samedi 3 février 2018

Thomas Paine - Preface 'The rights of man' - 1791

THOMAS PAINE

« Les droits de l’homme :

Réponse à l’attaque de M. Burke contre la Révolution française. »

Préface de l’auteur à l’édition française, traduite par mes soins avec l’aide du traducteur de Google et de Reverso.


L’étonnement que la Révolution française a provoqué dans toute l’Europe doit être envisagé sous deux angles différents: d’abord, car elle affecte les peuples étrangers, ensuite car elle touche leurs gouvernements.

La cause du peuple français est celle de toute l’Europe, ou plutôt du monde entier; mais les gouvernements de tous ces pays n’y sont nullement favorables. Il est important de ne jamais perdre de vue cette distinction. Nous ne devons pas confondre les peuples avec leurs gouvernements; surtout le peuple anglais avec son gouvernement.

Le gouvernement d’Angleterre n’est pas un ami de la Révolution française.

De cela nous avons des preuves suffisantes dans les remerciements donnés par cette personne faible d’esprit, l’électeur de Hanovre, parfois appelé le roi d’Angleterre, à M. Burke pour les insultes amassées par lui dans son livre, et dans les commentaires malveillants du ministre anglais, Pitt, dans ses discours au Parlement.

Malgré les amitiés les plus sincères trouvées dans la correspondance officielle du gouvernement anglais avec celle de la France, sa conduite dément toutes ses déclarations et nous montre clairement que ce n’est pas un tribunal à qui l’on peut faire confiance, mais un tribunal aliéné plongeant dans toutes les querelles et intrigues de l’Europe, en quête d’une guerre pour satisfaire sa folie et encourager ses extravagances.

La nation anglaise, au contraire, est très favorable à la Révolution française et au progrès de la liberté dans le monde entier; et ce sentiment deviendra plus général en Angleterre, puisque les intrigues et les artifices de son gouvernement sont mieux connus et que les principes de la révolution sont mieux compris.

Les Français devraient savoir que la plupart des journaux anglais sont directement à la solde du gouvernement ou, s’ils y sont indirectement liés, toujours sous ses ordres; et que ces journaux déforment et attaquent constamment la Révolution en France pour tromper la nation. Mais, comme il est impossible longtemps d’empêcher la prédominance de la vérité, les mensonges quotidiens de ces journaux n’ont plus l’effet désiré.

Pour être convaincu que la voix de la vérité a été étouffée en Angleterre, il suffit de dire au monde que le gouvernement considère et poursuit comme une calomnie ce qu’il doit protéger. Cet outrage à la morale est appelé loi, et les juges sont suffisamment vicieux pour infliger des pénalités sur la vérité.

Le gouvernement anglais présente, en ce moment, un phénomène étrange.

Voyant que les nations française et anglaise se débarrassent des préjugés et des idées fausses autrefois entretenues l’une contre l’autre, et qui leur ont couté tant d’argent, ce gouvernement semble afficher son besoin d’un ennemi; car, à moins d’en trouver quelque part, il n’existe pas de prétexte pour l’énorme revenu et la fiscalité maintenant jugé nécessaire.

C’est pourquoi il cherche en Russie l’ennemi qu’il a perdu en France, et semble dire à l’univers, ou se dire à lui-même. « Si personne n’est assez bon pour devenir mon ennemi, je n’aurai plus besoin de flottes ni d’armées, et je serai obligé de réduire mes impôts: la guerre américaine m’a permis de doubler les impôts, l’affaire hollandaise d’en ajouter d’autres; la crise de Nootka m’a donné un prétexte pour l’augmenter de trois-millions de livres sterling en plus, mais à moins de faire de la Russie une ennemie, la moisson des guerres prendra fin. J’étais le premier à inciter le Turc contre le Russe, et maintenant j’espère en récolter de nouvelles taxes. »

Si les misères de la guerre et le flot de maux qui se répandent sur un pays n’ont pas enrayé toute inclination à la joie, et transformé le rire en chagrin, la conduite frénétique du gouvernement d’Angleterre ne fera que susciter les railleries. Mais il est impossible de bannir de son esprit les images de souffrance que présente la contemplation d’une politique aussi vile. Raisonner avec les gouvernements, puisqu’ils ont existé pendant des siècles, c’est discuter avec des bêtes. Les réformes ne peuvent venir que des nations elles-mêmes. Il ne doit subsister aucun doute que les peuples de France, d’Angleterre et d’Amérique, éclairés et s’éclairant les uns les autres, pourront désormais, non seulement donner au monde un exemple de bon gouvernement, mais aussi, par leur influence unifiée, en imposer la pratique.

Parmi les incivilités par lesquelles les nations ou les individus se provoquent et s’irritent, le pamphlet de M. Burke sur la Révolution française est un exemple extraordinaire. Ni le peuple de France ni l’Assemblée nationale ne s’occupaient des affaires de l’Angleterre ou du parlement anglais; et que M. Burke engage une attaque contre eux sans provocation, tant au Parlement qu’en public, est une conduite qui ne peut pas être pardonnée sur le plan des mœurs ni justifiée sur celle de la politique.

Il n’y a guère d’épithète injurieuse dans la langue anglaise, avec lequel M. Burke n’a pas invectivé la Nation française et l’Assemblée nationale. Tout ce que la rancœur, les préjugés, l’ignorance ou la connaissance pouvaient suggérer se répand dans la fureur abondante de près de quatre-cents pages. Avec la tension et de la manière dont M. Burke écrivait, il aurait pu en écrire des milliers. Quand la langue ou la plume est lâchée dans une frénésie passionnelle, c’est l’homme, et non le sujet, qui s’épuise.

Jusqu’ici M. Burke s’est trompé et désappointé sur les opinions qu’il avait formulées sur les affaires de France; mais telle est l’ingéniosité de son espoir, ou la malignité de son désespoir, qu’elle lui fournit de nouveaux prétextes pour continuer. Il fut un temps où il était impossible de faire croire à M. Burke qu’il y aurait une Révolution en France. Son opinion était alors que les Français n’avaient ni l’esprit pour l’entreprendre ni le courage de la réaliser; et maintenant qu’il y en a une, il cherche une échappatoire en la condamnant.

Pas assez content d’abuser de l’Assemblée nationale, une grande partie de son travail consiste à abuser du Dr Price (l’un des meilleurs hommes de cœur qui soient) et des deux sociétés en Angleterre connue sous le nom de la « Revolution Society » et de la « Society for Constitutional Information ».

Le Dr Price avait prêché un sermon le 4 novembre 1789, qui est l’anniversaire de ce qu’on appelle en Angleterre la Révolution, ayant eu lieu en 1688. M. Burke, parlant de ce sermon, dit:

« La politique Divine procède dogmatiquement pour affirmer que, par les principes de la Révolution, le peuple d’Angleterre a acquis trois droits fondamentaux:

1. Choisir nos propres gouverneurs.

2. Les renvoyer pour faute.

3. Former un gouvernement pour nous-mêmes. »


Le Dr Price ne dit pas que le droit de faire ces choses existe dans cette personne ou cette autre, ou dans telle description des personnes ou telle autre, mais qu’elle existe dans la totalité; que c’est un vrai résident de la nation. M. Burke, au contraire, nie qu’un tel droit existe dans la nation, en tout ou en partie, ou qu’il existe partout; et, ce qui est encore plus étrange et merveilleux, il dit: « que le peuple d’Angleterre renonce complètement à un tel droit, et qu’il s’opposera à sa revendication pratique par leurs vies et leurs fortunes ». Que les hommes prennent les armes et dépensent leurs vies et leurs fortunes, non pour maintenir leurs droits, mais pour maintenir qu’ils n’ont pas de droits, c’est une espèce de découverte entièrement nouvelle et adaptée au génie paradoxal de M. Burke.

La méthode que M. Burke prend pour prouver que le peuple d’Angleterre n’a pas de tels droits, et que de tels droits n’existent pas actuellement dans la nation, soit en tout ou en partie, soit nulle part, est du même merveilleux et monstrueux acabit que ce qu’il a déjà dit; car ses arguments sont que les personnes, ou la génération de personnes, avec lesquelles ils ont existé, sont mortes, et avec eux le droit est mort aussi. Pour le prouver, il cite une déclaration faite par le Parlement il y a environ cent ans, à William et Mary, en ces termes: « Les Seigneurs Spirituels et Temporels, et les Communes, font, au nom des personnes susdites » (signifiant les personnes de l’Angleterre alors vivant) « une soumission la plus humble et fidèle, leurs héritiers et leurs postérités, à JAMAIS ». Il cite une clause d’une autre loi du Parlement faite sous le même règne, sur les termes desquels il dit: « nous lient » (signifiant les gens de leur époque), « nos héritiers et notre postérité, eux, leurs héritiers et leurs descendants, jusqu’à la fin des temps. »

M. Burke croit son point de vue suffisamment établi par la production de ces clauses, qu’il renforce en disant qu’elles excluent le droit de la nation pour toujours. Et non content de faire de telles déclarations, répétées encore et encore, il dit plus loin, « que si le peuple d’Angleterre possédait un tel droit avant la Révolution » (ce qu’il reconnait avoir été le cas, non seulement en Angleterre, mais dans toute l’Europe, à une période initiale), « cependant la nation anglaise, à l’époque de la Révolution, y renonça solennellement et abdiqua solennellement, pour eux et pour toute leur postérité, pour toujours. »

Comme M. Burke applique parfois le poison tiré de ses horribles principes, non seulement à la nation anglaise, mais à la Révolution française et à l’Assemblée nationale, et qualifie ce corps auguste, éclairé et éclairant, de l’épithète d’usurpateurs, je placerai, sans cérémonie, un autre système de principes en opposition avec le sien.

Le parlement anglais de 1688 a fait une certaine chose que, pour eux et leurs électeurs, ils avaient le droit de faire, et qui semblait devoir être faite. Mais, en plus de ce droit qu’ils possédaient par délégation, ils établissaient un autre droit par principe, celui de lier et de contrôler la postérité jusqu’à la fin des temps. L’affaire se divise donc en deux parties; le droit qu’ils possédaient par délégation, et le droit qu’ils établissaient par principe. Le premier est admis; mais en ce qui concerne le second, je réplique: il n’a jamais existé, il n’existera jamais, et il ne pourra jamais exister., de parlement, ou aucune description d’hommes, ou de génération d’hommes, dans aucun pays, possédant le droit ou le pouvoir de lier et de contrôler la postérité jusqu’à la « fin des temps », ou de décider à jamais comment le monde sera gouverné, ou qui le gouvernera; et par conséquent, tous ces types de clauses, tous les actes ou toutes les déclarations par lesquels les auteurs tentent de faire ce qu’ils n’ont ni le droit ni le pouvoir de faire, ni le pouvoir d’exécuter, sont en soi nuls et non avenus.

Chaque âge et chaque génération doit être aussi libre d’agir dans tous les cas, que l’âge et les générations qui l’ont précédé. La vanité et le principe de gouverner au-delà de la tombe sont la plus ridicule et la plus insolente de toutes les tyrannies. L’homme ne possède pas l’homme; aucune génération n’a de propriété sur les générations à venir. Le parlement ou le peuple de 1688, ou de toute autre époque, n’avait pas le droit de disposer des personnes d’aujourd’hui, ni de les lier ou de les contrôler sous quelque forme que ce soit, pas plus que le parlement ou le peuple d’aujourd’hui ne peut disposer, lier ou contrôler ceux qui vivront dans cent ou mille ans. Chaque génération est et doit être compétente pour tous les éléments que les occasions exigent. Ce sont les vivants, et non les morts, qui doivent être satisfaits. Quand l’homme cesse d’être, son pouvoir et ses besoins cessent avec lui; et n’ayant plus aucune participation aux préoccupations de ce monde, il n’a plus aucune autorité pour décider qui seront ses gouvernants, ou comment son gouvernement sera organisé ou administré.

Je ne combats ni pour ni contre aucune forme de gouvernement, ni pour ni contre aucun parti, ici ou ailleurs. Ce qu’une nation entière choisit de faire elle a le droit de le faire. M. Burke dit, Non. Où donc le droit existe-t-il ? Je combats pour les droits des vivants, et contre le manuscrit qui présume l’autorité des morts, et M. Burke plaide pour l’autorité des morts sur les droits et la liberté des vivants. Il fut un temps où les rois déposaient leurs couronnes par testament sur leurs lits de mort, et consignaient le peuple, comme les bêtes des champs, à tout successeur qu’ils désignaient. Ceci est maintenant tellement infondé qu’on se souvient à peine d’eux, et si monstrueux qu’on peut difficilement le croire. Mais les clauses parlementaires sur lesquelles M. Burke construit son église politique sont de la même nature.

Les lois de chaque pays doivent être analogues à quelque principe commun. En Angleterre, aucun parent ou maitre, ni toute l’autorité du parlement, omnipotent comme il s’est nommé lui-même, ne peut lier ou contrôler la liberté personnelle même d’un individu de plus de vingt-et-un ans. Sur quelle base de droit, donc, le Parlement de 1688, ou tout autre Parlement, pourrait-il lier toute la postérité pour toujours ?

Ceux qui ont quitté le monde, et ceux qui n’y sont pas encore arrivés sont aussi éloignés l’un de l’autre que la plus extraordinaire imagination humaine peut concevoir. Quelle obligation peut donc exister entre eux – au nom de quelle règle ou quel principe deux non-entités, l’une hors de l’existence et l’autre pas encore, et qui ne peuvent jamais se rencontrer dans ce monde, l’une devrait contrôler l’autre jusqu’à la fin des temps ?

En Angleterre, on dit que l’argent ne peut pas être retiré des poches des gens sans leur consentement. Mais qui autorisait, ou qui pouvait autoriser, le Parlement de 1688 à contrôler et à enlever la liberté de la postérité (qui n’existait pas pour donner ou refuser son consentement) et limiter et restreindre pour toujours son droit d’agir ?

Une plus grande absurdité ne peut se présenter à la compréhension de l’homme que ce que M. Burke offre à ses lecteurs. Il leur dit, et il dit au monde à venir qu’un certain groupe d’hommes qui existait il y a cent ans a fait une loi, et qu’il n’existe pas dans la nation, n’existera jamais, ni ne peut exister, un pouvoir de la modifier. Sous combien de subtilités ou d’absurdités le droit divin de gouverner a-t-il été imposé à la crédulité de l’humanité ? M. Burke en a découvert un nouveau, et il a raccourci son voyage à Rome en faisant appel à la puissance de ce parlement infaillible d’autrefois, et il produit ce qu’il a fait comme venant d’une autorité divine, car ce pouvoir doit certainement être plus qu’humain pour qu’aucun pouvoir humain ne puisse l’altérer jusqu’à la fin des temps.

Mais M. Burke a rendu service - non à sa cause, mais à son pays - en mettant ces clauses à la vue du public. Elles servent à démontrer à quel point il est nécessaire de veiller constamment à la tentative d’empiètement du pouvoir et d’empêcher son fonctionnement excessif. Il est quelque peu extraordinaire que le délit pour lequel James II a été expulsé, celui d’établir le pouvoir par principe, doive être repris, sous une autre forme et manière, par le Parlement qui l’a expulsé. Elle montre que les droits de l’homme n’étaient qu’imparfaitement compris à la Révolution, car c’est bien ce droit que le Parlement a établi par principe (car par la délégation elle n’avait pas, et ne pouvait pas l’avoir, parce que personne ne pouvait le lui donner) sur les personnes et la liberté de la postérité pour toujours, était de même nature tyrannique sans fondement que James a essayé de mettre en place sur le Parlement et la nation, et pour lequel il a été expulsé. La seule différence est (car en principe ils ne diffèrent pas) que l’un était un usurpateur sur les existants, et l’autre sur les non nés; et comme l’un n’a pas de meilleure raison d’être que l’autre, tous deux doivent être également nuls et sans effet.

De quoi, ou d’où, M. Burke prouve-t-il le droit qu’une quelconque puissance humaine peut lier la postérité à tout jamais ? Il a produit ses clauses, mais il doit aussi produire ses preuves qu’un tel droit existait et montrer comment il existait. S’il a jamais existé, il doit maintenant exister, car tout ce qui appartient à la nature de l’homme ne peut être annihilé par l’homme. C’est la nature de l’homme de mourir, et il continuera à mourir tant qu’il continuera à naitre. Mais M. Burke a établi une sorte d’Adam politique, chez qui toute la postérité est liée pour toujours. Il doit donc prouver que son Adam possédait un tel pouvoir ou un tel droit.

Plus une corde est faible, moins elle doit être tendue, et le pire est la politique de la tendre, à moins qu’elle ne soit destinée à la rompre. Si quelqu’un avait proposé le renversement des positions de M. Burke, il aurait procédé comme M. Burke l’a fait. Il aurait amplifié les autorités, dans le but d’en mettre en doute le droit; et à l’instant où la question du droit a commencé, le système des autorités aurait dû être abandonné.

Il suffit d’un très petit coup d’œil pour penser que, bien que les lois adoptées en une génération continuent souvent de s’appliquer à travers les générations suivantes, elles continuent à tirer leur force du consentement des vivants. Une loi non abrogée reste en vigueur, non parce qu’elle ne peut pas être abrogée, mais parce qu’elle n’est pas abrogée; et l’absence de révocation passe pour du consentement.

Mais les clauses de M. Burke n’ont même pas cette qualification en leur faveur. Elles deviennent nulles, en tentant de devenir immortelles. Leur nature exclut le consentement. Elles détruisent le droit qu’elles pourraient avoir, en se fondant sur un droit qu’elles ne peuvent avoir.

Le pouvoir immortel n’est pas un droit humain et ne peut donc pas être un droit du Parlement. Le Parlement de 1688 aurait pu aussi bien édicter un acte pour s’autoriser à vivre éternellement que pour faire vivre leur autorité pour toujours. Tout ce que l’on peut donc dire de ces clauses, c’est qu’elles sont une formulation de mots, d’autant de portée que si ceux qui les utilisaient s’étaient adressé une félicitation à eux-mêmes, et avaient dit dans le style oriental de l’antiquité: « O Parlement, vis pour toujours! »

Les circonstances du monde changent continuellement, et les opinions des hommes changent aussi; et comme le gouvernement est pour les vivants, et non pour les morts, ce n’est que les vivants qui ont un droit par lui.

Ce qui peut être pensé juste, et convenant à une époque peut être mal jugé et ne pas convenir dans une autre. Dans de tels cas, qui doit décider, les vivants ou les morts ?

Comme près de cent pages du livre de M. Burke sont employées à traiter ces clauses, il s’ensuivra que si les clauses elles-mêmes, pour autant qu’elles établissent à jamais une domination usurpée sur la postérité, ne sont pas autorisées, et par nature nulles et non avenues; que toutes ses déductions volumineuses, et la déclamation tirée de là, ou fondée dessus, sont nulles et non avenues également; et je repose l’affaire sur ce terrain.

Fin de la Préface




Plusieurs remarques:

1) Une personne contre les droits humains est contre ses propres droits puisqu’elle est elle-même un être humain, et jusqu’où admettrait-elle qu’on la prive de ses droits ?

2) Dans la société, il n’y a pas de générations, puisqu’il y a continuité des naissances quotidiennes (plus de 4 bébés par seconde dans le monde). Une génération est uniquement un principe familial. Cette absence de génération a certainement des conséquences en droit, dans l’égalité des droits, dans l’équité (qui n’existe pas sur quelques plans entre enfants et parents).

3) Thomas Paine parle sans tenir compte de la contrainte qui nous ait fait d’exister, donc de l’innocence d’exister, et sans tenir compte de l’absence de libre arbitre, et de la notion d’aresponsabilité de toute existence. Mais quelle société en tient compte ? Quelle loi en tient compte ? Comment peut-on devenir responsable d’exister ?

4) La société ne nous demande pas notre avis en nous intégrant à la nation. Elle nous met devant le fait accompli (nous sommes d’ailleurs déjà mis devant le fait accompli de l’existence). Nos parents sont nos dictateurs avec pour complices l’ensemble des associés et surtout le gouvernement qu’il faut distinguer de la société qui est l’ensemble des citoyens.

5) Lier la postérité jusqu’à la fin des temps est ce que veulent faire les religieux avec leurs fameuses lois divines tirées de leurs livres (tous) sacrés.

6) Si aucun être vivant ne peut avoir de pouvoir sur les non nés alors comment une personne peut-elle s’arroger le droit de fabriquer une autre personne et surtout pour son service personnel ? (Cette fabrication n’étant pas du tout maitrisée.)

7) Pourquoi ne devrais-je être qu’aussi libre que mes parents ? Pourquoi ne puis-je pas être plus libre que mes procréateurs ? Quels droits ont-ils de m’imposer leurs propres droits, leurs propres valeurs ? Une personne doit-elle aimer ce qu’une autre lui impose, la vie en l’occurrence ?

8) Ce n’est jamais une Nation entière qui choisit, c’est toujours une petite partie, et même aujourd’hui.

9) Il n’y a jamais de consentement aux lois, elles nous sont toutes imposées. L’élection d’un représentant n’est pas du consentement, c’est un pis aller.

10) Si l’on veut analyser la meilleure façon de gérer l’être humain afin qu’il vive dans le bienêtre on ne peut le faire qu’en examinant une toute petite densité d’êtres humains sur la planète, quand la liberté de mouvement de chacun est quasi totale. Cela ne signifie pas un retour dans le passé.


La version complète en français (la traduction de l’UQAC) du livre de Thomas Paine est téléchargeable ici :


Fin – E. Berlherm