mercredi 8 février 2023

Société vieillissante


Si la société vieillit : c'est le signe que les gens se posent enfin des questions sur l'utilité de l'existence. C'est le signe qu'ils se demandent enfin pourquoi ils devraient contraindre d'autres personnes à exister. Des personnes comme elles. Des personnes qui subiront les mêmes problèmes existentiels. Des personnes qui auront été déposées dans le décor apocalyptique terrestre sans leur accord. Des personnes mises devant le fait accompli d'exister.

(À moins que plus pragmatiquement ils trouvent plus facile de ne pas trainer un boulet pour un quart de siècle.)

Est-ce un problème que la société vieillisse ? Il y a plusieurs points de vue. Celui du milliardaire et du gouvernant, c'est-à-dire de l'esclavagiste, et celui du mouton commun, le mouton normal, le mouton tondu, le mouton qui fait les corvées dans la maison, le mouton naïf, le mouton populaire qui permet à ces beaux messieurs de vivre dans le luxe et le farniente, et qui prennent les moutons pour des idiots à tondre jusqu'à l'os et à peler jusqu'au trognon, jusqu'à ce que mort s'ensuive ; ce qu'ils sont effectivement puisque la démocratie c'est le peuple qui devrait s'enrichir et non pas qui en enrichit quelques-uns.

Le pourcentage d'esclavagistes est relativement constant. Le nombre de milliardaires dépendant du nombre d'esclaves qu'ils ont à leurs dispositions (nous). Quand la population augmente, le nombre de milliardaires croît dans les mêmes proportions. Autrefois le nombre de royaumes était limité au nombre de territoires, comme la planète a une taille fixe et que le territoire des rois augmentait, cela diminuait le nombre de chefs planétaires. Aujourd'hui, les rois disparaissant ainsi que les frontières, les milliardaires n'ont plus la limite imposée par leur roi. Ils sont libres d'exploiter le mouton sans limites que celle que le mouton veut bien lui laisser. Aujourd'hui encore le mouton est vraiment un bon vrai mouton de Panurge, fier de sa moutonnerie. Il aime l'abattoir. Il fabrique des petits moutons pour le bourreau esclavagiste sans se soucier des conditions qu'il lui impose : être un mouton rêvant de devenir un milliardaire-esclavagiste à son tour.

Peut-être que si j'avais été moins tondu, il me resterait de la laine pour mieux passer l'hiver, se dit le vieux mouton avant de s'abattre !

Condamner à vivre, c'est condamner à toujours souffrir plus ou moins, à vieillir souvent et pas toujours, mais toujours mourir. Que vous ai-je fait pour être condamné avant mon premier souffle ?

Le vieillissement de la population est-il réel ? Si l'on mesure ce vieillissement à un âge donné, par exemple 65 ans, certes la population vieillit puisque les humains vivent plus longtemps. Mais si en France nous comptons le nombre de personnes en maison de retraite, terminant leur glissade en mode libre sur le toboggan fatal, y en a-t-il tant que ça ? Est-ce que ce nombre augmente ? C'est ça un vieux ; une personne qui ne peut rien foutre parce qu'elle ne peut plus que se laisser glisser jusqu'à l'abime final en tétant les soins de l'infirmière comme un nourrisson les seins de sa mère. Nous pourrions dire que si elle a pondu des lardons condamnés à mourir, alors tant pis pour elle, elle n'a que ce qu'elle mérite. Mais non, gentil camarade, elle est, cette stupide personne, innocente d'exister, tout comme vous. Absolvez-là de ses méfaits, et prévenez ses descendants de ne pas répéter absurdement le même geste primaire d'enfantement.

Exister pour vieillir et mourir me sert-il à quelque chose ? Ces grands penseurs n'ont même pas résolu cette question enfantine dont la réponse est : Non, cela ne me sert à rien. La société ne vieillit que parce qu'elle vit sans raison, et c'est aussi pour ça qu'elle vieillit sans raison, car mourir est le but de la route, et mourir n'est pas une raison suffisante pour exister. Mourir ne m'apporte rien.

Fin – E. Berlherm

mardi 7 février 2023

Droits de la mère


Quelques-uns des droits divers et variés, de la future maman, qui auront un impact sur la personne qu'elle va balancer sur le toboggan fatal :

Tout d'abord, le premier et le plus ignoble des droits, celui de fabriquer un rejeton, faible, nu, dépendant physiquement et intellectuellement, et modelable à souhait sans accord du fabriqué, responsabilisé après éducation imparfaite et aléatoire, soumis aux maladies et handicaps, à la souffrance donc au chantage permanent à la souffrance, et à la mort.

Droit de copuler après fécondation sans vergogne, présentant le phallus du père ou/et des amants à quelques centimètres du fœtus éberlué de se trouver nez à nez avec un gland, afin sans doute d'engrammer la puissance patriarcale chez le futur enfant, garçon ou fille. (Il paraitrait selon les croyants que l'embryon et le fœtus sont des personnes ! Bonjour papa ! On comprend pourquoi tous les pères ont une tête de gland.)

Droit de n'avoir aucune connaissance dans l'art de faire germer un fœtus et puis d'éduquer et nourrir un enfant. (germer, car spermatozoïde étymologiquement vient de semence, et une semence, ça germe dans un champ qu'il faut labourer au-delà du vagin, étymologiquement fourreau de l'épée !!! Quant à phallus étymologiquement, cela signifie membre viril. Tout ça est parfaitement macho, mesdames quand allez-vous vous débarrasser du fourreau et de la semence, du point de vue lexical évidemment ? Cela vaut bien un déboulonnage, n'est-ce pas ?)

Droit d'avoir des maladies sexuelles et les transmettre généreusement à sa progéniture.

Droit d'avoir des chromosomes défectueux et les transmettre avec la même générosité que les précédentes à l'être cher (chromosomes servant à la construction du mioche).

Droit de choisir un partenaire débile physiquement et intellectuellement en contradiction avec les principes de l'évolution.

Droit de se nourrir n'importe comment, et donc d'abrutir l'être en construction. (Après la naissance il faudra nourrir à peu près correctement le bambin, car la société peut intervenir.)

Droit de picoler, avec le même résultat que le point précédent, sachant que l'alcool dénaturé franchit les membranes cellulaires sans filtre.

Droit de fumer, et dans certains pays droit de se droguer, ad débilitam.

Droit de vivre dans un taudis, et ça c'est parce que la société est débile.

Droit de ne pas préparer le berceau de bébé. Ce qui est dû à l'indigence intellectuelle des parents et de la société qui n'a rien prévu malgré les droits humains écrits en long en large et en travers à la surface du globe.

Droit d'être débile donc, et misérable, et d'être immonde, et même d'être sadique, puis de coller n'importe quel titre de cette noblesse infecte à son nom d'humain.

Droit d'être stupide et ne pas savoir éduquer le petit à venir. La société ayant besoin que la majorité des humains soient stupides parce qu'il faut plus de corvéables que d'aristos, cela se comprend.

Droit de handicaper du simple et banal au pire et irrémédiable (dans le ventre, après c'est un crime).

Droit de fabriquer simultanément jumeaux, triplés, quadruplés, quintuplés, etc., sans limites autres que les possibilités matérielles habituelles des ventres maternels ; au-delà de deux malgré le fait que les mères ne possèdent que deux seins !

Droit de ne pas aimer celui que l'on fait, qu'il soit mignon ou pas, singe hurleur ou carpe muette.

Droit de haïr le monde bien avant de décider d'ajouter un imbécile au stock mondial, serviteur du capitalisme humain et monétaire.

Et celui-ci, qui n'est pas le moindre, droit de croire n'importe quoi et de l'installer dans la tête de son gosse comme une vérité, ce qui est très aisé à réaliser puisque l'enfant a le cerveau vide comme une bouteille après fabrication et qu'il ne peut rien expulser de sa mémoire puisque ce qui est greffé par la mère ne peut être rejeté, c'est l'imprégnation culturelle de la mère, image, corps et mots. (La fonction de dénégation des croyances n'a pas encore été installée, et encore moins celle de la rationalité, donc la voie est libre pour implanter n'importe quelle ânerie dans la mémoire de l'esclave à venir.) → Article 26 des droits de l'homme : 3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. (et cela malgré le fait que l'enfant est avant tout l'associé, à parts égales dès sa naissance, des membres de la société puisque les parents ne sont pas propriétaires de l'enfant.)

Droit d'accoucher sous X, qu'elle soit XX ou qu'il soit XY ou n'importe quel mélange de lettres du code.

Et pour presque terminer la liste, car cela finit toujours ainsi avant l'expulsion du têtard : droit de propulser tête et sexe et corps entier du marmot par le vagin, le fourreau, bien lubrifié pour l'occasion (je suppose que cela produit l'orgasme maximum à Madame maman), début de la glissade sur le toboggan fatal en tant qu'individu. Ce qu'on appelle dans le sens légal du terme, un viol qualifié, en général au su et au vu de la population qui applaudit à l'exploit (accompli 100 milliards de fois auparavant, quelle performance! Et par toutes les bêtes.).

Et bien entendu le meilleur des droits, le plus revendiqué en ce bas monde, le droit à l'hypocrisie.

« Tu accoucheras dans la douleur (parfois), pour faire souffrir et mourir (toujours). Mais la vie est belle, travaille, carpe diem, honore ton père (en premier même si tu n'en as pas), ta mère (en second même si elle a accouché sous XYZT), honore ta mère patrie (qui elle ne souffre jamais quand elle te désire, car elle n'est qu'un concept), et obéis aux règles du contrat social que tu n'as pas parafé, car moi ta mère je l'ai fait pour toi. »

Bon, celle-ci aussi est innocente d'exister, et donc de cette action extraordinaire faite par toutes les bestioles bisexuées de notre univers « aresponsable » et insensible.

Du point de vue animal et légal, que la future mère possède ces droits cela semble normal, mais du point de vue éthique est-ce que cela vous parait aussi évident d'avoir tant de pouvoir sur une personne ?

Fin – E. Berlherm