me consacre à d’autres activités et à d’autres méditations, je dois d’abord au moins m’assurer que je ne les poursuis pas assis sur les épaules d’un autre homme. Je dois d’abord le quitter, afin qu’il puisse poursuivre ses propres méditations. Voyez quelle incohérence flagrante est tolérée. J’ai entendu certains de mes concitoyens dire : « Je voudrais bien voir qu’ils m’ordonnent de réprimer l’insurrection des esclaves, ou de marcher sur Mexico, pas question d’obéir » ; et pourtant ces mêmes hommes ont chacun, directement par leur allégeance, et donc au moins indirectement, par leur argent, fourni un suppléant. Le soldat qui refuse de servir dans une guerre injuste est applaudi par ceux qui ne refusent pas de soutenir le gouvernement injuste qui fait la guerre ; est applaudi par ceux dont il ignore l’acte et l’autorité et le réduit à néant ; comme si l’État était pénitent et avait embauché quelqu’un pour le fouetter pendant qu’il péchait, mais pas au point de cesser de pécher un seul instant. Ainsi, sous le nom d’Ordre et de gouvernement Civil, nous sommes enfin amenés à rendre hommage à notre propre mesquinerie et à la soutenir. Après avoir rougi du péché vient l’indifférence ; et d’immoral, il devient, pour ainsi dire, amoral, et pas tout à fait inutile dans cette vie que nous vivons.

L’erreur la plus large et la plus répandue nécessite la vertu la plus désintéressée pour la supporter. Le léger reproche auquel la vertu du patriotisme est communément mise en cause, est le plus susceptible d’être encouru par le noble. Ceux qui, tout en désapprouvant le caractère et les mesures d’un gouvernement, lui cèdent leur allégeance et leur soutien, en sont sans aucun doute les supporteurs les plus consciencieux, et fréquemment les plus sérieux obstacles à réformer. Certains demandent à l’État de dissoudre l’Union, pour négliger les réquisitions du président. Pourquoi ne le dissolvent-ils pas eux-mêmes - l’union entre eux et l’État - et ne refusent-ils pas de verser leur quotepart au trésor ? Ne sont-ils pas dans la même relation avec l’État que l’État avec l’Union ? Et les mêmes raisons n’ont-elles pas empêché l’État de résister à l’Union qui les a empêchées de résister à l’État ? 

Comment un homme peut-il se contenter de méditer une opinion et de l’apprécier ? Y a-t-il du plaisir en cela, si son opinion est qu’il est lésé ? Si votre voisin vous gruge d’un dollar, vous ne vous contentez pas de savoir que vous êtes grugé, ou de dire que vous êtes grugé, ni même de lui demander de vous rembourser votre dû ; mais vous prenez des mesures effectives immédiatement pour obtenir le montant total et veillez à ce que vous ne soyez plus jamais floué. L’action par principe, la perception et l’exécution du droit, modifient les choses et les relations ; c’est par essence révolutionnaire, et n’a aucun rapport avec ce qui était. Il divise non seulement les États et les églises, il divise les familles ; oui, il divise l’individu, séparant le diabolique en lui du divin. 

Des lois injustes existent : devons-nous être heureux de leur obéir, ou chercherons-nous à les modifier et à leur obéir jusqu’à ce que nous ayons réussi, ou devons-nous les transgresser immédiatement ? Les hommes, généralement, sous un gouvernement tel que celui-ci, pensent qu’ils devraient attendre jusqu’à ce qu’ils aient persuadé la majorité de les modifier. Ils pensent que, s’ils devaient résister, le remède serait pire que le mal. Mais c’est la faute du gouvernement lui-même si le remède est pire que le mal. C’est encore pire. Pourquoi n’est-il pas plus apte à anticiper et à prévoir des réformes ? Pourquoi ne chérit-il pas la sagesse de sa minorité ? Pourquoi pleure-t-il et résiste-t-il avant même d’être blessé ? Pourquoi n’encourage-t-il pas ses citoyens à chercher ses erreurs, et le pousser à s’améliorer ? Pourquoi crucifie-t-il toujours le Christ, et excommunie-t-il Copernic et Luther, et déclare-t-il Washington et Franklin rebelles ? 

On pourrait penser qu’un déni délibéré et concret de son autorité était la seule infraction jamais envisagée par le gouvernement ; sinon, pourquoi n’a-t-il pas fixé une peine définitive, appropriée et proportionnée ? Si un homme qui n’a pas de biens refuse une fois de gagner neuf shillings pour l’État, il est mis en prison pour une durée illimitée selon toute loi que je connais, et déterminée uniquement à la discrétion de ceux qui l’y ont mis ; mais s’il volait quatre-vingt-dix fois neuf shillings à l’État, il serait rapidement remis en liberté. 

Si l’injustice fait partie du frottement nécessaire à l’appareil gouvernemental, qu’il aille, qu’il aille : peut-être qu’il s’usera en douceur - il est certain que l’appareil va s’user. Si l’injustice a un ressort, une poulie, une corde, ou une manivelle, adaptée à elle-même, alors vous pouvez peut-être vous demander si le remède ne sera pas pire que le mal ; mais s’il est d’une nature telle qu’il vous oblige à être l’agent de l’injustice envers un autre, alors je dis, enfreignez la loi. Faites de votre vie un contre-frottement pour arrêter la machine. Ce que je dois faire est de m’assurer, en tout cas, que je ne me prête pas au tort que je condamne. 

En ce qui concerne l’adoption des moyens que l’État a prévus pour remédier au mal, je n’ai pas la connaissance que de tels moyens existent. Ils prennent trop de temps et la durée de vie d’un homme n’y suffit pas. J’ai d’autres affaires à gérer. Je ne suis pas venu dans ce monde pour en faire un bon endroit pour vivre, mais pour y vivre qu’il soit bon ou mauvais. Un homme n’a pas tout à faire, mais quelque chose ; et ce n’est pas parce qu’il ne peut pas tout faire, qu’il doit nécessairement faire quelque chose de mal. Ce n’est pas à moi de lancer des pétitions au gouverneur ou au législateurs, pas plus qu’il ne leur appartient de me pétitionner ; et s’ils ne devaient pas entendre ma pétition, que devrais-je faire alors ? Mais pour ce cas l’État n’a fourni aucun moyen : le mal est dans la Constitution. Cela peut sembler dur, borné et intolérant; mais c’est traiter avec la plus grande gentillesse et la plus grande considération le seul esprit qui peut l’apprécier ou le mériter. Il en est ainsi de tout changement pour obtenir le meilleur, comme la naissance et la mort, qui convulsent le corps. 

Je n’hésite pas à dire que ceux qui s’appellent eux-mêmes Abolitionnistes devraient immédiatement retirer leur soutien, à la fois en personne et en propriété, au gouvernement du Massachusetts, et ne pas attendre qu’ils constituent une majorité d’une voix, avant de bénéficier du droit de triompher à travers eux. Je pense qu’il suffit d’avoir Dieu à ses côtés, sans attendre un autre. De plus, tout homme plus juste que ses voisins constitue déjà une majorité d’un. 

Je rencontre ce gouvernement américain, ou son représentant, le gouvernement de l’État, directement et face à face, une fois par an - pas plus - en la personne de son percepteur ; c’est le seul mode par lequel un homme dans ma situation le rencontre nécessairement ; et alors il dit distinctement : reconnais-moi ; et le plus simple, le plus efficace et, dans la situation actuelle des affaires, le moyen le plus indispensable de traiter avec lui de la question, d’exprimer votre peu de satisfaction et d’amour pour lui, est de le désapprouver aussitôt. Mon aimable voisin, le collecteur d’impôts, est l’homme même avec lequel j’ai affaire - car ce sont des hommes, pas des parchemins, avec qui je me querelle - et il a volontairement choisi d’être un agent du gouvernement. Comment saura-t-il jamais ce qu’il est et fait en tant qu’officier du gouvernement ou en tant qu’homme, jusqu’à ce qu’il soit obligé de se demander s’il doit me traiter moi, son voisin, pour qui il a du respect, soit en tant que voisin et homme bien disposé soit comme maniaque et perturbateur de la paix, et voir s’il peut surmonter cet obstacle de voisinage sans une pensée ou un discours plus grossier et plus impétueux équivalent à son action. Je pari que, si mille, si cent, si dix hommes que je pourrais nommer - si seulement dix honnêtes hommes, oui, si un honnête homme, dans cet État du Massachusetts, cessant d’avoir des esclaves, devait se retirer de ce partenariat, et être enfermé dans la prison du comté à cet effet, ce serait l’abolition de l’esclavage en Amérique. Car peu importe à quel point le début peut paraitre insignifiant : ce qui est bien fait une fois l’est pour toujours. Mais nous préférons en parler : bavarder est notre mission. La réforme conserve de nombreux journaux à son service, mais pas un seul homme.  Si mon estimé voisin, l’ambassadeur de l’État, qui consacre ses journées au règlement de la question des droits de l’homme à la chambre du Conseil, au lieu d’être menacé des prisons de Caroline, devait accepter la prison du Massachusetts, cet État si soucieux d’imputer le péché d’esclavage à sa sœur - bien qu’elle puisse à présent ne lui reprocher qu’un acte d’inhospitalité comme motif de querelle - le législateur n’abandonnerait pas totalement le sujet l’hiver suivant. 

Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la vraie place pour un homme juste est aussi la prison. Aujourd’hui, le seul endroit que le Massachusetts a prévu pour ses esprits les plus libres et les moins déprimés est dans ses prisons, pour être mis à la porte de l’État par leur action, comme ils se sont mis dehors eux-mêmes par leurs principes. C’est là que l’esclave en fuite, le prisonnier mexicain en liberté conditionnelle et l’Indien venus plaider les torts faits à son peuple devraient les retrouver ; dans cet endroit isolé, mais plus libre et honorable, où l’État place ceux qui ne sont pas avec elle, mais contre elle, la seule maison d’un État esclavagiste dans laquelle un homme libre peut vivre avec honneur. Si certains pensent que leur influence serait perdue là-bas, et que leurs voix n’affligeaient plus l’oreille de l’État, qu’ils ne seraient pas comme un ennemi entre ses murs, ils ne savent pas en quoi la vérité est plus forte que l’erreur, ni comment  peut lutter contre l’injustice avec beaucoup plus d’efficacité et d’éloquence celui qui a un peu expérimenté dans sa personne. Exprimez tout votre vote, pas simplement un bout de papier, mais toute votre influence. Une minorité est impuissante quand elle se conforme à la majorité ; ce n’est alors même pas une minorité ; mais elle est irrésistible quand elle entrave de tout son poids. Si l’alternative est de garder tous les hommes justes en prison, ou d’abandonner la guerre et l’esclavage, l’État n’hésitera pas à choisir. Si un millier d’hommes ne devaient pas payer leurs impôts cette année, ce ne serait pas une mesure violente et sanglante, mais par contre ça le serait de les payer en permettant à l’État de commettre des actes de violence et de verser du sang innocent. C’est en fait la définition d’une révolution pacifique, si une telle révolution est possible. Si le percepteur, ou tout autre fonctionnaire, me demandent, comme on me l’a demandé, « Mais que dois-je faire ? » Ma réponse est : « Si vous voulez vraiment faire quelque chose, démissionnez. » Lorsque le sujet a refusé l’allégeance et que le fonctionnaire a démissionné de son poste, la révolution est accomplie. Mais même supposons que le sang coule à flots. N’y a-t-il pas une sorte de sang versé lorsque la conscience est blessée ? À travers cette blessure, le véritable courage et l’immortalité d’un homme s’écoulent, et il saigne jusqu’à la mort éternelle. Je vois ce sang couler maintenant.

J’ai envisagé l’emprisonnement du contrevenant, plutôt que la saisie de ses biens - bien que les deux servent le même but - parce que ceux qui revendiquent le droit légitime et qui, par conséquent, sont les plus dangereux pour un État corrompu, n’ont généralement pas passé beaucoup de temps à accumuler des biens. L’État leur rend un service relativement modeste, et un impôt léger a tendance à leur paraitre exorbitant, en particulier s’ils sont obligés de le gagner de leur main. S’il y en avait un qui vivait entièrement sans argent, l’État lui-même hésiterait à le lui demander. Mais le riche – pour ne pas faire une comparaison fallacieuse - est toujours vendu à l’institution qui le rend riche. Pour le dire dans l’absolu : le plus d’argent, le moins de vertu ; car l’argent s’interpose entre un homme et ses biens et les lui procure ; il ne fallait certainement pas une grande vertu pour les obtenir. Cela élimine de nombreuses questions auxquelles il faudrait répondre ; alors que la seule nouvelle question qu’elle pose est la question difficile, mais superflue, comment le dépenser. Ainsi, son fondement moral est foulé aux pieds. Les chances de bien vivre sont diminuées d’autant que ce que l’on appelle les « moyens » sont augmentés. La meilleure chose qu’un homme puisse faire pour sa culture quand il est riche est de s’efforcer de mettre en œuvre les projets qu’il entretenait quand il était pauvre. Christ a répondu aux Hérodiens selon leur condition. « Montrez-moi l’argent de votre tribut », dit-il - et l’un a pris un centime de sa poche - si vous utilisez de l’argent a l’image de César, auquel il a donné sa valeur actuelle, c’est-à-dire, si vous êtes des personnes de l’État qui profitent volontiers des avantages du gouvernement de César, alors rendez-lui une partie des siens lorsqu’il le demande. « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », ne les laissant pas plus sages qu’avant pour faire la différence; car ils ne voulaient pas savoir.

Lorsque je discute avec les plus ouverts de mes voisins, je me rends compte que, quoi qu’ils puissent dire de l’ampleur et du sérieux de la question, et de leur attachement à la tranquillité publique, il s’ensuit qu’ils ne peuvent se passer de la protection du gouvernement en place, et ils redoutent les conséquences de la désobéissance civile sur leurs biens et leurs familles. Pour ma part, je ne voudrais pas penser que je compte toujours sur la protection de l’État. Mais si je dénie l’autorité de l’État lorsqu’il me présente sa feuille d’impôt, il prendra et dilapidera rapidement tous mes biens et me harcèlera sans fin, moi et mes enfants. C’est difficile. Il est impossible à un homme de vivre honnêtement et en même temps confortablement, sur le plan matériel. Il ne sert à rien d’accumuler des biens, si on doit encore recommencer. Vous devez louer ou squatter quelque part, ne récolter que le nécessaire et le manger aussitôt. Vous devez vivre en autarcie et ne compter que sur vous, toujours disponible et prêt à repartir, et peu de bagages. Un homme peut s’enrichir en Turquie même s’il est à tout point de vue un bon sujet du gouvernement turc. Confucius a dit : « Si un État est régi par les principes de la raison, pauvreté et misère sont des sujets de honte. Si un État n’est pas régi par les principes de la raison, richesse et honneurs sont des sujets de honte. » Non : tant que je ne souhaite pas bénéficier de la protection du Massachusetts dans un port éloigné du sud du pays, où ma liberté est menacée, ou tant que je ne me consacre pas uniquement à m’occuper de mes affaires chez moi par une entreprise pacifique, je peux me permettre de refuser allégeance au Massachusetts, et son droit à ma propriété et à ma vie. Il m’en coute moins dans tous les cas d’encourir une pénalité pour désobéissance à l’État qu’il ne m’en couterait de lui obéir. Je m’abaisserais dans ce cas. 

Il y a quelques années, l’État est venu me chercher au nom de l’Église et m’a ordonné de verser une certaine somme pour le soutien d’un pasteur auquel mon père assistait à la prédication, mais jamais moi-même. « Payez, » dit-il, « ou vous serez emprisonné. » J’ai refusé de payer. Mais, malheureusement, un autre homme a jugé bon de payer pour moi. Je ne vois pas pourquoi le maitre d’école devrait être taxé pour subvenir aux besoins du prêtre et non le prêtre pour le maitre d’école; car je n’étais pas maitre d’école de l’État, mais je vivais par souscription volontaire. Je ne voyais pas pourquoi le lycée ne devrait pas présenter sa feuille d’impôt, et avoir l’État pour soutenir sa demande, comme le fait l’Église. Cependant, à la demande de l’élu local, j’ai daigné faire une déclaration comme la suivante par écrit : « Veuillez messieurs prendre acte par cette présente, que moi, Henry Thoreau, je ne souhaite pas être considéré comme membre d’une société que je n’ai jamais rejointe. » Ce que j’ai donné au greffier de la ville ; et il en a pris acte. L’État, ayant ainsi appris que je ne souhaitais pas être considéré comme membre de cette église, ne m’a jamais refait la même demande ; tout en affirmant qu’il se devait de respecter sa présomption initiale avant cela. Si j’avais su comment les nommer, j’aurais alors dénoncé en détail les contrats avec toutes les sociétés auxquelles je n’avais jamais adhéré ; mais je ne savais pas où trouver une liste complète. 

Je n’ai payé aucune capitation depuis six ans. J’ai été jeté en prison une fois à ce titre, pour une nuit; et, alors que je me tenais debout face à des murs de pierre solide de deux ou trois pieds d’épaisseur, à une porte de bois et de fer de un pied d’épaisseur, et au grillage de fer qui atténuait la lumière, je ne pus m’empêcher d’être frappée par la folie de cette institution, qui me traitait comme si je n’étais que chair, sang et os, bon à être enfermé. Je me suis demandé s’ils en avaient conclu que c’était le meilleur usage possible qu’il pouvait faire de moi, et qu’ils n’avaient jamais pensé à faire appel à mes services d’une autre manière. J’ai vu que s’il y avait un mur de pierre entre moi et mes concitoyens, ils en avaient un encore plus difficile à gravir ou à traverser avant de pouvoir être aussi libre que moi. Je ne me suis pas senti un instant confiné, et les murs semblaient un gaspillage de pierre et de mortier. Je me sentais comme si moi seul de tous mes concitoyens avait payé l’impôt. Manifestement, ils ne savaient pas comment me traiter, mais se comportaient comme des rustres. Dans chaque menace et dans chaque compliment, ils se trompaient ; car ils pensaient que mon désir le plus cher était de me tenir de l’autre côté de ce mur de pierre. Je ne pouvais que sourire de voir avec quel acharnement ils voulaient bloquer mes méditations, qui les suivaient sans encombre, ni obstacle, et pourtant c’est d’elles que venaient réellement le danger. Comme ils ne pouvaient m’atteindre, ils avaient résolu de punir mon corps ; comme des gamins, s’ils ne peuvent pas s’en prendre à quelqu’un contre qui ils ont un grief, ils s’en prennent à son chien. J’ai vu que l’État était simplet, qu’il était timide comme une femme seule avec ses cuillères en argent, et qu’il ne reconnaissait pas ses amis de ses ennemis, et j’ai perdu tout le respect que j’avais pour lui et le plaignais.

Ainsi, l’État ne se confronte jamais intentionnellement au sens intellectuel ou moral d’un homme, mais uniquement à son corps et ses sens. Il n’est pas armé d’un esprit ou d’une honnêteté supérieure, mais d’une force physique supérieure. Je ne suis pas né pour être contraint. Je veux respirer à ma façon. Voyons qui est le plus fort. Quelle force a une multitude ? Ne peuvent me contraindre que ceux qui ont une loi plus élevée que la mienne. Ceux-là me forcent à devenir comme eux. Je n’ai jamais entendu dire que des hommes puissent être forcés de vivre de telle ou telle façon par des masses d’hommes. À quoi sert de vivre ainsi ? Quand je rencontre un gouvernement qui me dit : « La bourse ou la vie », pourquoi devrais-je me hâter de la donner ? Il se peut qu’il soit dans un grand désarroi et qu’il ne sache pas quoi faire : je ne peux l’aider. Il doit s’aider lui-même ; qu’il fasse comme moi. Il n’est pas nécessaire de pleurnicher pour ça. Je ne suis pas responsable du bon fonctionnement de l’appareil social. Je ne suis pas le fils de l’ingénieur. Je vois que, quand un gland et une châtaigne tombent côte à côte, l’un ne reste pas inerte pour laisser la place à l’autre, mais tous deux obéissent à leurs propres lois, et jaillissent, poussent et fleurissent du mieux qu’ils peuvent, jusqu’à ce que l’un, par hasard, éclipse et détruit l’autre. Si une plante ne peut pas vivre selon la nature, elle meurt ; c’est pareil pour l’homme.

La nuit en prison était une nouveauté pour moi et plutôt intéressante. Les prisonniers en bras de chemise profitaient de l’air du soir en conversant dans l’embrasure de la porte lorsque j’arrivais. Mais le geôlier dit : « Allez, les gars, il est temps de rentrer » ; ils se dispersèrent et j’entendis le son de leurs pas s’éloigner vers leurs cavernes. Le geôlier m’a présenté mon compagnon de cellule comme étant « un excellent homme et intelligent ». Quand la porte fut fermée, il me montra où accrocher mon chapeau et comment se gérait les affaires ici. Les chambres étaient blanchies à la chaux une fois par mois ; et celle-ci, pour le moins, était l’appartement le plus blanc, le plus simplement meublé et probablement le plus élégant de la ville. Il voulut naturellement savoir d’où je venais et ce qui m’avait amené là ; et, une fois que je le lui eus dit, je lui demandais à mon tour comment lui-même y était parvenu, en présumant bien entendu qu’il était un honnête homme ; et à la manière dont le monde va, je crois qu’il en était un. « Pourquoi », dit-il, « ils m’accusent d’avoir brulé une grange ; mais je ne l’ai jamais fait. » D’après ce que j’ai pu découvrir, il était probablement allé se coucher dans une grange alors qu’il était ivre et y avait fumé sa pipe ; et c’est ainsi qu’une grange a brulé. Il avait la réputation d’être un homme intelligent, attendait son procès depuis trois mois environ, et devrait attendre encore plus longtemps ; mais il était tout à fait apprivoisé et content de son sort, car il avait sa pension gratuite et trouvait qu’il était bien traité. 

Il occupait une fenêtre et moi l’autre ; et j’ai vu que si on était là pour longtemps, l’activité principale était de regarder par la fenêtre. J’avais bientôt lu tous les magazines que j’ai pu trouver, et examiné par où d’anciens prisonniers s’étaient échappés, et où une grille avait été sciée, et entendu l’histoire des différents occupants de cette pièce ; car j’ai trouvé que même ici il y avait des histoires et des commérages qui ne circulaient jamais au-delà des murs de la prison. C’est probablement le seul foyer de la ville où sont composés des vers, qui sont ensuite imprimés pour le cercle, mais non publiés. On m’a montré une assez longue liste de jeunes hommes qui avaient été découverts lors d’une tentative d’évasion, qui se sont vengés en les chantant.

J’essorais mon codétenu aussi sec que possible, de peur de ne plus jamais le revoir ; enfin il m’a montré mon lit et m’a laissé éteindre la lampe. 

Rester là une nuit, c’était comme de voyager en pays lointain, comme je ne m’étais jamais attendu à le voir. Il me semblait que je n’avais jamais entendu la sonnerie de l’horloge de la ville auparavant, ni les bruits nocturnes ; car nous dormions avec les fenêtres ouvertes, qui étaient à l’intérieur du grillage. Je voyais mon village natal comme à la lumière du Moyen Âge, et notre Concorde a été transformée en Rhin, puis des visions de chevaliers et de châteaux forts ont défilé devant moi. Il y avait les voix des « burghers » que j’entendais dans les rues. J’étais un spectateur et un auditeur involontaires de tout ce qui était fait et dit dans la cuisine de l’auberge du village voisin ; une expérience tout à fait nouvelle et rare pour moi. C’était une vue rapprochée de ma ville natale. J’étais clairement  à l’intérieur. Je n’avais jamais vu ses établissements auparavant. Cette prison est l’une de ses institutions particulières, car c’est une capitale de Comté. J’ai commencé à comprendre à quoi ressemblaient ses habitants. 

Le matin, nos petits-déjeuners étaient passés à travers une ouverture dans la porte, dans de petites casseroles de forme rectangulaire et oblongue, faites sur mesure, et contenant une pinte de chocolat, avec du pain brun, et une cuillère en fer. Quand ils ont rappelé les gamelles, j’étais suffisamment candide pour rendre le pain qui me restait, mais mon camarade l’a rattrapé et m’a dit que je devrais le conserver pour le déjeuner ou le diner. Peu de temps après, il fut autorisé à travailler dans un champ voisin où il se rendait tous les jours et ne reviendrait pas avant midi ; alors il m’a salué, disant qu’il doutait de me revoir. 

Lorsque je suis sorti de prison, car quelqu’un est intervenu en payant cet impôt, je ne me suis pas rendu compte que de grands changements s’étaient produits dans la communauté, comme a pu l’observer celui qui partit jeune reviens homme grisonnant ; et pourtant, un changement est apparu à mes yeux sur la scène, la ville, l’État et le pays, plus grand que ce que seul le temps pouvait faire. J’ai vu encore plus distinctement l’État dans lequel je vivais. J’ai vu à quel point faire confiance aux personnes parmi lesquelles je vivais en tant que bons voisin et ami ; que leur amitié n’était que pour la bonne saison ; qu’ils ne proposaient pas beaucoup de bien faire ; qu’ils étaient une race distincte de moi par leurs préjugés et leurs superstitions, comme le sont les Chinois et les Malais ; que dans leurs sacrifices à l’humanité, ils ne couraient aucun risque, pas même pour leurs biens ; qu’après tout, ils n’étaient pas si nobles, mais ils traitaient le voleur comme il les avait traités, et espéraient, par une certaine observance extérieure et quelques prières, et en empruntant de temps en temps un chemin bien particulier, quoiqu’inutiles, pour sauver leurs âmes. C’est peut-être juger mes voisins sévèrement ; car je crois que beaucoup d’entre eux ne savent pas que la prison est une institution de leur village. 

C’était autrefois la coutume dans notre bourg, quand un pauvre débiteur sort de prison, que ses connaissances le saluent, regardant à travers leurs doigts croisés pour représenter la fenêtre de la prison, « Comment allez-vous ? » Mes voisins ne m’ont donc pas salué, mais ils m’ont d’abord dévisagé, puis se regardèrent l’un l’autre, comme si j’étais revenu d’un long voyage. J’ai été jeté en prison alors que j’allais chez le cordonnier chercher une chaussure en réparation. Quand je fus sorti le lendemain matin, je finis ma course et, après avoir mis mon soulier réparé, rejoignis un groupe de cueilleur d’airelles qui étaient impatients de se mettre sous ma direction ; et en une demi-heure, le cheval ayant été rapidement harnaché, nous nous trouvions au milieu d’un champ d’airelles, sur l’une de nos plus hautes collines, à deux milles de distance, et d’ici l’État était invisible. 

Voilà toute l’histoire de « Mes prisons ». 

Je n’ai jamais refusé de payer la taxe de circulation, parce que je souhaite être autant un bon voisin qu’un mauvais sujet ; et en ce qui concerne le soutien aux écoles, je fais maintenant ma part pour éduquer mes compatriotes. Ce n’est pour aucun élément des impôts que je refuse de le payer. Je souhaite simplement refuser l’allégeance à l’État, me retirer et rester à l’écart de celui-ci. Je ne me soucie pas de suivre à la trace le chemin de mon dollar, si cela était possible, jusqu’à ce qu’il achète un homme ou un mousquet pour en tuer un - le dollar est innocent – mais je suis soucieux de connaitre les effets de mon allégeance. En fait, je déclare tranquillement la guerre à l’État, à ma façon, même si je continue d’en tirer parti et tous les avantages, comme il est habituel dans de tels cas.

Si d’autres paient l’impôt que l’on me réclame, par sympathie pour l’État, ils ne font que ce qu’ils ont déjà fait pour leur propre cas, ou même en vérité ils encouragent l’injustice dans une plus grande mesure que ce que l’État exige. S’ils paient l’impôt de la personne taxée, pour une raison injustifiée, pour sauver sa propriété ou pour l’empêcher d’aller en prison, c’est parce qu’ils n’ont pas réfléchi sagement à quel point ils ont laissé leurs sentiments personnels interférer avec le bien public. 
Voilà donc ma position actuelle. Mais on n’est jamais trop sur ses gardes dans un tel cas, de peur que ses actes ne soient entachés d’obstination ou de respect indu pour l’opinion des hommes. Laissez-lui voir qu’il ne fait que ce qui lui appartient et en temps. 

Je pense que parfois, pourquoi, ce peuple est bien intentionné, ils ne sont qu’ignorants; ils feraient mieux s’ils savaient comment : pourquoi donner à vos voisins la peine de vous traiter comme ils n’ont pas envie de le faire ? Mais je le répète, il n’y a pas de raison de faire comme eux, ou de permettre à d’autres de souffrir d’une douleur bien plus grande d’un tout autre genre. De nouveau, je me répète parfois, quand des millions d’hommes, sans passion, sans mauvaise volonté, sans sentiments personnels d’aucune sorte, ne réclament que quelques shillings, sans possibilité, telle est leur loi, de désavouer ou modifier leurs exigences actuelles, et sans la possibilité, de votre côté, de faire appel à des millions d’autres personnes, pourquoi vous exposer à cette force brute écrasante ? Vous ne résistez pas au froid et à la faim, aux vents et aux vagues, donc avec obstination ; vous vous soumettez à mille nécessités similaires. Vous ne mettez pas votre tête dans le feu. Mais dans la mesure où je ne considère pas cela comme une force brute, mais en partie une force humaine, et que j’ai des relations avec des millions d’hommes, que ce sont des hommes et non de simples brutes ou choses inanimées, je vois qu’un appel à leur jugement est possible, d’abord et instantanément à leur créateur, et d’autre part à eux-mêmes. Mais si je mets délibérément ma tête dans le feu, il n’y a aucune raison d’en appeler au feu ni au Créateur du feu, je ne peux que m’en prendre à moi-même. Si je pouvais me convaincre que j’ai le droit d’être satisfait des hommes tels qu’ils sont et les traiter en conséquence, et non selon, à certains égards, mes demandes et attentes de ce qu’eux et moi devrions être, alors, comme bon Musulman et fataliste, je m’efforcerais de me satisfaire des choses telles qu’elles sont et de me dire que c’est la volonté de Dieu. Et, par-dessus tout, il y a cette différence entre résister à cela et à une force brute purement naturelle, pour que je puisse y résister avec quelque effet ; mais je ne peux pas espérer, comme Orphée, changer la nature des rochers, des arbres et des bêtes.

Je ne souhaite pas me quereller avec un homme ou une nation. Je ne désire pas couper les cheveux en quatre, faire de subtiles distinctions ou prétendre être meilleur que mes voisins. Je pourrais même dire que je cherche toujours une excuse pour me conformer aux lois du pays. Je suis d’ailleurs trop prêt à m’y conformer. En effet, j’ai raison de me suspecter sur ce plan ; et chaque année, quand le collecteur d’impôt fait sa tournée, je me trouve disposé à passer en revue les actes et la position du gouvernement général et du gouvernement de l’État, ainsi que l’esprit du peuple, à la recherche d’un prétexte à m’y conformer.

« Aimons notre pays comme nos parents,
Et si une fois nous négligions
De l’honorer d’amour ou d’industrie,
Respectons les biens et enseignons à l’âme
La règle de conscience et de religion,
Et non le désir de pouvoir ou de gain. »

Je pense que l’État sera bientôt en mesure de retirer de mes mains tout travail de ce genre, et je ne serai alors pas meilleur patriote que mes concitoyens. D’un point de vue inférieur, la Constitution, avec tous ses défauts, est très bonne ; la loi et les tribunaux sont très respectables ; même cet État et ce gouvernement américain sont, à bien des égards, des choses très admirables et rares pour lesquelles nous devons être reconnaissants, comme beaucoup les ont décrites ; vu d’un peu plus haut, et même d’encore plus haut, qui peut dire ce qu’ils sont, ou s’ils méritent d’être regardés ou d’y penser ?

Cependant, le gouvernement ne me concerne pas beaucoup et je lui accorderais le moins de réflexions possible. Je ne vis pas beaucoup de temps sous un gouvernement, même dans ce monde. Si un homme est libre dans sa pensée, sa fantaisie, et son imagination, ce qui n’est jamais longtemps ce qu’il lui semble être, fatalement les dirigeants ou les réformateurs imprudents ne peuvent l’entraver. 

Je sais que la plupart des hommes pensent différemment de moi ; mais ceux dont la vie professionnelle est vouée à l’étude de ces sujets ou de sujets analogues me satisfont aussi peu que possible. Les hommes d’État et les législateurs sont tellement au sein de l’institution qu’ils ne la voient jamais clairement et sans fard. Ils parlent de la société en mouvement, mais n’ont pas de lieu de repos hors d’elle. Ce sont peut-être des hommes d’une certaine expérience et d’une certaine distinction, et ils ont sans aucun doute inventé des systèmes ingénieux et même utiles, pour lesquels nous les remercions sincèrement ; mais tout leur esprit et leur utilité se situent dans des limites restreintes. Ils ont pour habitude d’oublier que le monde n’est pas régi par des politiques opportunistes. Webster ne se tient jamais derrière le gouvernement et ne peut donc en parler avec autorité. Ses paroles sont sagesse pour les législateurs qui n’envisagent aucune réforme essentielle dans le gouvernement en place; mais pour les penseurs et ceux qui légifèrent pour toujours, il est toujours hors sujet. Je connais ceux dont les spéculations sereines et sages sur ce thème révèleraient bientôt les limites de la portée et de l’ouverture de son esprit. Pourtant, comparés aux médiocres capacités de la plupart des réformateurs et à la sagesse encore moindre de la rhétorique des politiciens en général, ses propos sont presque les seuls sensés et précieux, et nous remercions le ciel pour lui. En comparaison, il est toujours fort, original et surtout pratique. Pourtant, sa qualité n’est pas la sagesse, mais la prudence. La vérité de l’avocat n’est pas la vérité, mais la cohérence ou l’opportunisme cohérent. La vérité est toujours en harmonie avec elle-même et ne vise pas principalement à révéler la justice qui peut consister en un acte répréhensible. Il mérite bien d’être appelé, comme il a été appelé, le défenseur de la Constitution. Il n’y a vraiment pas de coups à lui donner, sinon pour le défendre. Il n’est pas un leadeur, mais un disciple. Ses chefs sont les hommes de 87. « Je n’ai jamais pris d’initiative », déclare-t-il, « et je ne propose jamais de prendre d’initiative ; je n’ai jamais accepté d’initiative, et je n’ai jamais l’intention d’encourager une initiative pour perturber l’arrangement tel qu’il a été conclu initialement, par lequel différents États sont entrés dans l’Union. » Pensant toujours à la sanction de la Constitution contre l’esclavage, il déclare : « Puisque cela faisait partie du traité initial il est toujours valable ». Malgré son acuité et sa capacité particulières, il est incapable de soustraire un fait de ses relations purement politiques, et le voit comme s’il devait absolument être éliminé par l’intellect - par exemple, ce qu’il appartient à un homme de faire ici en Amérique de nos jours concernant l’esclavage - nous nous efforçons ou sommes amenés à apporter une réponse aussi désespérée à ce qui suit, tout en prétendant parler d’une manière absolue, et en tant qu’homme privé - quels sont les nouveaux et singuliers devoirs sociaux qui pourraient en être déduits ? « La manière, dit-il, dont les gouvernements des États où l’esclavage existe doivent le règlementer est de leur ressort, sous la responsabilité de leurs électeurs, des lois générales de bienséance, d’humanité et de justice, et celle de Dieu. Les Associations formées ailleurs, nées d’un sentiment d’humanité ou de toute autre cause, n’ont rien à voir avec elle. Elles n’ont jamais reçu aucun encouragement de ma part et ne les auront jamais. » [Ces extraits ont été insérés depuis la lecture de la conférence -HDT] 

Ceux qui ne connaissent aucune source de vérité plus pure, qui n’ont pas suivi son cours plus haut, s’en tiennent, et s’en tiennent sagement, à la Bible et à la Constitution, et la boivent avec respect et humanité ; mais ceux qui voient d’où vient le ruissèlement dans ce lac ou cette mare, ceignent à nouveau leurs reins et poursuivent leur pèlerinage vers la fontaine. 

Aucun homme avec un génie pour la législation n’est apparu en Amérique. Ils sont rares dans l’histoire du monde. Il y a des orateurs, des hommes politiques et des hommes éloquents, par milliers ; mais l’orateur, capable de régler les questions épineuses du jour, n’a pas encore ouvert la bouche pour parler. Nous aimons l’éloquence pour elle-même, et non pour la vérité qu’elle pourrait contenir ou l’héroïsme qu’elle inspirerait. Nos législateurs n’ont pas encore appris la valeur comparative du libre-échange et de la liberté, de l’union et de la rectitude pour une nation. Ils n’ont ni génie ni talent pour des questions relativement modestes en matière de fiscalité et de finance, de commerce et d’industrie et d’agriculture. Si nous étions laissés à la merci des législateurs du Congrès pour nous guider, non corrigés par l’expérience opportune et les réclamations justifiées du peuple, l’Amérique ne tiendrait pas longtemps son rang parmi les nations. Il y a dix-huit-cents ans, bien que je n’aie peut-être pas le droit de le dire, le Nouveau Testament a été écrit ; pourtant, où est le législateur qui a suffisamment de sagesse et de talent pratique pour tirer parti de la lumière qu’il jette sur la science de la législation ? 

L’autorité du gouvernement, tel celui à qui je veux bien me soumettre est toujours illégitime. J’obéirai avec joie à ceux qui savent et peuvent faire mieux que moi, et même à ceux qui ne savent ni ne peuvent faire aussi bien : pour être tout à fait juste, il doit avoir l’approbation et l’autorisation des gouvernés. Il ne peut avoir aucun droit légitime sur ma personne et mes biens, mais ce que je lui concède. Le passage d’une monarchie absolue à une monarchie éclairée, d’une monarchie éclairée à une démocratie, est un progrès vers un véritable respect de l’individu. Même le philosophe chinois a eu la sagesse de considérer l’individu comme la base de l’empire. Une démocratie telle que nous la connaissons constitue-t-elle la dernière amélioration possible au gouvernement ? N’est-il pas possible de faire un pas de plus vers la reconnaissance et l’organisation des droits de l’homme ? Il n’existera jamais d’État vraiment libre et éclairé tant que l’État ne reconnaitra pas l’individu en tant que pouvoir supérieur et indépendant, à partir duquel tout son pouvoir et son autorité sont dérivés, et le traite en conséquence. Je me plais à imaginer enfin un État qui puisse se permettre d’être juste avec tous les hommes et de traiter l’individu avec respect comme un voisin ; qui même ne croirait pas incompatible avec son propre repos si quelques-uns vivaient à l’écart, sans se mêler de ses affaires, ni être opprimés par lui, pourvu qu’ils s’acquittent de tous les devoirs du voisin et du camarade. Un État qui porte ce genre de fruit, et supporte qu’il tombe aussi vite qu’il a muri, préparerait la voie à un État encore plus parfait et plus glorieux, que j’ai également imaginé, mais encore vu nulle part.

Fin du texte de Henry David Thoreau


Remarque personnelle (E. Berlherm) : Le point de vue de Thoreau, et son analyse sont intéressants en tant qu’homme libre, émancipé à sa majorité sociale, mais ne tiennent pas compte du point de départ qui n’est pas celui d’un homme libre d’exister. Notre humanité que beaucoup prétendent supérieure à l’animalité ne doit-elle pas nous faire envisager ce point de départ autrement, afin de résoudre nos problèmes sociaux de la bonne façon ?

Toute personne à qui l’on impose d’exister devrait au moins pouvoir vivre avec un corps sain et un intellect sain, sur une planète saine et non belliqueuse, et d’y mener gratuitement une vie longue et intéressante. Nous devrions tous être traités comme des invités.

Il est plus important de faire cesser le malheur et surtout de ne pas en rajouter, que de ménager les personnes. 

L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister ni d’aucune de nos actions au cours de l’existence.

Fin
E. Berlherm

mercredi 10 octobre 2018

De l’Existence



(de l’univers, de la vie, de l’humanité, de la société, des nations, de l’individu, de la mienne…)


D’abord une petite définition perso : ce qui existe c’est la matière et tout ce qui la compose, donc l’espace et l’activité de… je ne sais pas quoi et je l’appelle « Ça » pour les besoins de ma définition, mais il faut que Ça soit actif, et il faut que Ça soit à la fois relativement instable et relativement stable, et surtout il faut que Ça interagisse. Les scientifiques appellent « Ça » une particule élémentaire, mais cette particule me semble incomplète puisqu’il lui faut de l’espace. D’ailleurs, personne n’a jamais aperçu ni mesuré la moindre particule élémentaire, mais seulement des interactions, la particule n’est qu’une déduction tantôt sous forme ondulatoire tantôt corpusculaire, une théorie. Alors je pense que Ça devrait être l’interaction, y compris ce qui lui permet de passer du présent au présent suivant, ainsi que l’espace (si l’espace existe). Quant au temps je ne le perçois que dans mon intellect humain et dans la société, résultat d’une transmission culturelle, mais je ne vois pas ce que ça peut être au niveau le plus inférieur de la mécanique (quantique ?) Personnellement je ne vis qu’au présent, et c’est toujours le présent, même si j’ai (mal) enregistré le passé (les présents passés) et si j’imagine des futurs possibles (des présents à venir).


Je vois 4 formes d’existence envisageables : premièrement l’existence d’emblée qui est perpétuelle, deuxièmement l’existence induite avec un commencement et probablement une fin, troisièmement l’existence construite automatiquement, et quatrièmement l’existence construite intentionnellement.
  1. L’univers est TOUT par définition. (Est-il fini ou infini ? je n’en sais rien. J’ai autant de mal à imaginer l’un que l’autre.) L’univers existe d’emblée, il est perpétuel, c’est le premier mode d’existence. L’univers est nécessairement un mécanisme perpétuel, pour la simple raison que rien ne peut engendrer quoi que ce soit dans rien, et donc qu’une activité ne peut naitre de rien dans rien. L’univers n’est pas responsable de son existence. [L’univers est « aresponsable ». La notion de responsabilité n’a pas de sens en ce qui le concerne. (Syllogisme Socratien : si l’univers est TOUT et aresponsable, comment quelque chose qu’il contient ou qu’il a induit par ses mécanismes peut-il être responsable?)] (J’ai aussi un problème avec la notion de perpétuité, car cela annule la notion de début, d’état initial qui engendre le suivant, c’est-à-dire la cause première, mais l’absence de cause première confirme la notion d’aresponsabilité !)
  2. La notion de « vie » est une notion inventée par les humains. Du point de vue des mécanismes de l’univers elle n’est rien de plus qu’un mécanisme ordinaire. La notion de « complexe » est également une invention humaine. L’univers ne fabrique rien de complexe. L’univers n’a pas d’intention, il fonctionne. La vie n’est pas quelque chose de complexe pour l’univers. La vie est un mécanisme dont le principe est la production d’un mécanisme sensiblement identique à elle-même. On appelle ce mécanisme la reproduction. L’univers a induit la vie, c’est-à-dire un premier « objet » possédant la capacité de réplication. Et les mécanismes de l’univers sont conservés dans la réplication. La vie ne peut contrecarrer les mécanismes de l’univers, elle en fait partie, elle tourne avec l’horloge univers. La vie (initiale) est une existence induite par l’univers, c’est le deuxième mode d’existence.
  3. La vie produit la vie par réplication. Cette réplication produit un objet « sensiblement » identique à l’objet se répliquant, mais ça n’est pas obligatoire, le principe étant la survie donc la continuité de la réplication. Ce « sensiblement » permet l’évolution. L’univers n’est jamais stable totalement, sinon rien ne bougerait, il n’y aurait pas d’activité, la vie ne pourrait être induite. La vie elle-même ne peut produire la stabilité, ce qui implique qu’elle ne peut produire l’immortalité. Si quoi que ce soit pouvait produire la stabilité totale, l’univers finirait par perdre toute activité. L’univers étant perpétuel, il y a peu de chance qu’il n’ait pas tout testé (avant notre existence d’observateur de ses mécanismes), mais s’il est également infini, il se pourrait qu’il ne puisse tout tester (l’univers contient une « énergie » qui ne peut se dissiper hors de lui puisqu’il est TOUT). La réplication mécanique est le troisième mode d’existence.
  4. Le quatrième mode d’existence est le nôtre, c’est la procréation intentionnelle. Nous avons le pouvoir de contrôler la procréation. Nous avons le pouvoir de ne pas procréer. Nous sommes les seuls animaux à posséder ce pouvoir d’intention. Les mécanismes de l’univers ont induit un mécanisme qui autorise le contrôle de la procréation par rétroaction (nous apprenons et ce que nous apprenons modifie notre fonctionnement donc nos activités, donc nos intentions. C’est un algorithme parfaitement reproductible sur un ordinateur.) Nous avons le pouvoir, il ne reste qu’à en faire un devoir.


Le mode d’existence divin imaginé par certains humains combine le premier et le dernier mode d’existence. Dieu existerait d’emblée et perpétuellement, et il serait doué d’intention. Et son omnipotence lui permettrait de lancer les modes 2 et 3 d’existence (et d’autres à sa convenance). Il ne serait donc pas responsable d’exister tel qu’il est ni de ses actions, et tout comme l’univers il serait « aresponsable », ce qui le disqualifie comme divinité.


Comprendre l’inutilité de l’existence est relativement simple (beaucoup d’entre nous admettent que l’existence est absurde) alors comment se fait-il que des êtres doués de sensibilité et d’intention imposent violence et malêtre à leur propre progéniture, et soient incapables de promouvoir la paix dans le bienêtre ?


Fin – E. Berlherm



samedi 29 septembre 2018

Devoir et Liberté ?



Il parait que je suis libre, mais :
  1. je dois exister parce que d’autres me l’imposent ;
  2. je dois accepter le fait accompli de mon existence ;
  3. je dois accepter ma nature, la Nature, l’univers, le système solaire, le soleil, la lune, les étoiles, la terre, etc. ;
  4. je dois accepter mon humanité ;
  5. je dois accepter ma société, ma nation, les autres sociétés, les autres nations, les frontières ;
  6. je dois accepter mon genre féminin ou masculin ;
  7. je dois croitre ;
  8. je dois sortir du ventre de ma mère ;
  9. je dois naitre ;
  10. je dois respirer ;
  11. je dois boire ;
  12. je dois manger ;
  13. je dois excréter, déféquer, uriner, suer, pleurer, vomir, saigner, etc. ;
  14. je dois dormir ;
  15. je dois grandir ;
  16. je dois ressentir, voir, entendre, gouter, etc. ;
  17. je dois souffrir, car la souffrance a été installée en moi ;
  18. je dois accepter mes handicaps, présents et futurs, et ceux des autres ;
  19. je dois accepter les maladies, les miennes et celles des autres ;
  20. je dois être vacciné ;
  21. je dois être inconscient et conscient ;
  22. je dois percevoir ;
  23. je dois subir ma bonne mémoire comme ma mauvaise mémoire ;
  24. je dois penser ;
  25. je dois avoir de la volonté ;
  26. je dois choisir ;
  27. je dois subir ma libido ;
  28. je dois avoir des intentions, de la volonté ;
  29. je dois apprendre ;
  30. je dois subir les autres, ma famille, mes parents, les enfants, les adultes, la société, etc. ;
  31. je dois subir la hiérarchie familiale et sociale ;
  32. je dois obéir aux ordres ;
  33. je dois subir l’école ;
  34. je dois subir les examens ;
  35. je dois obéir aux coutumes et aux lois familiales et sociales ;
  36. je dois subir le chantage familial et social toute ma vie ;
  37. je dois faire des enfants (non, ça, je n’y suis pas obligé, je suis même le seul animal qui n’y soit pas mécaniquement contraint par la nature…) ;
  38. je dois subir l’univers et ses mécanismes, le monde, le climat, la pluie, les nuages, l’ombre, la lumière, la nuit, le jour, le matin, le soir, la gravitation, mon poids, l’air, le vent, etc. ;
  39. je dois subir les religions ;
  40. je dois subir la Bêtise humaine, ma propre bêtise ;
  41. je dois subir les faiblesses de mon corps, ma fragilité physique et mentale ;
  42. je dois subir le temps ;
  43. je dois subir la violence des autres, leur agressivité ;
  44. je dois subir la concurrence entre humains ;
  45. je dois gagner ma vie alors qu’on me l’a donnée ;
  46. je dois mériter mon sort alors que je n’ai pas demandé de sort quelconque ;
  47. je dois travailler pour éviter la souffrance puisque je dois manger ou mourir ;
  48. je dois payer des taxes et des impôts sur mon travail, des corvées sociales ;
  49. je dois vieillir ;
  50. je dois subir les handicaps de l’âge, jeunesse et vieillesse ;
  51. je dois me poser des questions, me torturer l’esprit sur l’existence, sur la vie, la mort ;
  52. je dois mourir ;
    mais il parait que je suis libre…


Fin – E. Berlherm



mardi 7 août 2018

Traduction – Plainte amendée des jeunes contre les États-Unis


J’ai traduit une partie du texte du document anglais qui contient 100 pages, dont le lien suit (je ne suis pas juriste il y a certainement des erreurs ou des approximations dans la traduction. J’ai traduit le terme anglais « Defendants » par Défendeurs, mais il pourrait aussi bien être traduit par Accusés, qui représente le Gouvernement des USA). Ce texte est une plainte de quelques jeunes Américains contre le laxisme du gouvernement des États Unis d’Amérique à propos des causes et des conséquences connues du changement climatique. Des jeunes portent plainte dans différentes nations du monde (Pays-Bas, Colombie, etc.) N’hésitez pas à en faire autant, et vous pouvez même suivre le modèle pour porter plainte pour les inégalités, les injustices, l’iniquité produites par le surpeuplement et même pour votre propre existence. L’esclavage est interdit dans tous les pays du monde, or nous sommes tous des esclaves par construction :


TABLE DES MATIÈRES Page
INTRODUCTION
JURIDICTION ET COMPÉTENCE
PLAIGNANTS
DÉFENDEURS
EXPOSÉ DES FAITS


I. LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL SAIT DEPUIS DES DÉCENNIES QUE LA POLLUTION AU DIOXYDE DE CARBONE ÉTAIT À L’ORIGINE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE CATASTROPHIQUE ET QUE DES RÉDUCTIONS D’ÉMISSION MASSIVES ET UNE TRANSITION À L’ÉCHELLE NATIONALE DES COMBUSTIBLES FOSSILES ÉTAIENT NÉCESSAIRES POUR PROTÉGER LES DROITS CONSTITUTIONNELS DES PLAIGNANTS.


II. MALGRÉ LA CONNAISSANCE DES DANGERS SÉVÈRES POSES PAR LA POLLUTION DU CARBONE, LES DÉFENDEURS ONT CRÉÉE ET AUGMENTE LES DANGERS PAR L’EXTRACTION, LA PRODUCTION, LA CONSOMMATION, LE TRANSPORT ET L’EXPORTATION DE COMBUSTIBLE FOSSILES
A. Malgré le Danger Connu, les Défendeurs ont Causé l’Instabilité du Climat et Autorisé par l’Extraction de Combustibles Fossiles aux États-Unis, la Production, la Consommation, le Transport, l’Exportation et les Émissions associées, à augmenter dangereusement
B. Les défendeurs ont permis la production excessive de combustible fossile sur les terres publiques fédérales
C. Les défendeurs subventionnent l’industrie des combustibles fossiles
D. Les défendeurs permettent imprudemment le transport interétatique et international des combustibles fossiles
E. Les défendeurs permettent imprudemment la pollution de CO2 par la combustion de Combustibles fossiles
III. LES EXPORTATIONS DE JORDAN COVE LNG
IV. SCIENCES ACTUELLES SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE MONDIAL ET L’ACIDIFICATION DES OCÉANS
V. IMPACTS EXISTANTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LA NATION
VI. FUTURS IMPACTS NATIONAUX SUR LE CLIMAT ATTENDUS D’ICI 2050 ET 2100 
VII. RESTAURER LE BILAN ÉNERGÉTIQUE ET PROTÉGER CONTRE UN SYSTÈME CLIMATIQUE DÉSTABILISE DANGEREUX EST POSSIBLE SUR LA BASE DE LA MEILLEURE SCIENCE DISPONIBLE
VIII. LES AVEUX DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL DE SES OBLIGATIONS D’ADMINISTRATEUR PUBLIC


DEMANDES DE RÉPARATIONS
Première demande de réparation :
VIOLATION DE LA PROCÉDURE RÉGULIÈRE DU CINQUIÈME AMENDEMENT
Deuxième demande de réparation :
VIOLATION DES PRINCIPES DE PROTECTION ÉGALE INCLUS DANS LE CINQUIÈME AMENDEMENT
Troisième demande de réparation :
LES DROITS NON ÉNUMÉRÉS PRÉSERVÉS POUR LE PEUPLE PAR LE NEUVIÈME AMENDEMENT
Quatrième demande de réparation:
VIOLATION DE LA RÈGLE DU MANDAT PUBLIQUE
DEMANDE DE RÉPARATION




INTRODUCTION
1. Depuis plus de cinquante ans, les États-Unis d’Amérique savent que la pollution par le dioxyde de carbone ("CO2") provenant de la combustion de combustibles fossiles causait le réchauffement de la planète et un dangereux changement climatique, et que continuer à bruler des combustibles fossiles déstabiliserait le système climatique sur lequel les générations présentes et futures de notre nation dépendent pour leur bienêtre et leur survie. Les Défendeurs savaient aussi que les conséquences néfastes de leurs actions mettraient les plaignants en danger, avec des dommages persistant pendant des millénaires. Malgré cette connaissance, les défendeurs ont poursuivi leurs politiques et les pratiques en permettant l’exploitation des combustibles fossiles. Plus précisément, le ministère de l’Énergie a approuvé l’exportation de gaz naturel liquéfié (« GNL ») du terminal méthanier de Jordan Cove à Coos Bay, Oregon. Ce terminal d’exportation sera la source principale d’émissions de CO2 en Oregon, et augmentera de manière significative le préjudice causé par les actions des Défendeurs sur les Plaignants. Les Défendeurs ont une connaissance de longue date du danger cumulatif que leurs actions globales suscitent des Plaignants. Le projet Jordan Cove renforce le danger cumulatif causé par les actions collectives agrées par les Défendeurs.


2. Dans un rapport de la Maison-Blanche de 1965 intitulé « Restaurer la qualité de notre environnement » ( “Restoring the Quality of Our Environment,”), par exemple, le Comité Consultatif Scientifique du Président a déclaré: « La terre, l’eau, l’air et les êtres vivants des États-Unis sont un héritage de la nation entière. Ils doivent être protégés pour le bénéfice de tous les Américains, à la fois maintenant et dans le futur. La force et le bienêtre continus de notre nation dépendent de la quantité et de la qualité de nos ressources et de la qualité de l’environnement dans lequel vit notre peuple. »


3. L’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis en 1990 et le Bureau of Technology Assessment du Congrès en 1991 ont préparé des plans pour réduire considérablement les émissions de CO2 de notre pays, arrêter le réchauffement climatique, et stabiliser le système climatique pour les générations présentes et futures. Le plan de 1990 de l’EPA intitulé « Options de politique pour la stabilisation du climat mondial » (“Policy Options for Stabilizing Global Climate”), et le plan de 1991 de l’OTA intitulé « Modification par degrés: mesures pour réduire les gaz à effet de serre » (“Changing By Degrees: Steps to Reduce Greenhouse Gases”) ont été élaborés à la demande du Congrès et soumis à celui-ci. Malgré les dangers imminents identifiés dans le plan de 1990 de l’EPA et dans le plan de 1991 de l’OTA, les défendeurs n’ont jamais mis en œuvre l’un ou l’autre de ces plans.


4. Depuis 1990, les défendeurs savent que les niveaux de CO2 dans l’atmosphère doivent être stabilisés à 350 parties par million ("ppm") ou moins, afin de protéger le système climatique de notre pays et qu’une transition rapide vers les combustibles fossiles est nécessaire. Vingt-cinq ans plus tard, la meilleure science d’aujourd’hui confirme que 350 ppm est le niveau maximum de CO2 atmosphérique requis pour restaurer un système climatique stable.


5. Pendant des décennies, les Défendeurs ont ignoré les experts qu’ils avaient chargés d’évaluer le danger pour notre nation, ainsi que leurs propres plans pour arrêter la déstabilisation dangereuse du système climatique. Plus précisément, les Défendeurs étaient au courant des risques exceptionnellement dangereux de nuire à la vie, à la liberté et à la propriété humaines, causés par la combustion continue des combustibles fossiles. Au lieu de cela, les Défendeurs ont délibérément ignoré ce préjudice imminent. En exerçant leur autorité souveraine sur l’atmosphère de notre pays et les ressources en combustibles fossiles, ils ont permis, encouragé et par ailleurs permis la poursuite de l’exploitation, de la production et de la combustion de combustibles fossiles, et ainsi, à travers leurs actions et leurs omissions globales, les Défendeurs ont délibérément laissé les concentrations atmosphériques de CO2 atteindre des niveaux sans précédent dans l’histoire de l’humanité, entrainant un système climatique déstabilisant dangereux pour notre pays et ces Plaignants.


6. Le rapport de 1965 et les plans de 1990 et de 1991 ne sont que des exemples des connaissances approfondies des Défendeurs sur les dangers qu’ils ont causés aux générations présentes et futures, y compris les Plaignants. Depuis 1965, de nombreuses autres études et rapports ont également informé les Défendeurs des dommages importants qui seraient causés si les Défendeurs ne réduisaient pas leur dépendance à l’énergie génératrice de carbone provenant des combustibles fossiles et la transition rapide vers une énergie sans carbone. Ces études et rapports ont conclu que la dépendance continue aux combustibles fossiles conduirait à des niveaux dangereux de concentration atmosphérique de CO2 qui déstabiliseraient le système climatique.


7. Pourtant, plutôt que de mettre en œuvre une action rationnelle efficace pour éliminer la pollution par le carbone, les Défendeurs ont continué à permettre, autoriser et subventionner l’extraction, le développement, la consommation et l’exportation de combustibles fossiles - activités produisant des quantités énormes de CO2 qui ont substantiellement causé et substantiellement contribué à l’augmentation de la concentration atmosphérique de CO2. Par ses politiques et ses pratiques, le gouvernement fédéral est plus responsable que tout autre individu, entité ou pays d’exposer les Plaignants à la concentration actuelle dangereuse de CO2 dans l’atmosphère. En fait, les États-Unis sont responsables de plus du quart des émissions de CO2 cumulatives historiques mondiales.


8. Le niveau actuel de CO2 et son réchauffement, à la fois réalisés et latents, se trouvent déjà dans la zone de danger. Les Défendeurs ont agi avec une indifférence délibérée au danger qu’ils ont créé sciemment. En conséquence, les Défendeurs ont violé les droits constitutionnels fondamentaux des Plaignants à la vie, à la liberté et à la propriété. Les actes des Défendeurs sont également discriminatoires à l’égard de ces jeunes citoyens, qui subiront de manière disproportionnée le système climatique déstabilisé de notre pays.


9. Par le biais des importations et des exportations de gaz naturel, le gouvernement fédéral et le Département de l’énergie renforcent encore la situation climatique dangereuse, sans procédure régulière et en violation du droit des Plaignants à une protection égale. Comme indiqué ci-dessus, le terminal méthanier de Jordan Cove à Coos Bay, en Oregon, est le seul terminal d’exportation de GNL et la plus grande source d’émissions de CO2 potentielle du Nord-Ouest et de l’Oregon. L’approbation par le ministère de l’Énergie des exportations de GNL du terminal de Jordan Cove accroit le danger pour les Plaignants que les actions des Défendeurs dans l’ensemble ont créé. Il en résulte une violation inconstitutionnelle des droits fondamentaux des Plaignants.


10. Les Plaigants sont particulièrement vulnérables à la situation dangereuse que les Défendeurs ont provoquée. Cette Cour est le dernier recours des Plaigants pour assurer leur sécurité raisonnable, et celle de notre postérité, du préjudice causé par les Défendeurs. Il y a un temps extrêmement limité pour préserver un système climatique habitable pour notre pays; autrement, le réchauffement de notre nation deviendra bloqué ou rendu de plus en plus sévère. Des études scientifiques récentes concluent que notre pays est maintenant dans une période d’overdose de carbone, avec des conséquences précoces déjà menaçantes et qui, à court terme, deviendront insupportables à moins que les Défendeurs prennent des mesures immédiates pour réduire rapidement les émissions de combustibles fossiles et rétablir équilibre énergétique à une concentration inférieure de CO2 atmosphérique.
11.
. etc.


JURIDICTION ET COMPÉTENCE
13. Cette action est intentée en vertu de la Constitution des États-Unis. Il est autorisé par l’article III, section 2, qui étend le pouvoir judiciaire fédéral à toutes les affaires relevant de l’équité en vertu de la Constitution. "L’identification et la protection des droits fondamentaux font partie intégrante du devoir judiciaire d’interpréter la Constitution." Obergefell v. Hodges, 576 U.S. ____, slip. op. At 10 (2015). L’octroi de la compétence en matière d’équité exige que les tribunaux appliquent les principes sous-jacents de l’article III de la Constitution à de nouvelles circonstances imprévues par les rédacteurs, comme la destruction irréversible du patrimoine naturel de toute notre nation. Une véritable controverse a surgi entre les Plaignants et les Défendeurs parce que les Défendeurs ont placé les Plaignants dans une situation dangereuse, continuent de porter atteinte aux droits constitutionnels des Plaignants et ont abrogé leur devoir de garantir la sécurité raisonnable des Plaignants, entre autres violations du droit. Les Plaignants ne disposent d’aucun recours en droit suffisant pour réparer les préjudices ci-après, qui sont de nature continue et qui, s’ils ne sont pas résolus, seront irréversibles.
14.
Etc.


PLAIGNANTS
16. La Plaignante Kelsey Cascadia Rose Juliana est une citoyenne des États-Unis et une résidente d’Eugene, en Oregon. Kelsey a 19 ans et est née et a grandi dans l’Oregon, l’État où elle espère travailler, cultiver, recréer, fonder une famille et élever des enfants. À l’automne 2014, Kelsey a parcouru 1600 miles (2500 km) entre le Nebraska et Washington DC, dans le cadre de la Grande Marche pour l’action pour le climat, afin de sensibiliser le public à la crise climatique. Kelsey est lésée par les actions et les inactions des Défendeurs en ce qui concerne la pollution par le carbone et la déstabilisation du climat et l’acidification des océans qui en résultent. Plus précisément, les actions des Défendeurs ont endommagé et continuent de menacer les ressources sur lesquelles elle compte pour sa survie et son bienêtre. Kelsey dépend des eaux douces de l’Oregon pour la consommation, l’hygiène et les loisirs. Elle boit l’eau douce qui coule de la rivière McKenzie et boit à la source dans les cascades de l’Oregon lors de randonnées pédestres, de canoë et de randonnée. Kelsey dépend également des eaux marines et estuariennes de l’Oregon en tant que source de nourriture et lieu de loisirs et de vacances. Kelsey passe du temps le long de la côte de l’Orégon dans des endroits comme Yachats et Florence et aime jouer sur la plage, profiter des marées et observer des animaux marins uniques. Une partie importante du régime alimentaire de Kelsey comprend des aliments provenant des eaux marines et des rivières d’eau douce, notamment le saumon, la morue, le thon, les palourdes, les moules et le crabe. Kelsey dépend également de la nourriture cultivée en Oregon par les petits agriculteurs de la vallée de Willamette et par sa famille dans leur jardin.
17.
Etc.


DÉFENDEURS
98. Défendeur États-Unis d’Amérique (« États-Unis ») est l’administrateur souverain des ressources naturelles nationales, y compris l’air, l’eau, la mer, les rives de la mer et la faune. Dans leur capacité souveraine, les États-Unis contrôlent l’espace aérien et l’atmosphère de notre nation. Dans leur capacité souveraine, les États-Unis contrôlent les terres publiques, les eaux et les autres ressources naturelles fédérales, y compris les réserves de combustibles fossiles. Dans leur capacité souveraine, les États-Unis contrôlent les articles de commerce international et inter-États, y compris l’extraction, le développement et les conditions d’utilisation des combustibles fossiles, notamment en autorisant les émissions de CO2 provenant des principales sources. En raison, à la fois, de son contrôle des articles sur le commerce interétatique et international, ainsi que de son incapacité à limiter et à éliminer les émissions de CO2, les États-Unis ont causé des niveaux dangereux de CO2 dans l’atmosphère. Cette accumulation menace sérieusement le système climatique relativement stable qui a permis à la civilisation de se développer au cours des 10 000 dernières années. Il porte atteinte aux ressources essentielles de la confiance du public national exigé par les jeunes Plaignants et les générations futures. Cette incapacité à prévenir la crise climatique actuelle et imminente constitue une violation du devoir de diligence fondamental du gouvernement de protéger les droits constitutionnels fondamentaux des plaignants.
99.
Etc.


ÉNONCÉ DES FAITS
I. LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL SAIT DEPUIS DES DÉCENNIES QUE LA POLLUTION AU DIOXYDE DE CARBONE A PROVOQUÉ UN CHANGEMENT CLIMATIQUE CATASTROPHIQUE ET QUE DES RÉDUCTIONS D’ÉMISSION MASSIVES ET UNE TRANSITION À L’ÉCHELLE NATIONALE LOIN DES COMBUSTIBLES FOSSILES SONT NÉCESSAIRES POUR PROTÉGER LES DROITS CONSTITUTIONNELS DES PLAIGNANTS.


131. Dès 1899, les scientifiques comprenaient que les concentrations de CO2 dans l’atmosphère entrainaient une rétention de chaleur sur Terre et qu’un doublement ou un triplement de la teneur en CO2 en 1899 élèverait considérablement la température de surface de la Terre. Les scientifiques ont également compris que le CO2 était le facteur déterminant de la chaleur globale. À la fin du XXe siècle, il était largement admis dans la communauté scientifique que l’augmentation de la concentration atmosphérique de CO2 pourrait provoquer un changement climatique mondial.


132. En 1965, le Pouvoir exécutif a indiqué que les polluants d’origine anthropique, dont le CO2, nuisent à l’économie de notre pays et à sa qualité de vie. Dans le rapport de 1965 des conseillers scientifiques du président Lyndon Johnson intitulé "Rétablir la qualité de notre environnement" (“Restoring the Quality of Our Environment”), la Maison-Blanche a confirmé que les polluants anthropiques, dont le CO2, menaçaient "la santé, la longévité, les moyens de subsistance, les loisirs, la propreté et le bonheur des citoyens qui ne participent pas directment à leur production, mais ne peuvent échapper à leur influence" (“the health, longevity, livelihood, recreation, cleanliness and happiness of citizens who have no direct stake in their production, but cannot escape their influence.”).


133. Depuis cinquante ans, le pouvoir exécutif sait que « les polluants ont modifié à l’échelle mondiale la teneur en CO2 de l’air » à cause de « la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. » Le Pouvoir exécutif a prédit que le CO2 « modifiera le balance thermique de l’atmosphère à un tel point que les changements climatiques ne seront pas contrôlables par des moyens locaux ou même nationaux. » Le pouvoir exécutif a averti que « le dioxyde de carbone (gaz) s’accumule en si grandes quantités qu’ils peuvent éventuellement produire un changement climatique remarquable. »
134.
Etc.


II. MALGRÉ LA CONNAISSANCE DES DANGERS SÉVÈRES POSES PAR LA POLLUTION AU CARBONE, LES DÉFENDEURS ONT CRÉÉ ET AUGMENTÉ LES DANGERS PAR EXTRACTION DE COMBUSTIBLES FOSSILES, LA PRODUCTION, LA CONSOMMATION, LE TRANSPORT ET L’EXPORTATION
A. Malgré le danger connu, les Défendeurs ont causé l’instabilité du climat et permis par l’extraction de combustibles fossiles aux États-Unis, la production, la consommation, le transport, l’exportation et les émissions associées, à s’accroitre dangereusement


151. Entre 1751 et 2014, les États-Unis ont été responsables de l’émission de 25,5% des émissions cumulatives de CO2 dans l’atmosphère à l’intérieur de ses frontières. Ces émissions ne tiennent pas compte des émissions intégrées dans les biens et matériaux importés qui sont consommés aux États-Unis. Les Défendeurs ont activé et autorisé ces émissions cumulées.


152. Au cours des cinquante dernières années, la production totale et la consommation de combustibles fossiles aux États-Unis a considérablement augmenté.


153. Agissant avec une indifférence délibérée, les Défendeurs n’ont pas mis en œuvre, ou respecté, le rapport de 1990 de l’EPA et le rapport de 1991 de l’OTA visant à réduire la pollution par le carbone des combustibles fossiles, arrêter le réchauffement climatique, et protéger le système climatique pour les générations futures. Si les Défendeurs avaient suivi le rapport de 1990 de l’EPA et le rapport de l’OTA de 1991, les émissions de CO2 aujourd’hui seraient réduites de 35% par rapport au niveau de 1987. Au lieu de cela, depuis 1991, les Défendeurs ont sciemment autorisé l’ajout d’au moins 130 466 millions de tonnes métriques d’émissions de CO2 par la combustion de combustibles fossiles.
154.
Etc.


B. Les Défendeurs Ont Autorisé Une Production Excessive De Combustibles Fossiles Sur Les Terres Publiques Fédérales.
C. Les Défendeurs Subventionnent L’Industrie Des Combustibles Fossiles
D. Les Défendeurs Autorisent Imprudemment Les Transports Inter-États Et Internationaux Des Combustibles Fossiles




III. LES EXPORTATIONS DE JORDAN COVE LNG
192. Promulguée en 1992, la section 201 de la loi sur la politique énergétique mandate l’autorisation des importations de gaz naturel en provenance ou à destination d’un pays avec lequel les États-Unis ont conclu un accord de libre-échange, sans modification ni délai, à toute personne demandant une telle autorisation. En conséquence, en vertu de la loi sur la politique énergétique, ces importations et exportations de gaz naturel sont automatiquement jugées conformes à l’intérêt public. 15 U.S.C. § 717b(c).
193.
Etc.


IV. SCIENCE ACTUELLE SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE MONDIAL ET L’ACIDIFICATION DES OCÉANS
202. Il existe un consensus scientifique sur le fait que le changement climatique met en danger l’humanité et la nature. Le changement climatique actuel est une conséquence des Gaz à Effet de Serre anthropiques, principalement du CO2, issus de la combustion de combustibles fossiles. Les émissions de combustibles fossiles ont entrainé un déséquilibre énergétique et, par conséquent, une perturbation dangereuse du système climatique dont dépendent notre nation et les Plaignants.
203.
Etc.


V. IMPACTS EXISTANTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LA NATION
213. Les changements climatiques endommagent déjà les systèmes humains et naturels, entrainant des pertes en vies humaines et l’extinction des espèces. À moins d’être arrêtés par une action gouvernementale avertie par la science, le changement climatique aura des répercussions de plus en plus graves sur notre pays et sur d’autres, potentiellement jusqu’au point de s’effondrer.
214.
Etc.


VI. FUTURS IMPACTS DE LA NATION SUR LE CLIMAT ATTENDUS POUR 2050 ET 2100
242. D’ici 2050, les jeunes Plaignants auront entre 43 et 55 ans.
243. D’ici 2100, l’élévation moyenne du niveau de la mer devrait être de 56 pouces (1,42m) si l’élévation du niveau de la mer se produit de manière linéaire. Sur la base de cette projection mondiale, il est prévu que les États-Unis connaitront une élévation du niveau de la mer de 56 à 65 pouces sur la côte est, allant jusqu’à une élévation du niveau de la mer de 76 à 87 pouces dans le golfe du Mexique, et de 47 à 65 pouces d’élévation le long de la côte ouest. L’élévation du niveau de la mer pourrait être encore plus catastrophique selon le taux de désintégration des calottes antarctiques. L’élévation du niveau de la mer entrainera une érosion accrue et la perte de terres. À Washington et en Oregon, plus de 140 000 acres de terres côtières se trouvent à moins de 40 pouces de hauteur des grandes marées. Parmi les parties les plus vulnérables de la côte se trouve la région fortement peuplée du sud de la région du Puget Sound, qui comprend Olympia, Tacoma et Seattle, Washington.
244.
Etc.


VII. RESTAURER L’ÉQUILIBRE ÉNERGÉTIQUE ET SE PROTÉGER CONTRE UN SYSTÈME CLIMATIQUE DÉSTABILISÉ DANGEREUX EST POSSIBLE EN FONCTION DE LA MEILLEURE SCIENCE DISPONIBLE
256. Un engagement urgent et critique est nécessaire pour protéger le système climatique et faire cesser la violation par les Défendeurs des droits constitutionnels des Plaignants. Les Défendeurs doivent agir rapidement et efficacement pour éliminer les émissions de CO2 afin de rétablir l’équilibre énergétique de la Terre. En l’absence d’une telle action immédiate, le gouvernement fédéral doit cesser de permettre et d’autoriser des projets de combustibles fossiles afin de ne pas aggraver la crise climatique et d’empiéter davantage sur les droits constitutionnels des Plaignants.
257.
Etc.


VIII. RECONNAISSANCE DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL DE SES OBLIGATIONS D’ADMINISTRATEUR PUBLIC
263. Les Défendeurs sont les administrateurs des ressources naturelles nationales publiques. Les ressources naturelles publiques nationales comprennent l’air (atmosphère), les mers, les rives de la mer, l’eau et la vie sauvage.
264.
Etc.


LES DEMANDES DE RÉPARATION
Première demande de réparation
Violation de la clause de garantie d’une procédure régulière prévue par le cinquième amendement
277. Les Plaignants réclament et incorporent par référence chacune des allégations énoncées ci-dessus.
278. La Constitution reconnait et préserve le droit fondamental des citoyens d’être à l’abri des actions du gouvernement qui portent atteinte à la vie, à la liberté et à la propriété. Ces droits inhérents et inaliénables reflètent le contrat de société fondamental de la Constitution visant à protéger les citoyens et la postérité contre les atteintes par le gouvernement aux libertés fondamentales et aux droits fondamentaux (ou naturels). Les droits à la vie, à la liberté et à la propriété ont évolué et continuent d’évoluer au fur et à mesure que les progrès technologiques font peser de nouvelles menaces sur ces droits fondamentaux. Comme indiqué dans le préambule de la Constitution, ces droits appartiennent également aux générations présentes aussi qu’à notre "Postérité" (ou aux générations futures).
279.
Etc.




POUR CES MOTIFS, les Plaignants demandent réparation, comme indiqué plus en détail ci-dessous.
Deuxième demande de réparation
Violation des principes d’égalité de protection intégrés dans le cinquième amendement
290. Les Plaignants par la présente reprennent et incorporent par référence chacune des allégations énoncées ci-dessus.
291. Les Défendeurs ont violé les principes d’égalité de protection énoncés dans le quatorzième amendement, intégrés dans la clause de garantie d’une procédure régulière prévue par le cinquième amendement.
292.
Etc.


POUR CES MOTIFS, les plaignants demandent réparation, comme indiqué plus en détail ci-dessous.
Troisième demande de réparation
Les Droits Non Enumérés Préservés pour le Peuple par le Neuvième Amendement
302. Les demandeurs réclament et incorporent par renvoi chacune des allégations énoncées ci-dessus.
303.
Etc.


PAR CONSÉQUENT, les Plaignants demandent réparation, comme indiqué plus en détail ci-dessous.
Quatrième demande de réparation
Violation de la Doctrine de Confiance Publique
307. Les Plaignants réclament et incorporent par renvoi chacune des allégations énoncées ci-dessus.
308.
Etc.


PAR CONSÉQUENT, les Plaignants demandent réparation, comme indiqué plus en détail ci-dessous.
DEMANDE DE RÉPARATION
« Quand les droits de la personne sont violés, ’la Constitution exige un redressement judiciaire’ nonobstant la valeur plus générale de la prise de décision démocratique ». Obergefell v. Hodges, 576 U.S. ____, slip. op. At 24 (2015) (citations internes omises).
1. Déclarer que les Défendeurs ont violé et violent encore les droits constitutionnels fondamentaux des Plaignants à la vie, à la liberté et à la propriété en causant ou en contribuant de manière substantielle à une concentration dangereuse de CO2 dans l’atmosphère, et que, ce faisant, les Défendeurs interfèrent dangereusement avec un système climatique stable requis par notre pays et les Plaignants;
2. Prévenir les défendeurs contre de nouvelles violations de la Constitution à la base de chaque demande de réparation;
3. Déclarer que la loi sur la politique énergétique, article 201, est inconstitutionnelle à première vue;
4. Déclarer inconstitutionnelle l’ordonnance n ° 3041 du DOE / FE autorisant Jordan Cove Energy for LNG à conclure plusieurs contrats à long terme pour les exportations de GNL à partir de son terminal de Coos Bay.
5. Déclarer les violations de la confiance du public par les Défendeurs et interdit aux Défendeurs de violer la doctrine de la confiance du public qui sous-tend chaque demande de réparation;
6. Ordonner aux Défendeurs de préparer un inventaire des émissions de CO2 américaines basé sur la consommation;
7. Ordonner aux Défendeurs de préparer et de mettre en œuvre un plan de réparation national exécutoire pour éliminer les émissions de combustibles fossiles et réduire le CO2 atmosphérique en excès afin de stabiliser le système climatique et protéger les ressources vitales dont dépendront les Plaignants actuels et futurs;
8. Maintenir la compétence à l’égard de cette action pour surveiller et faire respecter la conformité des Défendeurs au plan de recours national et à toutes les ordonnances connexes de la Cour; et
9. Accorder toute autre réparation que la Cour juge juste et appropriée.
Respectueusement soumis ce 10 septembre 2015,
s / Julia A. Olson


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Fin – E. Berlherm traducteur