samedi 31 octobre 2020

La propriété, c'est le vol

Le thème de « la propriété » est vraiment intéressant. Plus je l'étudie, plus je découvre de subtilité qui me donne du grain à moudre pour mon idée favorite « l'innocence d'exister ». Je vais tenter de dégrossir le sujet.
Définition de « propriété » - Dictionnaire de l'académie: « XIIe siècle. Emprunté du latin juridique proprietas, "caractère propre ; droit de possession, chose possédée", lui-même dérivé de proprius, "qui appartient en propre, caractéristique". Droit par lequel un bien, une chose appartient en propre à quelqu’un, qui peut en jouir et en disposer de la manière la plus absolue, dans les limites établies par la loi ou par les règlements. La propriété s’acquiert par contrat, par voie successorale ou par prescription. Il a la jouissance, non la propriété, de cette terre. Un titre, un certificat, un acte de propriété. L’article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’homme reconnaît le droit à la propriété. Le gouvernement a pris des mesures pour favoriser l’accession à la propriété immobilière ou, simplement, à la propriété. »
(Remarque : le « droit » est une notion humaine artificielle ; la nature ne comprend que le pouvoir. Le droit est une invention humaine. Le droit est donc élaboré par la loi. Dire qu'un droit est établi dans les limites de la loi est un pléonasme. )
(Rappel : les lois émises par des personnes mortes ne sont pas des lois valides. Les lois sont mortes avec les personnes qui les ont édictées. Toute loi ancienne doit donc être invalidée sur le champ. Une loi ne s'applique à un associé que s'il a accepté la loi de l'association. Si cette personne n'est pas sous contrat valide, aucune loi ne peut lui être appliquée. On ne peut contraindre quiconque à l'association. Le terme de « société » employé dans les Droits de l'homme et la Constitution française est sans valeur, s'il signifie que la France est une association. On ne peut punir un associé qui ne respecte pas une règle qu'il a signée, on ne peut que lui rappeler la règle ou le virer de l'association. Personnellement, je n'ai signé aucun contrat social et je n'ai jamais accepté la loi de propriété, en particulier. Et vous ?)
Ceux qui commencent à me connaitre ne seront pas surpris que je parle ici encore de l'innocence d'exister puisqu'elle est le thème de cette série vidéo ; s'il y a une implication à cette innocence de notre existence c'est bien la notion aberrante de propriété dont il faut parler. En quoi l'innocence d'exister impliquerait-elle comme nous l'a dit Pierre-Joseph Proudhon que la propriété est du vol ? 
Le terme « propriété » a de multiples sens, si bien que l'on fait souvent des confusions. (voir l'article sur la signification : → Le lien est dans la présentation.)
Être propriétaire de quelque chose nécessaire pour leur existence à d'autres personnes ne devraient pas être une possibilité. Être propriétaire de l'air de l'eau ou directement ou indirectement de la nourriture nécessaire aux autres êtres vivants et particulièrement humains, devraient être proscrits. La propriété du sol devrait donc être proscrite si le sol produit des aliments ou s'il charrie de l'eau ou la filtre. Si le propriétaire est censé faire ce qu'il veut de son terrain, on ne peut l'autoriser à le polluer, ou en faire quoi que ce soit d'autres puisque ce terrain peut servir à l'alimentation d'autrui. Le problème est identique avec les Nations. Le Brésil par exemple possède l'Amazonie et ses arbres qui sont un bien public mondial nécessaire à la Vie mondiale ; le Brésil ne devrait pouvoir en faire ce qu'il veut.
Si la propriété c'est le vol alors vous ne pouvez accaparer un bout de terrain aussi petit soit-il. Vous ne pouvez prendre une tomate qui a poussé sur ce terrain et résultat de l'acquisition par la tomate des éléments du sol qui sont ce terrain. En mangeant la tomate nécessaire au maintien de votre corps en état de fonctionner vous devenez une parcelle de ce terrain. Vous vous êtes approprié le terrain et en êtes une partie que vous ne pouvez rendre (telle qu'elle). Vous ne pouvez vivre sans vous approprier un bout de terrain.
Si la propriété, c'est le vol ; alors le territoire national est une propriété volée (à qui ?) (D'ailleurs d'après la définition cette propriété n'a été soumise à aucun contrat, la nation est donc effectivement un territoire volé.). Et si la propriété du territoire national est du vol alors tous les sous-ensembles de propriétés des particuliers à l'intérieur de la nation sont également du vol. Les nationaux que nous sommes tous (en France par exemple) sont propriétaires collectivement de la Nation ; et nous en sommes également les fermiers. Nous sommes donc à la fois propriétaires et locataires fermiers de la Nation. N'est-il pas étrange de devoir acheter une parcelle de terrain dans ce terrain national qui nous appartient déjà de naissance quand nous voulons nous établir ? Ceci est en quelque sorte une sous-propriété, l'équivalent d'une sous-location. Chacun sait effectivement que l’État peut déloger par simple DUP un propriétaire quand il a besoin du terrain pour un tracé de route par exemple. (En nous revendant un bout de terrain que nous possédons déjà l’État nous gruge.)
Proudhon se demandait comment nous rendre tous propriétaires, mais dans une Démocratie véritable nous le sommes, n'est-ce pas ? Pourtant je n'ai vu nulle part l'étiquette de mon nom posée sur une parcelle du terrain national !
Proudhon comme la grande majorité des philosophes ne remet pas vraiment en cause le système. Il bidouille la logique humaine. Il tente de démêler quelques nœuds du système, mais il ne sort pas du système. Il ne cherche pas à voir (du moins ne l'a pas vu) d'où vient réellement le problème humain. Pendant que Proudhon remettait en cause la propriété, Darwin inventait l'évolution et remettait en cause l'origine divine de l'humanité. Belle époque ! Aujourd'hui nous pouvons nous intéresser à la notion d'innocence d'exister qui devrait remettre en cause nos rapports individuels et nationaux... N'êtes-vous pas conscients de votre propre innocence d'exister ? N'êtes-vous pas conscient qu'à la base vous avez été « contraints » d'exister, que vous avez été mis devant le fait accompli de l'existence ? (que vous soyez rationaliste, athée, agnostique, croyant, ou autre !)
L'innocence d'exister peut-elle servir à démontrer, plus fondamentalement que ne le fait Proudhon, que la propriété est bien effectivement du vol ?
Pourquoi nous contraindre d'exister si c'est pour lutter contre nos semblables qui ont non seulement acceptés notre mise au monde, mais qui l'ont demandé pour que nous leur servions d'associés contraints (esclaves compagnons d'esclaves) ? Pourquoi combattre pour acquérir des propriétés, une seule propriété ? Pourquoi se battre pour accaparer un coin de planète, alors que ce petit coin aurait dû être préparé largement à l'avance pour nous accueillir ? Sommes-nous humains ou bien de simples bestioles territoriales ? Et pourquoi fabriquer plus d'humains que nécessaire, mais nécessaire à quoi au juste ? N'est-ce pas la quantité d'humains qui crée le besoin d'accaparer un bout de territoire pour empêcher d'autres de nous le voler ? Mais pourquoi accaparer un coin de planète si nous étions peu nombreux ?
Pouvez-vous trouver une seule raison valable de pérenniser l'humanité ou la société, qui sont l'une comme l'autre non pérenne en finalité ? Nous servons à pérenniser le non-pérennisable ! Réfléchissez bien. Vous n'existez pas, puis vous êtes « fabriqués ». Pour quelle raison ? Pour quoi assembler des éléments de l'univers pour constituer la vie si brève d'un enregistreur acteur qui enregistre ses propres actions avant de disparaitre ? Plus nous sommes nombreux, moins nos actes modifient le système culturel qui évolue et disparaitra avec la société et l'humanité ; plus nous sommes nombreux moins l'individu a d'impact social moins il est important culturellement. Notre compréhension aussi parfaite que possible de l'univers ne servira à rien au final. Le principe d'existence d'une entité consciente, sensible, et intelligente est franchement absurde.
Vos parents ont la propriété de leurs corps et se permettent donc de lancer votre construction partant d'éléments qui les constituent eux-mêmes, ovule et spermatozoïde. Il faudrait donc en déduire que puisque ces cellules initiales ainsi que le mécanisme de réplication de l'ovule leur appartiennent vous devriez leur appartenir une fois votre construction terminée. Si vous fabriquiez un bébé in vitro ou un clone de vous-mêmes, vous appartiendraient-ils ? Ce seraient pourtant de véritables fabrications dont tous les éléments initiaux vous appartiennent ainsi que l'ouvrage effectué ! Mais les parents ne peuvent se résoudre à cela puisqu'eux-mêmes devraient appartenir à leurs propres parents, qui eux-mêmes, etc... 
Un propriétaire de terrain est d'abord propriétaire du lieu géographique ; une parcelle bornée sur le territoire national. Est-il propriétaire de la matière située sur ce lieu ? Je pense que dans les conditions actuelles de surpopulation nous avons le « droit » de ne pas être délogé d'un lieu pendant la durée de notre vie, ce qui n'est pas équivalent à être propriétaire du sol. Je ne suis pas propriétaire de l'air que je respire mais la société doit me laisser respirer de l'air sain sans que j'ai à l'acheter. Il devrait en être de même pour tout ce qui permet de maintenir un corps en vie, aliments sains et eau saine. Je ne suis pas propriétaire de mon corps, je suis ce corps, et j'ai le droit à ce qu'il fonctionne au mieux constamment (la société devrait en être garant puisqu'elle m'a imposé l'existence dans le but de m'associer d'ailleurs sans mon consentement). Mais si je perds un membre, une partie utile de mon corps, j'en suis le propriétaire ; et c'est le seul cas de propriété effective que nous devrions avoir. Mais nous sommes si nombreux sur Terre que chacun jalouse celui qui s'est accaparé un lieu. Tous les problèmes humains sont causés par le nombre d'humains. Nous sommes trop nombreux. Et puisqu'un seul être humain n'a pas de raison d'être en soi, en quoi cette multitude est-elle nécessaire ?
Si le sol appartient au propriétaire, alors les aliments fabriqués sur ce sol par ce sol lui appartiennent, et restent indéfiniment sa propriété puisque le sol reste sa propriété. Mais comme j'achète la nourriture donc une partie du sol du propriétaire, je deviens donc propriétaire de ce sol qui constitue mon corps. C'est comme si un arbre devait acheter le terrain sur lequel il pousse. J'ai donc acheté mon corps, ce qui est interdit par la loi. Un homme ne peut s'acheter pour s'émanciper. Acheter sa nourriture, c'est acheter sa liberté, c'est vouloir constamment sortir de l'esclavage sans jamais y parvenir. Mais puisqu’il est interdit qu'un humain soit esclave donc appartienne à un autre, alors le sol, générateur et précurseur de personnes humaines, ne peut appartenir à personne. Et les aliments, dont l'eau et l'air, doivent être dispensés librement.
Il faut donc bien admettre que pour l'essence même de la vie, l'humanité a renoncé à la notion de propriété. Un être humain ne peut appartenir à un autre être humain. La propriété d'un autre être humain est non seulement interdit par la loi et les droits de l'homme, mais cela est considéré comme de l'esclavage. (Cela est écrit hypocritement, mais ce n'est pas dans les faits puisque tous nous achetons nos corps après avoir été contraints d'exister pour servir.)
Nous sommes beaucoup trop nombreux sur Terre et cela conduit à des situations et des systèmes inextricables. Nous sommes possédés indirectement au moyen de l'argent puisque nous sommes contraints par les besoins de notre corps à nous acheter nos aliments donc notre propre vie. Le capitalisme nous a réduit à ça. Si ce n'est pas de l'esclavage, qu'est-ce que c'est ? Les propriétaires de l'argent (les voleurs de cet argent), les capitalistes et les dirigeants de Nation sont nos propriétaires. Ils nous volent notre vie en nous contraignant à l'acquérir par notre travail. C'est un échange par du chantage, sans le dire ouvertement, « tu bosses ou tu souffres » ! Ils nous taxent et nous imposent notre travail ; pas notre argent, notre travail, donc notre vie, donc notre corps. 
Notre travail c'est notre temps de vie, c'est notre corps qui travaille. Ce n'est pas un concept abstrait qui est au boulot. Quand notre corps (notre tête) travaille, il est au pouvoir de celui qui le fait travailler. Nous sommes pendant notre temps de travail la propriété de nos patrons. Et puisque nous sommes soumis à ce devoir par besoin, par souffrance donc par chantage à la douleur, nous sommes bien des objets non libres appartenant à d'autres personnes. Un pourcentage de liberté n'est pas de liberté du tout. Notre corps nous est volé. La vie, qui nous a été imposée pour servir, sert bien effectivement à la société. Nous sommes des propriétés sociales. 
La propriété de notre corps par d'autres que nous-mêmes est non seulement du vol, mais de l'esclavage. Pourtant la société interdit l'esclavage, même indirect. Nos vies, que nos parents prétendent nous avoir « donné », nous sont volées par la société qui fait les lois disant que l'esclavage et le vol sont interdits. C'est aberrant.
Vous n'appartenez ni à vos parents ni à la société. Ils n'ont aucun droit sur vous, aucun droit de propriétaire ; la Loi le dit, les Droits humains le disent. Et pourtant, essayez-donc d'échapper à la propriété sociale n'importe où sur la planète ! En France vous ne pouvez vous nourrir sans travailler, et si vous travaillez vous êtes imposés, c'est-à-dire qu'une part de votre travail donc de votre temps donc de votre corps est accaparé sans votre autorisation par l’État. Vous appartenez donc de fait à la société. C'est de l'esclavage indirect (car sans le dire) qui devrait donc être aboli comme tout esclavage puisque la Loi l'affirme. La société vous a volé vous, comme on vole un objet. À qui vous a-t-elle volé ? Réponse : à vous-mêmes puisque vous êtes également des sociétaires contraints. Vous êtes des voleurs volés. Il ne tient qu'à vous de mettre à bas ce système. Cessez donc d'enfanter pour rien. Et pour commencer, cessez d'enfanter sans comprendre la magouille générale.
Vous avez été contraints d'exister. On ne contraint pas le libre arbitre; vous n'avez donc pas de libre arbitre (l'existence du libre arbitre n'est pas une décision démocratique, c'est un fait ou pas démontré éventuellement par la science), mais vous êtes innocents d'exister et innocents de toutes les âneries que vous faites au cours de votre vie; y compris par ceux-là mêmes qui vous contraignent le plus (dirigeants et capitalistes qui sont donc innocents des crimes qu'ils commettent). Vous ne pourrez vaincre le système et l'arranger que lorsque vous l'aurez compris et admis.
Nous sommes passés de sujets (de sa majesté) à sociétaires (d'une Nation). Nous avons donc acquis l'autonomie entre associés. Cette autonomie entre associés nous confère (si nous acceptons l'association puisqu'elle est contrainte) des droits et des devoirs (notre liberté cesse où commence celle des autres). Proudhon comme tous les philosophes a oublié la contrainte initiale qui nous est faite d'exister. Nous ne sommes plus des sujets, mais des êtres libres et des associés. Nous devons donc dans cette acceptation de la liberté et l'acception de ce système libertaire remettre en cause tous nos rapports humains en commençant par l'initiation non désirée par chacun d'entre nous d'exister. Nous avons tous été mis devant le fait accompli de l'existence, et tel que nous sommes, animal humain et pas dieu. Nous ne sommes propriétaire de rien, mais nous avons le droit de survivre en tant qu'humain puisque désirés par des associés existants, c'est-à-dire riche de notre héritage commun. Ceux qui existent doivent préparer l'existence aussi parfaite que possible de ceux qu'ils vont contraindre à exister pour le service social, éventuellement comme partenaire ; sinon ne faites pas d'enfant, ne faites pas d'associés qui ne désirerait pas s'associer parce que la vie que vous leur proposez est par trop stupide.
Nous sommes tous égaux et associés de naissance, et personne n'appartenant à personne signifie que les parents ne possèdent pas leurs enfants qui perdent donc ainsi leur lien privilégié avec leurs géniteurs. Cela devrait conduire dans une communauté nationale à l'abolition de l'héritage par privilège de naissance, puisque si les parents ne sont pas propriétaires des enfants la réciproque est vraie, ce qui implique que les enfants ne sont pas propriétaires de la propriété des parents. La société a déjà aboli le droit d'ainesse qui devrait par le principe d'association aboutir au même résultat qu'est l'abolition de l'héritage. La notion de famille est reconnue par le tutorat privilégié des parents sur leurs enfants, mais ça n'est pas une propriété, le tutorat peut leur être enlevé. Il y a une meilleure solution a l'héritage particulier, c'est l'héritage national puisque nous avons tous été contraints d'exister pour servir la société. Nous sommes tous héritiers de la culture humaine et devrions en toucher notre part. Nous devrions toucher dès la naissance un Dû Minimum d'Existence (DME) ; ce serait la moindre des choses en tant qu'humain pour nous éloigner de notre origine bestiale. 
Essayez plutôt d'inviter autrui à exister !

Fin – E. Berlherm


Notes sur Proudhon – La propriété : 
Proudhon - La propriété : "...la loi est la règle selon laquelle les besoins sociaux doivent être satisfaits ; le peuple ne la vote pas, le législateur ne l'exprime pas : le savant la découvre et la formule." 
→ Je confirme et ajoute : Je ne suis pas un savant, mais il est une vérité absolue, c'est que nous sommes tous contraints d'exister (avec toutes les implications de la contrainte) pour les besoins sociaux (avec toutes les implications de l'association) et que nous sommes innocents d'exister (avec toutes les implications de notre innocence absolue). La loi doit être faite dans ce sens.

Proudhon - La propriété : "Quelle que soit donc la capacité d'un homme, dès que cette capacité est créée, il ne s'appartient plus ; semblable à la matière qu'une main industrieuse façonne, il avait la faculté de devenir, la société l'a fait être. Le vase dira-t-il au potier : Je suis ce que je suis, et je ne te dois rien ?" 
→ Proudhon a pris les choses à l'envers du fait de la religiosité ambiante, ce n'est un bénéfice pour personne d'avoir été fabriqué pour servir. Aucune personne n'est fabriqué parfait, ni éduqué parfaitement, ni installé dans un monde parfait. De quel droit fabrique-t-on une personne ? De quel droit en plus s'autorise-t-on à la fabriquer avec toutes ces imperfections ? Une personne a tous les droits d'en vouloir à la personne et ses associés complices qui l'ont fabriqués. Toute personne peut donc dire : « Je ne suis pas un vase, je suis un être sensible et conscient. Je te dois mes imperfections et la merde dans laquelle tu m'as mis. Je ne suis que ce que je suis, et si je suis, et si je ne suis que cela, c'est ta faute. Je ne t'ai rien demandé. Tu m'as mis devant le fait accompli de l'existence. C'est toi qui me doit tout puisque tu m'imposes l'existence, et que tu te prends pour un être humain, donnes-moi cette existence et dans les meilleures conditions. Sinon garde-toi de moi. Je ne suis l'esclave et l'obligé de personne encore moins de toi et tes complices. La vie n'est pas un don, et pour beaucoup la vie est un supplice.

Proudhon - La propriété : « En effet, si aux termes du pacte social, la propriété a pour condition l'égalité, du moment où cette égalité n'existe plus, le pacte est rompu et toute propriété devient usurpation. » 
→ à la naissance nous sommes tous égaux, et tous au pied du mur. Nous avons tous le droit de l'escalader (le droit, mais pas forcément les capacités). Ce mur est pyramidal et chacun a le droit de tenter de parvenir au sommet. Mais nous ne naissons pas tous en même temps, et quand nous naissons, un autre est déjà au sommet de la pyramide et la plupart sont déjà loin au-dessus de nous. Où est donc l'égalité ? Sans parler des nombreux handicaps de naissance et qui surviennent au cours de la vie, et de l'envie que l'on peut avoir d'escalader le mur ; tout le monde n'a pas le goût de l'escalade. Si vous êtes mis au pied du mur sans votre accord, êtes-vous tenu de grimper ?

Proudhon - La propriété : « Sur l'enseigne de ces magasins somptueux que son indigence admire, le travailleur lit en gros caractères: c'est ton ouvrage, et tu n'en auras pas ; Sic vos non vobis ! » 
→ C'est toi qui a fabriqué ce yacht mais tu ne navigueras jamais dessus. C'est toi qui a bâti ce palais mais tu n'y vivras jamais. C'est toi qui a construit cette Rolls, mais tu n'as droit qu'à un clou. C'est toi qui a produit ce caviar, mange donc des navets.

Proudhon – Théorie de la propriété (1866) : « La Constitution républicaine de 1793, qui a défini la propriété : « Le droit de jouir du fruit de son travail, » s’est trompée grossièrement ; elle devait dire : La propriété est le droit de jouir et de disposer à son gré du bien d’autrui, du fruit de l’industrie et du travail d’autrui. » 
→ Proudhon pouvait aller plus loin en disant que disposer du travail d'autrui c'est être propriétaire d'autrui.

Fin

mercredi 28 octobre 2020

Einstein - Pourquoi le socialisme ?

Remarques :

Comme vous allez le voir dans le texte d'Einstein sur le socialisme, il ne va pas s'occuper de la contrainte d'existence donc de l'innocence d'exister. C'est un étrange oubli pour une personne qui recherchait le fondamental en science. Ce « grand » physicien a fait trois enfants dont deux étaient très gravement handicapés. Pourquoi promouvoir n'importe quelle idéologie quand on n'est pas capable de réfléchir au fondement de l'existence qui est une contrainte ? Comment ne pas remarquer que cette contrainte rend innocente chaque personne ? Comment ne pas passer de cette contrainte et cette innocence à un mode de vie moins rébarbatif pour les humains ? Pourquoi obliger un autre humain à vivre dans une société dont on reconnait qu'elle est mauvaise puisqu'on veut la changer ? Comment un scientifique, un penseur comme Einstein n'a-t-il pas compris l'inutilité de l'existence ?

« Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? » dit un interlocuteur d'Einstein. Je réponds : personne ne peut s'y opposer puisqu'elle est inéluctable par simple évolution ou par la fin du système solaire ou celle de la galaxie ; rien n'est pérenne dans l'univers, et cela, Einstein devrait le savoir. On ne peut donc être que pour la continuité à court terme et pour la souffrance de milliards d'êtres qui inévitablement souffrent et meurent (pour rien) du simple fait d'exister. Et même la science ne sert à rien puisque la mémoire disparaitra avec l'humanité (et ses successeurs si elle en a).


Albert Einstein - Pourquoi le socialisme ? (1949)

Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ? Pour de multiples raisons je crois que oui.

Considérons d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement social.

Mais la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait « la phase de rapine » du développement humain. Les faits économiques qu’on peut observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière sur la société socialiste de l’avenir.

En second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent la lente évolution de la société.

Pour ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.

D’innombrables voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même, prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus mon visiteur me dit tranquillement et froidement : « Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? »

Je suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?

Il est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.

L’homme est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité. Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept abstrait de « société » signifie pour l’individu humain la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société. C’est la « société » qui fournit à l’homme la nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ; sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de « société ».

Il est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu à la société est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer un rôle.

L’homme possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine, à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société. L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.

Si nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence, une extrême division du travail et une organisation de production très centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire de production et de consommation.

Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance à la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.

L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.

Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler « ouvriers » tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est « libre », ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.

Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.

La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants : premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de « contrat de travail libre ». Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme « pur ».

La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une « armée » de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.

Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.

Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.

Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?

La clarté au sujet des buts et des problèmes du socialisme est de la plus grande importance à notre époque de transition. Puisque, dans les circonstances actuelles, la discussion libre et sans entrave de ces problèmes a été soumise à un puissant tabou, je considère que la fondation de cette revue est un important service rendu au public.

 Fin


Notion de responsabilité

Certaines inventions plombent l'humanité parce qu'elles nuisent à la science et la retardent. La seule invention de la responsabilité bloque la progression de la science. Et en bloquant la science, elle bloque la société qui n'avance pas dans la bonne direction ou fait du surplace. D'autres inventions sont directement associées à cette responsabilité, celles de non-déterminisme et celle de libre arbitre. Les scientifiques font de l'autocensure sur ces notions. La société en pâtit.
La censure comme l'autocensure sont de la dictature donc de l'esclavagisme, puisque l'autocensure conduit à interdire aux autres un savoir jugé dangereux ou inapproprié pour certaines personnes. Qui a le droit de juger qu'un savoir qu'il possède est inapproprié pour autrui ? La société ne peut profiter de leurs avancées qu'indirectement et par la périphérie.
Quand un scientifique démontre le déterminisme de l'univers, la pression populaire est telle que les politiciens, qui pourraient être convaincus et devraient l'être, ne peuvent utiliser cette vérité fondamentale. Il en va de même pour la responsabilité et le libre arbitre. Les politiciens préfèrent le statuquo de l'emprisonnement ou l'exécution des personnes culpabilisées à la solution éducative.
Pourtant il suffit de dire que le doute profite à l'accusé. Doute sur la réalité du déterminisme, de la responsabilité, et du libre arbitre puisque jamais aucune démonstration officielle n'a été reconnue. Or pour un avocat il suffit qu'il utilise ce doute sur l'existence de la responsabilité, du libre arbitre et du déterminisme pour innocenter son client. Qu'est-ce que ça lui en coute de ne pas utiliser ce doute ? Pourquoi fait-il de l'autocensure ? La loi ou la pression judiciaire rend-elle muette une personne que l'on surnomme un « bavard » ? 
Le chien, le chat, le crocodile, l'éléphant, et même le dauphin, ne sont pas responsables, ne sont pas censés avoir un libre arbitre. Ils sont pourtant aussi libres que leurs potentiels physiques et la Nature les autorisent. Ils agissent conformément à la Nature et leur nature. 
Quand un bébé casse une assiette, les parents ne lui collent pas l'étiquette « responsable » sur le front ; ils tentent de lui apprendre les bons gestes et le contrôle de soi progressivement. Alors si l'enfant n'est pas immédiatement responsable dès sa naissance, quand donc gagne-t-il cette responsabilité, si c'est un gain ? Comment celle-ci lui est-elle attribuée par ses parents et la société, et comment ça marche ? 
Comment la science fait-elle une démonstration rigoureuse, précise, logique, mathématique, algorithmique, de l'acquisition de la responsabilité ? Comment les réseaux neuronaux s'agencent-ils pour fabriquer de la responsabilité et du libre arbitre alors qu'il n'y en avait pas au départ ? S'il n'y en avait pas au départ et qu'il existe un moyen d'installer cette responsabilité dans la tête d'un enfant, comment les humains s'y prennent-ils ? Est-ce que la responsabilité s'apprend comme la table de multiplication ? S'apprend-elle comme le langage ? Y a-t-il des règles d'acquisition ? Est-ce que c'est aussi simple ? Personnellement je n'ai jamais désiré apprendre la table de multiplication, mais on me l'a imposé. Dois-je apprendre la responsabilité et le libre arbitre de la même façon ? Contraint et forcé ? Suis-je responsable de ce que l'on me contraint de faire ? 
Pourquoi me contraindre à exister dans votre monde sordide, de règles sordides ? Vos lois ne disent-elles pas que ce qui est contraint n'est pas punissable ? La vie étant contrainte, tout ce qui s'ensuit n'est pas punissable. D'ailleurs, pourquoi fabriquer une existence qui n'a d'autre utilité que satisfaire l'impulsivité procréative ? (voir l'article « Pérenniser l'espèce humaine »)
Êtes-vous certains, vous les adultes sociaux, de savoir comment installer quelque chose que vous ne savez pas décrire dans la tête d'un enfant ? Est-ce faisable ? Peut-on acquérir responsabilité et libre arbitre ? Pourquoi devrais-je acquérir ces « fonctions » mentales, ces potentiels pour faire plaisir à la société et me faire punir quand je n'agis pas selon les règles sociales, alors que je n'ai signé aucun engagement social ? J'ai été contraint d'exister. Je suis donc innocent d'exister. Et vous voulez me coller sur le dos vos erreurs et vos fautes de croyants ?
Il est criminel d'enfermer des personnes qui n'ont pas demandé à exister et que vous accusez d'être responsables de méfaits, alors qu'elles ne sont pas responsables, tout simplement sans responsabilité aucune puisque l'univers est aresponsable d'exister ainsi que tout ce qu'il induit (donc la vie et nous-mêmes). C'est un crime de les enfermer. Elles sont innocentes d'exister et de tous leurs actes. La peine de mort est un acte social criminel. La peine de privation de liberté est également un acte criminel de la société, un acte de torture. L'abolition de la peine de mort doit être suivie de l'abolition de la punition, car c'est le principe de la peine qui est non seulement stupide, mais absurde. S'il est interdit de gifler son propre enfant, on comprend pourquoi puisque cela conduit l'enfant à en faire autant par mimétisme (et qui gifle un œuf gifle un bœuf), il doit être interdit de punir son propre associé (qui n'a signé aucun contrat social), car il en fera autant.
Vous n'avez aucune responsabilité. Savoir que vous n'êtes responsable de rien modifiera rétroactivement votre comportement et le comportement social. C'est ainsi que nous apprenons et que nous évitons les erreurs. Quand l'erreur est grossière, elle peut être calamiteuse. Cette erreur que nous commettons socialement sur la responsabilité et le libre arbitre est énorme. L'éducation individuelle est absolument mauvaise. Le comportement résultant de la société, des sociétés humaines en sont la démonstration. Notre histoire en est la preuve. Notre surpopulation en est la preuve. Nos pollutions en sont la preuve. La vérité ne dérange rien, elle arrange.
Voir l'article « responsable ou aresponsable » et celui sur la « vérité » (et les autres), les liens vers ces deux articles sont dans la présentation.
Fin – E. Berlherm

mercredi 21 octobre 2020

La caricature vaincra

Définition selon le dictionnaire de l'Académie française : 

« CARICATURE nom féminin. XVIIIe siècle. Emprunté de l’italien caricatura, proprement « action de charger, charge ».

1. Image satirique dans laquelle on représente d’une manière humoristique, bouffonne, grotesque, des personnages qu’on veut tourner en dérision.

2.  Image, représentation déformée, outrée, mensongère de la réalité. »

Les caricatures pourraient être éventuellement du blasphème si l'objet de ce blasphème n'était pas issu des élucubrations humaines. Qui a décrété que Mahomet était un prophète, c'est-à-dire l'envoyé d'un dieu (comme l'affirment les musulmans), ou Jésus le fils d'un dieu, ainsi disent les chrétiens ? Ce dieu qui lui-même est une élucubration humaine. Ce n'est pas ce dieu issu de la mentalité hallucinée de milliards d'humains qui a désigné Mahomet comme prophète puisque c'est Mahomet qui est censé parler pour émettre les paroles d'un dieu toujours muet. Ce dieu qui aurait créé l'univers (ça a dû faire du bruit à l'époque) a sans doute perdu ses cordes vocales. Il n'y a que des humains pour dire des mots qu'un dieu n'aurait jamais osés prononcés tant elles sont stupides. Nous rationalistes, nous le savons bien, et devons lutter par tous les moyens contre les billevesées gravées dans la tête vierge des petits humains, qui ensuite mal renseignés sur la réalité du monde font d'énormes conneries.

Si je fais un doigt d'honneur à un policier, je risque fort d'avoir quelques ennuis, car le policier est réel, bien vivant. Ceux qui blasphèment ne peuvent être que des croyants, puisqu'on ne peut blasphémer que contre un être existant. Or je ne suis pas croyant. Pour moi les dieux sont des ennemis imaginaires (voir ma démonstration sur l'impossibilité des dieux). Quant aux dessinateurs de caricatures (Charlie et sa nombreuse hilarante compagnie), il faut leur demander s'ils le sont (dans la religion caricaturée) pour déterminer s'ils sont effectivement des blasphémateurs.

Donc qui a désigné Mahomet comme prophète si ce n'est pas un dieu muet ? Eh bien, ça ne peut être que des personnes qui sont soit elle-même des supérieurs de Mahomet, donc au moins des prophètes eux-mêmes (ce qui est absurde on vient de le voir avec Mahomet), soit des humains tout à fait normaux donc tout à fait inaptes à adouber Mahomet comme prophète. Donc, CQFD, Mahomet (comme Jésus) n'est le prophète de rien du tout. Et vous pouvez sans regret et sans remords caricaturer tous ces êtres imaginaires comme vous le feriez du père Noël.

Mahomet étant mort depuis belle lurette et des poussières, il n'a aucun ordre par l'intermédiaire du Coran, à donner à des vivants (Lire Thomas Paine « Rights of man » à ce sujet ou ma traduction sur YouTube →  « La vanité et le principe de gouverner au-delà de la tombe sont la plus ridicule et la plus insolente de toutes les tyrannies. »). Les religions et les lois humaines ont toujours pour but de gérer les humains présents et à venir, comme s'ils avaient un droit sur le futur. Nous sommes gouvernés par des momies.

Le père Noël Mahomet ou le père Noël Jésus (c'est le même qui a voyagé dans le temps) n'a que deux cadeaux à offrir aux êtres humains qui n'ont pas demandé à exister (et sont donc innocents d'exister et de leurs actes), ce sont soit le paradis, soit l'enfer. C'est chouette la religion ! Et si vous ne me mettiez pas au monde, petite tête humaine ! je ne risquerais ni l'un ni l'autre. Comment pouvez-vous avoir oublié que nous avons tous été contraints d'exister ? Ce qui change la donne n'est-ce pas ?

Et que si nous rencontrions un tel idiot qui nous menace après nous avoir fabriqué encore plus stupide que lui, nous aurions le droit de l'envoyer lui-même dans son propre enfer et pire si possible. C'est d'ailleurs ce que vous pourriez faire à vos esclavagistes de parents, car ce sont bien eux qui vous ont installés dans la galère terrestre et vous menacent de l'enfer sans vous le dire, sans parler des lois sociales qui vous font chanter dès la naissance (bel accueil !).

Article à ajouter aux Droits de l'homme, de préférence, ou à la Constitution : « Nul ne peut faire prévaloir ses idées, son idéologie, ou ses croyances, pour déroger aux règles communes basées sur la réalité dont la définition est rédigée par la science. Les règles communes supplantent toute autre règle individuelle ou de groupe. »

Et je reprends deux paragraphes d'un article précédent intitulé «Pourquoi ai-je le droit de vanner à outrance la religion» :

La première est la défense des esprits innocents, des enfants qu’on a contraints d’entrer dans la vie et à qui l’on va enfoncer dans le crâne des absurdités. La religion, le créationnisme, les dieux, les prophètes, sont des absurdités religieuses qui ne doivent pas être inculquées à des enfants dont le cerveau est vierge de signification culturelle, et qui n’ont aucun moyen de juger de la pertinence de ce qu’on leur enseigne. 

La religion doit être un truc d’adultes uniquement et encore je ne le recommande pas, mais pas du tout. L’enfant ne peut pas choisir d’exister, ne peut pas choisir ses parents, ne peut pas choisir sa culture, et chaque parent peut farcir le cerveau de ses enfants de n’importe quoi comme si c’était un droit, mais ça n’en est pas un, car tout enfant mis au monde est notre associé, un associé humain dès sa naissance. Il n’est pas normal qu’on puisse lui gaver le cerveau de conneries, l’endoctriner.

La deuxième raison suit la première : j’ai été un de ces enfants dont les parents ont farci le cerveau de conneries, et comme ces conneries sont dans mon cerveau, dans ma mémoire, dans mon système nerveux, dans ma culture mentale, elles m’appartiennent, et j’ai donc parfaitement le droit de dire que ce sont des saloperies, et j’ai le droit de les traiter avec toute l’ironie que je veux, que je peux, c’est mon droit absolu puisque je ne peux gommer mon système nerveux. Et puis, c’est mon devoir et mon droit par l’article 19 des Droits de l’Homme, et par nécessité de justice et d’équité, de dire à mes associés humains sur cette planète qu’on leur raconte des conneries. J’ai le droit de le faire par tous les moyens à ma disposition, et bien sûr avec toute mon ironie. 

Je rappelle que la Bible, le Coran, sont des magazines comme les autres, comme Charlie hebdo, et que les absurdités qu’ils propagent doivent être contrôlées, quand il s’agit d’apologie de la violence, du sexisme, du racisme, etc. La Bible et le Coran, pour leurs auteurs et leurs défenseurs, se vantent d’être des livres sacrés, et même des livres d’Histoire, ce qu’ils ne sont pas. N’importe qui peut prétendre que Charlie hebdo ou n’importe quel autre écrit est un livre sacré. La prétention n’est pas la réalité.

Les quelques islamistes sont potentiellement les ennemis de plusieurs milliards d'humains. Ces « don Quichotte » pourraient être très marrants si leurs moulins à vent n'étaient pas de vraies personnes sensibles, conscientes, intelligentes et ayant des familles.

Ma contribution à la caricature arrive... 

Pour chaque meurtre islamiste, un milliard de (pseudo-)caricatures, ils ne peuvent pas être gagnant au change, Momo et Jéshulk vont se fatiguer, poursuivez :


L'école des ânes


Fin – E. Berlherm



samedi 17 octobre 2020

Pérenniser l'espèce humaine

Vouloir pérenniser le non pérenne n'a aucun sens. Or, rien n'est pérenne, car tout se transforme dans l'univers. Il ne sert donc à rien de vouloir pérenniser l'espèce humaine à court ou moyen terme puisque le but de la pérennisation est une sorte d'immortalité. Nous faisons progresser nos connaissances sur nous-mêmes et l'univers pour les transmettre, mais à qui? Or, au final, nos progrès et nos savoirs disparaitront avec nous.

L'univers visible n'est pas pérenne, la galaxie n'est pas pérenne, le système solaire n'est pas pérenne. La planète Terre n'est pas pérenne. La Vie n'est pas pérenne. Les espèces ne sont pas pérennes. L'humanité n'est pas pérenne. Les sociétés ne sont pas pérennes. Les nations ne sont pas pérennes. Les cultures ne sont pas pérennes. La vie d'une seule personne n'est pas pérenne. Un assemblage de choses non pérennes est évidemment non pérenne. Pourquoi vouloir pérenniser quelque chose qui ne l'est pas ? Pourquoi se battre pour pérenniser quelque chose qui ne l'est pas ? Et pourquoi vouloir faire cette stupidité, ce non-sens, dans la violence et la souffrance ? 

Pourquoi faire des enfants si le but est de pérenniser quelque chose qui ne l'est pas, ne peut pas l'être, ne le pourra jamais ?

Une personne qui a été mise au monde, à laquelle on a imposé l'existence sans lui demander son avis, doit subir cette existence en commençant par le commencement c'est-à-dire l'enfance pendant laquelle ses éducateurs tentent d'installer dans son intellect tout le nécessaire pour être un citoyen modèle sans y parvenir toujours. Le meilleur moyen pour réussir étant de jouer sur la crainte de l'autorité entremêlée avec l'amour parental, également jouer sur la peur de souffrir, sur la frayeur de la mort, ainsi que sur le mérite et la récompense, et surtout l'empêcher de se poser certaines questions sur les raisons de son existence (éviter les questions qui fâchent). Une éducation subtile pousse l'enfant, puis la personne, à la recherche de la normalité. Un juste milieu et c'est quasiment gagné. Qui veut souffrir pendant sa courte existence ?

Donc, l'individu mis devant le fait accompli d'exister se dit, quand il a compris l'absurdité de la chose, qu'il n'a plus qu'à poursuivre jusqu'au bout, et avec un peu de curiosité sur l'aboutissement d'une vie, il va laisser aller la machine. Quand ça n'est pas trop dur, il n'y a qu'à se laisser vivre.

Une espèce n'est pas une entité mémorielle, ni consciente, ni sensible. Une espèce ne souffre pas. Une espèce se développe, croît, et disparait sans souffrance. Ce n'est pas une mort, c'est une disparition, une dilution dans le néant. Les particules (humaines) disparaissent petit à petit et puis ne se renouvèlent plus. Qu'elle disparaisse plus ou moins rapidement ne change rien. La souffrance de l'espèce est nulle, au contraire de celle des individus.

Il ne sert à rien de multiplier les individus d'une espèce non pérenne pour leur faire ressentir souffrance et mort. Ce ne sera jamais une expérience profitable à un éventuel successeur. La souffrance de l'homme préhistorique ou de Neandertal ne me fait actuellement ni chaud ni froid. Je ne ressens rien de leurs douleurs. Cromagnon a subi pour nous les affres de l'existence. Il avait une culture très écologique, l'a transmise, et pfuitt ! disparue avec lui. Et si on la pérennisait, qu'en pensez-vous ? (je blague)

Toute personne à qui l'on impose d'exister devrait au moins pouvoir vivre avec un corps sain et un intellect sain, sur une planète saine et non belliqueuse, et d'y mener gratuitement une vie longue et intéressante. Il est plus important de faire cesser le malheur et surtout de ne pas en rajouter, que de ménager les personnes. L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister ni d’aucune de nos actions au cours de l’existence.

Nous sommes innocents d'exister, toujours, et toujours innocents de nos actes.

Fin – E. Berlherm

jeudi 15 octobre 2020

La peine de mort est stupide

Voici les arguments proposés un peu partout sur le web contre la peine de mort (ils sont parfaitement valables, mais l'argument le plus rationnel, le plus logique et le plus fondamental n'est jamais utilisé. Je vous en parle plus loin.) :

« La peine de mort est injuste, inhumaine, inutile, et arbitraire. La peine de mort ne lutte ni contre la criminalité ni contre le terrorisme (je rajoute ni contre les guerres). La peine de mort ne vaut pas mieux que l'enfermement à vie, l'annonce de la peine de mort est toujours une torture. Les gens favorables à la peine de mort sont ignorants des arguments qui s'y opposent et évidemment celui que je propose, que les gouvernements ne connaissent pas non plus. Aucune autorité ne saurait décider de la mort d’un être humain. La peine de mort est irréversible, or les humains sont toujours faillibles. Le criminel éliminé ne peut s'amender, ne peut être rééduqué, la société perd ainsi un moyen de savoir si l'on peut guérir un criminel et de trouver la méthode. Ce sont presque toujours des personnes défavorisées qui sont condamnées. Si tuer est un crime alors le gouvernement est criminel en tuant un criminel. La peine de mort n'est pas dissuasive... » 

La peine de mort est simplement et irrémédiablement stupide pour la raison suivante :

L'humanité se fabrique elle-même, et n'étant pas toujours satisfaite de ce qu'elle fait (les individus qu'elle fabrique sans leur accord), elle les accuse de certaines de leurs conduites qu'elle n'admet pas dans ses règlements. Elle punit les individus qui transgressent ses lois alors que c'est elle qui a fabriqué ses personnes en toute connaissance de cause (et d'effet). Cela fait des millénaires que l'humanité lance la fabrication des personnes dont elle loupe et la fabrication et l'éducation et ne parait pas s'en émouvoir autrement en se remettant en cause.

Le mot « stupide » est parfaitement valide, puisque c'est l'humanité qui fabrique imparfaitement les individus qui la constituent ainsi qu'elle fait leur éducation imparfaite, puis les installe au milieu d'elle-même, une société humaine totalement imparfaite (nous le savons tous). 

On ne peut évidemment « punir » ce que l'on construit en totalité soi-même imparfaitement. Ne vaut-il pas mieux revoir ce qui ne fonctionne pas dans la fabrication et l'éducation ? Ne vaut-il pas mieux faire en sorte que la société, qui accueille, soit véritablement accueillante. Je ne demande pas le paradis, mais on pourrait faire beaucoup mieux pour accueillir les nouveaux arrivants n'est-ce pas ? Déjà qu'on les force à participer sans leur accord et qu'on les roule dans la farine en prétendant qu'ils sont responsables ! Il faut vraiment berner les gens à un point grandiose pour qu'ils oublient qu'on les avait contraints à exister...

Chaque individu est en fait « innocent d'exister », mais l'humanité n'en a pas encore compris la notion. Nous sommes tous innocents de nos crimes, mais nous punissons ceux que nous jugeons plus criminels que nous. C'est simplement une mise en scène morbide qui fait de l'humanité l'espèce la plus cruelle et stupide parmi toutes les espèces qui existent et ont existé. Mais elle n'est pas responsable de cette stupidité. Le changement viendra peut-être lorsqu'elle comprendra le sens de sa propre stupidité : construire imparfaitement et punir la chose que l'on a soi-même construit imparfaitement comme un besoin de démonstration de pouvoir, ce qui est un principe animal.)

Pour simplifier : l'humanité fabrique des êtres, d'un coup de baguette magique elle prétend leur accorder le libre arbitre, et de ce fait ils deviennent responsables de leur existence et de leur conduite. Même si la baguette magique avait fonctionné sur l'animal humain pour en faire un être exceptionnel, cela ne changerait rien au fait qu'il n'a pas demandé à exister et qu'il est donc innocent d'exister, donc de ses actes. Celui qui fabrique doit savoir fabriquer. Celui qui éduque doit savoir éduquer. La société qui accueille doit savoir accueillir et bien accueillir de préférence, surtout un invité forcé.

Toute personne à qui l'on impose d'exister devrait au moins pouvoir vivre avec un corps sain et un intellect sain, sur une planète saine et non belliqueuse, et d'y mener gratuitement une vie longue et intéressante. Il est plus important de faire cesser le malheur et surtout de ne pas en rajouter, que de ménager les personnes. L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister ni d’aucune de nos actions au cours de l’existence.

Nous sommes innocents d'exister, toujours, et toujours innocents de nos actes.


Fin – E. Berlherm


mardi 13 octobre 2020

Pro-Vie

Tout d'abord, il faut bien comprendre que la procréation et la vie ne sont pas éthiques (voir ma vidéo : « La procréation est la mère de tous les crimes », et le livre de David Benatar). La procréation est de l'esclavage ainsi que la mise en danger de la vie fabriquée pour le service des existants. Tandis que la vie elle-même est une vie de souffrance et de condamnation à mort. La vie est un toboggan fatal ou un couloir de la mort plus ou moins long. La vie est une torture mentale. La vie est une jungle humaine. La vie est du chantage permanent. Pour les croyants, la vie c'est la menace de l'enfer, et quant à la création d'Adam et Ève elle est le pire des actes immoraux d'un être que les croyants prétendent parfaits.

Personne n'a jamais désiré exister avant d'exister. Et personne n'ayant été construit imparfait sans l'avoir demandé ne peut se voir reprocher des actes quelconques dus à une existence qu'il n'a pas demandé dans un milieu aberrant qu'il n'a pas demandé. Aucun être parfait ayant fabriqué un être mortel imparfait alors que lui-même ne l'est pas ne reprocherait un meurtre à sa propre création. En créant l'être humain, ce dieu crée le crime, le vice, la bêtise, l'imperfection. Il n'a qu'à se reprocher à lui-même ses propres actes stupides, sa propre incompétence ou son sadisme.

Que signifie pro-vie ? Est-ce que cela signifie que l'on doit fabriquer de la vie sans conscience et sans éthique, juste dans le but de voir la vie grouiller sur la ou les planètes ? Ou bien est-ce que cela signifie que lorsque l'on contraint quelqu'un à exister, on doit faire en sorte que la vie de la personne va être saine, belle, longue et passionnante ? Pour simplifier quand on est pro-vie est-ce que l'on est favorable à la belle vie ou bien est-ce qu'on se fout de la vie de l'être que l'on fabrique, quelle qu'elle soit ? Pour être encore plus simple, est-ce qu'on est pour une vie de merde pour soi-même puisqu'on l'est pour la personne que l'on fabrique ?

Si pro-vie signifie antiavortement, pourquoi imposer l'existence à quelqu'un qui n'est pas désiré, à quelqu'un qui souffrira, et surtout à quelqu'un qui n'est pas encore quelqu'un, n'étant pas entièrement fabriqué et n'ayant ni sensibilité ni conscience et n'étant qu'un organe de la mère (puisqu'il ne peut y avoir deux personnes humaines en une) ? L'avortement n'est pas de l'euthanasie, ça se saurait. On ne pratique pas l'euthanasie d'une partie du corps d'une femme. (Je suis contre la peine de mort. Voir ma vidéo intitulée : « Argument fondamental contre la peine de mort ».)

Comment peut-on imposer à une femme de devoir se comporter de telle ou telle manière ? Car lui imposer de terminer sa grossesse, c'est lui imposer d'avoir un comportement relatif à son état physique et de prendre les précautions pour mener sa grossesse à terme : manger de telle manière, ne plus courir, ne plus danser, ne plus boire d'alcool, ne plus jouir de la vie comme elle le désire, etc. Revenons donc au Moyen-âge, ce sera plus franc ! Imposer sa conduite à une femme c'est être un dictateur esclavagiste. Et l'empêcher d'avorter légalement après quelques semaines c'est également de l'esclavage... Il n'y a pas d'enfant tant qu'il n'est pas né, tant qu'il n'est pas sorti du ventre d'une femme.

Pro-vie et pro-mort : être pour l'avortement n'est pas être pro-mort, puisqu’avorter n'est pas de l'euthanasie. Encore une fois, cela se saurait. Aucune culture n'a jamais assimilé l'avortement à de l'euthanasie et n'a condamné une femme de meurtre pour cette raison. L'avortement n'est pas une mise à mort, ce n'est qu'une opération chirurgicale chimique ou mécanique sur un organe normal de la femme. L'embryon et le fœtus sont avant tout un cancer qui, quand il n'est pas expulsé, tue la femme. L'expulser plus tôt que naturellement n'est qu'un progrès de la science.

L'avortement est un acte humain et n'est donc pas inhumain au contraire de ce que proclame le pape François, car les animaux, eux, n'avortent pas. Les lions tuent les lionceaux, mais n'ont jamais commis de génocides, ni pratiqué l'Inquisition.

Avorter selon la croyance chrétienne, c'est envoyer une âme innocente au paradis. Où est le mal ? À vrai dire, plus une femme avorte plus elle envoi d'âmes innocentes au paradis. Alors, mesdames, avortez autant que vous pouvez. Si le dieu des chrétiens veut des âmes innocentes en tombereaux, alors faites-lui-en. N'hésitez pas. L'autre avantage généreux de ces avortements est que les enfants qui ne seront ainsi pas mis au monde ne commettront jamais aucun péché. Ils ne risqueront jamais l'enfer. En avortant madame, vous faites comme Jésus, vous prenez sur vous les futurs éventuels péchés de vos nombreux enfants avortés, ainsi que les nombreuses et inutiles souffrances de la vie. Vous êtes une Sainte.

Si une femme ne peut avorter un embryon ou un fœtus qui est une partie de son corps, si une femme n'est pas maitresse de son corps en toutes circonstances,  alors il faut revoir les Droits humains, car madame n'est pas humaine. Probablement est-elle juste un objet, un robot, une IA à la disposition de l'être humain, le seul, l'unique, le mâle viril, le programmateur de femmes ?

Toute personne à qui l'on impose d'exister devrait au moins pouvoir vivre avec un corps sain et un intellect sain, sur une planète saine et non belliqueuse, et d'y mener gratuitement une vie longue et intéressante, sinon il est inutile de la balancer dans ce monde absurde rempli d'indigents cérébraux. Il est plus important de faire cesser le malheur et surtout de ne pas en rajouter, que de ménager les personnes. L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister ni d’aucune de nos actions au cours de l’existence.

Nous sommes innocents d'exister, toujours, et toujours innocents de nos actes.

Fin – E. Berlherm

Moins qu'une femme

Je ne suis ni féministe ni masculiniste et encore moins machiste. J'ai mis un certain temps à devenir rationaliste à peu près, et je ne remercie pas la société qui ne m'a pas éduqué à l'être dès ma naissance. Par contre, je suis « personniste ». C'est-à-dire que nous sommes tous des « personnes », et à moins de vouloir jouer du sexe ou vouloir être amoureux de l'un ou l'autre sexe, nous ne devrions pas nous considérer comme des femelles ou des mâles ou autres ambigüités humaines plus ou moins naturelles « quand nous nous rencontrons ».

Si vous qui êtes un homme, un vrai mâle, vous êtes moins grand que certaines femmes, moins fort que certaines femmes, moins rapide que certaines femmes, moins habile que certaines femmes, moins coordonné que certaines femmes, moins intelligent que certaines femmes, et autres qualités humaines ou animales, alors pourquoi dites-vous que les femmes sont moins ceci ou cela que les hommes ? Ce sont ceux qui sont plus ceci ou cela que certaines femmes qui ont le droit de le dire, et certainement pas vous.

Mais y a-t-il un seul homme qui n'ait pas au-dessus de lui dans un domaine ou un autre une femme qui soit plus ceci ou cela que lui ? 

Y a-t-il un seul homme, un seul mâle qui ne va pas perdre son titre de mâle viril à la fin de sa vie, alors que sa propre mère l'a certainement bien remis à sa place d'enfant inférieur, de petite personne, quand il n'était encore qu'un mâle en devenir et mâle très peu de temps au cours de sa très courte vie ?

Pourquoi vous vantez-vous d'être un mâle (ou femelle d'ailleurs) alors que vous n'y êtes pour rien ? Même les championnes et champions du monde ne le restent pas longtemps, et ceux-là sont souvent bien plus modestes que les multitudes d'autres. Si vous donnez au hasard naturel de la naissance sexuée plus d'importance que cela n'en a, c'est que la nature vous a très mal doté intellectuellement et que vos éducateurs n'ont pas su corriger cette défectuosité animale.

Toute personne à qui l'on impose d'exister (femelle ou mâle ou autre) devrait au moins pouvoir vivre avec un corps sain et un intellect sain, sur une planète saine et non belliqueuse, et d'y mener gratuitement une vie longue et intéressante (de mâle ou de femelle ou autre). Il est plus important de faire cesser le malheur et surtout de ne pas en rajouter, que de ménager les personnes (l'autocensure étant une forme de dictature). L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister ni d’aucune de nos actions au cours de l’existence. 

Nous sommes innocents d'exister, toujours, et toujours innocents de nos actes.

Fin – E. Berlherm

mardi 6 octobre 2020

TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES NATIONS UNIES 2013

TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES 

Préambule 

Les États Parties au présent Traité, Guidés par les buts et principes de la Charte des Nations Unies, 

Rappelant l'Article 26 de la Charte des Nations Unies, aux termes duquel il faut favoriser l'établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde, Soulignant la nécessité de prévenir et d'éliminer le commerce illicite d'armes classiques et d'empêcher leur détournement vers le commerce illicite ou pour un usage final non autorisé, ou encore à destination d'utilisateurs finaux non autorisés, notamment aux fins de la commission d'actes terroristes, 

Reconnaissant aux États des intérêts légitimes d'ordre politique, sécuritaire, économique et commercial dans le commerce international des armes classiques, 

Réaffirmant le droit souverain de tout État de réglementer et de contrôler les armes classiques exclusivement à l'intérieur de son territoire en vertu de son propre ordre légal ou constitutionnel, Sachant que la paix et la sécurité, le développement et les droits de l'homme sont des piliers du système des Nations Unies et le fondement de la sécurité collective, et reconnaissant que le développement, la paix et la sécurité, ainsi que les droits de l'homme sont interdépendants et se renforcent mutuellement, 

Rappelant les Directives relatives aux transferts internationaux d'armes établies par la Commission du désarmement de l'Organisation des Nations Unies et adoptées par l'Assemblée générale dans sa résolution 46/36 H du 6 décembre 1991, 

Prenant note de la contribution apportée par le Programme d'action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, par le Protocole contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, et par l'Instrument international visant à permettre aux États de procéder à l'identification et au traçage rapides et fiables des armes légères et de petit calibre illicites, 

Reconnaissant les conséquences sécuritaires, sociales, économiques et humanitaires du commerce illicite et du commerce non réglementé d'armes classiques, 

Sachant que la grande majorité des personnes touchées par les conflits armés et la violence armée sont des civils et en particulier les femmes et les enfants, 

Reconnaissant aussi les difficultés que rencontrent les victimes de conflit armé, dont il est nécessaire d'assurer la prise en charge, la réadaptation et la réinsertion sociale et économique, 

Soulignant qu'aucune disposition du présent Traité n'interdit à un État de maintenir ou de prendre des mesures effectives supplémentaires pour concourir à la réalisation de l'objet et du but du présent Traité, 

Conscients que le commerce, la possession et l'usage de certaines armes classiques, notamment aux fins d'activités de loisirs, d'ordre culturel, historique ou sportif, sont licites ou légaux, dès lors que ce commerce, cette possession et cet usage sont autorisés ou protégés par la loi, 

Conscients également du rôle que les organisations régionales peuvent jouer s'agissant d'aider les États Parties, s'ils en font la demande, à mettre en œuvre le présent Traité, 

Reconnaissant que la société civile, notamment les organisations non gouvernementales, et le secteur industriel peuvent contribuer activement, de leur propre initiative, à faire connaître l'objet et le but du présent Traité et concourir à leur réalisation, 

Considérant que la réglementation du commerce international des armes classiques et la prévention de leur détournement ne devraient pas faire obstacle à la coopération internationale et au commerce licite de matériel, d'équipements et de technologies à des fins pacifiques, 

Soulignant qu'il est souhaitable de parvenir à l'adhésion universelle au présent Traité, 

Résolus à agir conformément aux principes suivants : 

Principes 

- Le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu à tous les États à l'Article 51 de la Charte des Nations Unies; 

- Le règlement des différends internationaux par des moyens pacifiques, de manière à ne pas mettre en danger la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice, conformément à l'Article 2 (3) de la Charte des Nations Unies; 

- L'abstention, dans leurs relations internationales, du recours à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies, conformément à l'Article 2 (4) de la Charte des Nations Unies; 

- La non-intervention dans des affaires relevant essentiellement de la compétence nationale de tout État, conformément à l'Article 2 (7) de la Charte des Nations Unies; 

— L'obligation de respecter et faire respecter le droit international humanitaire, conformément, entre autres, aux Conventions de Genève de 1949, et de respecter et faire respecter les droits de l'homme, conformément, entre autres, à la Charte des Nations Unies et à la Déclaration universelle des droits de l'homme; 

- La responsabilité de chaque État de réglementer, dans le respect de ses obligations internationales, le commerce international d'armes classiques et d'en prévenir le détournement et, au premier chef, celle d'instituer et d'appliquer un régime de contrôle national; 

- Le respect de l'intérêt légitime reconnu à tout État d'acquérir des armes classiques pour exercer son droit de légitime défense et contribuer à des opérations de maintien de la paix, et de produire, exporter, importer et transférer des armes classiques; 

— La nécessité d'appliquer le présent Traité de manière cohérente, objective et non discriminatoire; 

Sont convenus de ce qui suit : 

Article premier 

Objet et but 

Le présent Traité a pour objet ce qui suit : 

— Instituer les normes communes les plus strictes possibles aux fins de réglementer ou d'améliorer la réglementation du commerce international d'armes classiques; 

— Prévenir et éliminer le commerce illicite d'armes classiques et empêcher le détournement de ces armes; 

afin de : 

— Contribuer à la paix, la sécurité et la stabilité internationales et régionales; 

- Réduire la souffrance humaine; 

— Promouvoir la coopération, la transparence et l'action responsable des États Parties dans le commerce international des armes classiques et bâtir ainsi la confiance entre ces États. 

Article 2 

Champ d'application 

1. Le présent Traité s'applique à toutes les armes classiques relevant des catégories suivantes : 

a) Chars de combat; 

b) Véhicules blindés de combat; 

c) Systèmes d'artillerie de gros calibre; 

d) Avions de combat; 

e) Hélicoptères de combat; 

f) Navires de guerre; 

g) Missiles et lanceurs de missiles; 

h) Armes légères et armes de petit calibre. 

2. Aux fins du présent Traité, les activités de commerce international englobent l'exportation, l'importation, le transit, le transbordement et le courtage, ci-après dénommées « transfert ». 

3. Le présent Traité ne s'applique pas au transport international par tout État Partie ou pour son compte d'armes classiques destinées à son usage, pour autant que ces armes restent sa propriété. 

Article 3 

Munitions 

Chaque Etat Partie institue et tient à jour un régime de contrôle national pour réglementer l'exportation des munitions tirées, lancées ou délivrées au moyen des armes classiques visées par l'article 2 (1) du présent Traité et applique les dispositions des articles 6 et 7 avant d'autoriser l'exportation de ces munitions. 

Article 4 

Pièces et composants 

Chaque État Partie institue et tient à jour un régime de contrôle national pour réglementer l'exportation des pièces et des composants, lorsque l'exportation se fait sous une forme rendant possible l'assemblage des armes classiques visées par l'article 2 (1) et applique les dispositions des articles 6 et 7 avant d'autoriser l'exportation de ces pièces et composants. 

Article 5 

Mise en œuvre générale 

1. Chaque État Partie applique de façon cohérente, objective et non discriminatoire les dispositions du présent Traité compte tenu des principes qui y sont énoncés. 

2. Chaque État Partie institue et tient à jour un régime de contrôle national, notamment une liste de contrôle national, afin de mettre en œuvre les dispositions du présent Traité. 

3. Chaque État Partie est encouragé à appliquer les dispositions du présent Traité à une gamme aussi large que possible d'armes classiques. Aucune définition nationale de l'une quelconque des catégories visées à l'article 2 (1) 

a) à g) ne renverra à des descriptions d'une portée plus limitée que celles utilisées pour le Registre des armes classiques de l'Organisation des Nations Unies lors de l'entrée en vigueur du présent Traité. Pour ce qui est de la catégorie visée par l'article 2 (1) h), les définitions nationales ne renverront pas à des descriptions d'une portée plus limitée que celles utilisées pour les instruments pertinents de l'Organisation des Nations Unies lors de l'entrée en vigueur du présent Traité. 

4. Chaque État Partie communique, en vertu de son droit interne, sa liste de contrôle national au Secrétariat qui la porte à la connaissance des autres États Parties. Les États Parties sont encouragés à rendre publique leur liste de contrôle. 

5. Chaque État Partie prend toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les dispositions du présent Traité et désigne les autorités nationales compétentes afin de disposer d'un régime de contrôle national efficace et transparent ayant pour vocation de réglementer les transferts d'armes classiques visées par l'article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 et 4. 

6. Chaque État Partie désigne un ou plusieurs points de contact nationaux chargés de l'échange d'informations relatives à la mise en œuvre du présent Traité. Chaque État Partie fournit au Secrétariat, créé en application de l'article 18, toute information concernant son ou ses points de contact nationaux et tient ces informations à jour. 

Article 6 

Interdictions 

1. Aucun État Partie ne doit autoriser le transfert d'armes classiques visées par l'article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 ou 4 qui violerait ses obligations résultant de mesures prises par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, en particulier les embargos sur les armes. 

2. Aucun État Partie ne doit autoriser le transfert d'armes classiques visées par l'article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 ou 4 qui violerait ses obligations internationales, résultant des accords internationaux pertinents auxquels il est partie, en particulier celles relatives au transfert international ou au trafic illicite d'armes classiques. 

3. Aucun État Partie ne doit autoriser le transfert d'armes classiques visées par l'article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 ou 4 s'il a connaissance, au moment où l'autorisation est demandée, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l'humanité, des violations graves des Conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d'autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie. 

Article 7 

Exportation et évaluation des demandes d'exportation 

1. Si l'exportation n'est pas interdite par l'article 6, chaque État Partie exportateur, avant d'autoriser l'exportation d'armes classiques visées par l'article 2 (1) ou de tout autre bien visé par les articles 3 ou 4, selon ce qui relève de sa juridiction et conformément à son régime de contrôle national, évalue, de manière objective et non discriminatoire, en tenant compte de tout élément utile, notamment de l'information fournie par l'État importateur en application de l'article 8 (1), si l'exportation de ces armes ou biens : 

a) Contribuerait ou porterait atteinte à la paix et à la sécurité; 

b) Pourrait servir à : 

i) Commettre une violation grave du droit international humanitaire ou à en faciliter la commission; 

ii) Commettre une violation grave du droit international des droits de l'homme ou à en faciliter la commission; 

iii) Commettre un acte constitutif d'infraction au regard des conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme auxquels l'État exportateur est Partie, ou à en faciliter la commission; ou 

iv) Commettre un acte constitutif d'infraction au regard des conventions et protocoles internationaux relatifs à la criminalité transnationale organisée auxquels l'État exportateur est Partie, ou à en faciliter la commission. 

2. L'État Partie exportateur envisage également si des mesures pourraient être adoptées pour atténuer les risques énoncés aux alinéas a) et b) du paragraphe 1), y compris des mesures de confiance ou des programmes élaborés et arrêtés conjointement par les États exportateurs et importateurs. 

3. Si, à l'issue de cette évaluation et après avoir examiné les mesures d'atténuation des risques disponibles, l'État Partie exportateur estime qu'il existe un risque prépondérant de réalisation d'une des conséquences négatives prévues au paragraphe 1, il n'autorise pas l'exportation. 

4. Lors de son évaluation, l'État Partie exportateur tient compte du risque que des armes classiques visées à l'article 2 (1) ou des biens visés aux articles 3 ou 4 puissent servir à commettre des actes graves de violence fondée sur le sexe ou des actes graves de violence contre les femmes et les enfants, ou à en faciliter la commission. 

5. Chaque État Partie exportateur prend des mesures pour s'assurer que toutes les autorisations d'exportation d'armes classiques visées par l'article 2 (1) ou de biens visés par les articles 3 ou 4 soient détaillées et délivrées préalablement à l'exportation. 

6. Chaque État Partie exportateur communique les informations appropriées concernant l'autorisation en question aux États Parties importateurs et aux États Parties de transit ou de transbordement qui en font la demande, dans le respect de son droit interne, de ses pratiques ou de ses politiques. 

7. Si, après avoir accordé l'autorisation, un État Partie exportateur obtient de nouvelles informations pertinentes, il est encouragé à réexaminer son autorisation, après avoir consulté au besoin l'État importateur. 

Article 8 

Importation 

1. Chaque État Partie importateur prend des mesures pour veiller à ce que les informations utiles et pertinentes soient fournies, conformément à sa législation nationale, à l'État Partie exportateur, à sa demande, pour l'aider à procéder à son évaluation nationale de l'exportation, conformément à l'article 7. Ces mesures peuvent comprendre la communication des certificats d'utilisateur final ou d'utilisation finale. 

2. Chaque État Partie importateur prend des mesures afin de réglementer, lorsque cela est nécessaire, les importations d'armes classiques visées par l'article 2 (1), sous sa juridiction. De telles mesures peuvent inclure des régimes d'importation. 

3. Chaque État Partie importateur peut, s'il est le pays de destination finale, demander des informations à l'État Partie exportateur concernant toute demande d'autorisation accordée ou en instance. 

Article 9 

Transit ou transbordement 

Chaque État Partie prend les mesures nécessaires pour réglementer, lorsque cela est nécessaire et possible, le transit ou le transbordement, sous sa juridiction et sur son territoire, des armes classiques visées par l'article 2 (1), conformément au droit international applicable. 

Article 10 

Courtage 

Chaque État Partie prend, en vertu de sa législation, les mesures nécessaires pour réglementer les activités de courtage des armes classiques visées par l'article 2 (1) relevant de sa juridiction. Ces mesures peuvent notamment consister à exiger des courtiers leur enregistrement ou l'obtention d'une autorisation écrite avant l'exercice d'activités de courtage. 

Article 11 

Détournement 

1. Chaque Etat Partie qui participe au transfert d'armes classiques visées à l'article 2 (1) prend des mesures pour prévenir leur détournement. 

2. En cas de transfert d'armes classiques visées à l'article 2 (1), l'État Partie exportateur s'emploie à prévenir le détournement desdites armes au moyen du régime de contrôle national qu'il aura institué en application de l'article 5 (2), en évaluant le risque de détournement des armes exportées et en envisageant l'adoption de mesures d'atténuation des risques, telles que des mesures de confiance ou des programmes élaborés et arrêtés d'un commun accord par les États exportateurs et importateurs. Au besoin, d'autres mesures de prévention, comme l'examen des parties participant à l'exportation, la demande de documents, certificats ou assurances supplémentaires, l'interdiction de l'exportation ou d'autres mesures appropriées, pourront être adoptées. 

3. Les États Parties d'importation, de transit, de transbordement et d'exportation coopèrent et échangent des informations, dans le respect de leur droit interne, si nécessaire et possible, afin de réduire le risque de détournement lors du transfert d'armes classiques visées à l'article 2 (1). 

4. L'État Partie qui détecte un détournement d'armes classiques visées à l'article 2(1) au moment de leur transfert prend les mesures qui s'imposent, dans la mesure où son droit interne le lui permet et dans le respect du droit international, pour mettre fin à ce détournement. Ces mesures peuvent consister à alerter les États Parties potentiellement touchés, à inspecter les cargaisons d'armes classiques visées à l'article 2 (1) qui ont été détournées et à prendre des mesures de suivi par l'ouverture d'une enquête et la répression de l'infraction. 

5. Afin d'améliorer la compréhension et la prévention du détournement d'armes classiques visées à l'article 2 (1) au moment de leur transfert, les États Parties sont encouragés à s'échanger les informations pertinentes sur les moyens de lutter efficacement contre les détournements. Ces informations peuvent porter sur les activités illicites, comme la corruption, les circuits de trafic internationaux, le courtage illicite, les sources d'approvisionnement illicite, les méthodes de dissimulation et les lieux d'expédition habituels, ou les destinations utilisées par les groupes organisés se livrant aux détournements. 

6. Les États Parties sont encouragés à communiquer aux autres États Parties, par l'intermédiaire du Secrétariat, les mesures qu'ils ont prises pour lutter contre le détournement d'armes classiques visées à l'article 2 (1). 

Article 12 

Conservation des données 

1. Chaque État Partie tient, conformément à sa législation et sa réglementation nationales, des registres nationaux des autorisations d'exportation ou des exportations effectives d'armes classiques visées à l'article 2 (1). 

2. Chaque État Partie est encouragé à conserver des registres des armes classiques visées à l'article 2 (1) acheminées sur son territoire en tant que destination finale ou autorisées à transiter ou être transbordées sur tout territoire relevant de sa juridiction. 

3. Chaque État Partie est encouragé à consigner dans ces registres la quantité, la valeur, le modèle ou le type, les transferts internationaux autorisés d'armes classiques visées par l'article 2 (1), les armes classiques effectivement transférées, des informations sur l'État ou les États exportateurs, l'État ou les États importateurs, l'État ou les États de transit ou de transbordement et les utilisateurs finaux, en tant que de besoin. 

4. Les registres sont conservés pendant au moins dix ans. 

Article 13 

Établissement de rapports 

1. Dans un délai d'un an à compter de l'entrée en vigueur du présent Traité à son égard, chaque État Partie adresse au Secrétariat, conformément à l'article 22, un rapport initial sur les mesures prises pour mettre en œuvre le Traité, y compris les lois nationales, listes de contrôle nationales et autres règlements et mesures administratives internes adoptés. Chaque État Partie rend compte au Secrétariat, selon qu'il convient, de toute nouvelle mesure prise pour mettre en œuvre le présent Traité. Les rapports sont mis à disposition, et distribués aux États Parties par le Secrétariat. 

2. Les États Parties sont encouragés à rendre compte aux autres États Parties, par l'intermédiaire du Secrétariat, des mesures prises qui se sont révélées efficaces pour lutter contre le détournement des armes classiques visées à l'article 2 (1) au moment de leur transfert. 

3. Chaque État Partie présente au Secrétariat, au plus tard le 31 mai, un rapport annuel portant sur l'année civile précédente concernant les exportations et importations d'armes classiques visées par l'article 2 (1) autorisées ou effectuées. Les rapports sont mis à disposition, et distribués aux États Parties par le Secrétariat. Le rapport présenté au Secrétariat peut contenir les mêmes informations que celles communiquées par l'État Partie dans le cadre d'autres dispositifs pertinents des Nations Unies, y compris le Registre des Nations Unies sur les armes classiques. Toute information de nature commerciale sensible ou relevant de la sécurité nationale peut être exclue des rapports. 

Article 14 

Exécution du Traité 

Chaque État Partie adopte les mesures nécessaires pour faire appliquer les lois et règlements nationaux mettant en oeuvre les dispositions du présent Traité. 

Article 15 

Coopération internationale 

1. Les États Parties coopèrent entre eux, en cohérence avec leurs intérêts respectifs en matière de sécurité et leur législation nationale, aux fins de la mise en œuvre effective du présent Traité. 

2. Les États Parties sont encouragés à faciliter la coopération internationale, y compris en échangeant des informations sur les questions d'intérêt mutuel concernant la mise en oeuvre et l'application des dispositions du présent Traité en fonction de leurs intérêts en matière de sécurité et de leurs législations nationales. 

3. Les États Parties sont encouragés à échanger sur les questions d'intérêt mutuel et à partager des informations, en tant que de besoin, afin de soutenir la mise en œuvre du présent Traité. 

4. Les États Parties sont encouragés à coopérer, en vertu de leur législation nationale, pour favoriser la mise en œuvre nationale des dispositions du présent Traité, notamment en échangeant des informations concernant des activités et des acteurs illicites et pour prévenir et éliminer le détournement des armes classiques visées à l'article 2 (1). 

5. Les États Parties s'apportent, d'un commun accord et dans le respect de leur droit interne, toute l'assistance possible pour diligenter les enquêtes, poursuites et procédures judiciaires se rapportant à la violation de mesures nationales adoptées au titre du présent Traité. 

6. Les États Parties sont encouragés à prendre des mesures au niveau national et à coopérer entre eux pour empêcher que le transfert d'armes classiques visées à l'article 2 (1) ne fasse l'objet de pratiques de corruption. 

7. Les États Parties sont encouragés à procéder à des échanges d'informations et d'expérience sur les leçons tirées concernant tout aspect du présent Traité. 

Article 16 

Assistance internationale 

1. Aux fins de mise en œuvre du présent Traité, chaque État Partie peut solliciter une assistance notamment juridique ou législative, une aide au renforcement de ses capacités institutionnelles, et une assistance technique, matérielle ou financière. Cette assistance peut comprendre une aide à la gestion des stocks, à la conduite des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration, à l'élaboration de lois types et à l'adoption de pratiques de mise en œuvre efficaces. Chaque État Partie, qui est en mesure de le faire, fournit cette assistance sur demande. 

2. Chaque État Partie peut demander, offrir ou recevoir une assistance, notamment par l'intermédiaire de l'Organisation des Nations Unies, d'organisations internationales, régionales, sous-régionales ou nationales, d'organisations non gouvernementales, ou à titre bilatéral. 

3. Un fonds d'affectation volontaire est mis en place par les États Parties pour aider les États Parties qui requièrent une assistance internationale pour la mise en œuvre du présent Traité. Chaque État Partie est encouragé à alimenter le Fonds. 

Article,17 

Conférence des États Parties 


Le Secrétariat provisoire créé en application de l'article 18 convoquera une Conférence des États Parties au plus tard un an après l'entrée en vigueur du présent Traité et par la suite en fonction de ce qui sera décidé par la Conférence des États Parties. 

2. La Conférence des États Parties adopte ses règles de procédure par consensus lors de sa première session. 

3. La Conférence des États Parties adopte les règles budgétaires pour son fonctionnement, les règles régissant le financement de tout organe subsidiaire qu'elle peut mettre en place ainsi que les dispositions financières régissant le fonctionnement du Secrétariat. Lors de chaque session ordinaire, elle adopte un budget pour la période financière jusqu'à la prochaine session ordinaire. 

4. La Conférence des États Parties : 

a) Examine la mise en œuvre du présent Traité, y compris les évolutions intervenues dans le domaine des armes classiques; 

b) Examine et adopte les recommandations relatives à la mise en œuvre et au fonctionnement du présent Traité, en particulier la promotion de son universalité; 

c) Examine les propositions d'amendement au présent Traité, conformément à l'article 20; 

d) Examine toute question que suscite l'interprétation du présent Traité; 

e) Examine et arrête les tâches et le budget du Secrétariat; 

f) Examine la création de tout organe subsidiaire nécessaire à 

l'amélioration du fonctionnement du Traité; et 

g) S'acquitte de toute autre fonction relative au présent Traité. 

5. La Conférence des États Parties tient des réunions extraordinaires si elle le juge nécessaire, ou à la demande écrite de tout État Partie pour autant qu'elle soit soutenue par au moins deux tiers des États Parties. 

Article 18 

Secrétariat 

1. Le présent Traité institue un secrétariat chargé d'aider les États Parties dans la mise en œuvre effective du présent Traité. En attendant la première réunion de la Conférence des États Parties, les fonctions administratives liées au présent Traité seront confiées à un Secrétariat provisoire. 

2. Le Secrétariat est doté d'un effectif suffisant. Ses membres ont les compétences nécessaires pour lui permettre d'exercer efficacement les fonctions visées au paragraphe 3. 

3. Le Secrétariat est responsable devant les États Parties. Doté de moyens limités, le Secrétariat exerce les fonctions suivantes : 

a) Recevoir, mettre à disposition et distribuer les rapports prescrits par le présent Traité; 

b) Tenir à jour et à disposition des États Parties la liste des points de contacts nationaux; 

c) Aider à rapprocher l'offre et la demande d'assistance pour la mise en œuvre du Traité et promouvoir la coopération internationale selon les demandes; 

d) Faciliter les travaux de la Conférence des États Parties, notamment en prenant les dispositions et en fournissant les services nécessaires aux réunions prévues par le présent Traité; et 

e) S'acquitter de toutes autres tâches décidées par la Conférence des États Parties. 

Article 19 

Règlement des différends 

1. Les États Parties se consultent et coopèrent, d'un commun accord, en vue du règlement de tout différend qui pourrait survenir entre eux quant à l'interprétation ou l'application du présent Traité, y compris par la négociation, la médiation, la conciliation, le règlement judiciaire ou tout autre moyen pacifique. 

2. Les États Parties peuvent choisir, d'un commun accord, de recourir à l'arbitrage pour régler tout différend les opposant au sujet de questions touchant l'interprétation ou l'application du présent Traité. 

Article 20 

Amendements 

1. Six ans après l'entrée en vigueur du présent Traité, tout État Partie pourra y proposer des amendements. À l'expiration de ce délai, les amendements proposés pourront uniquement être examinés par la Conférence des États Parties tous les trois ans. 

2. Toute proposition d'amendement au présent Traité est présentée par écrit au Secrétariat, qui la diffuse à tous les États Parties, au moins cent quatre vingts jours avant la prochaine réunion de la Conférence des États Parties à laquelle les amendements pourront être examinés conformément au paragraphe 1. L'amendement est examiné à la prochaine Conférence des États Parties à laquelle les amendements pourront être examinés conformément au paragraphe 1 si, au plus tard cent vingt jours après la distribution du texte par le Secrétariat, la majorité des États Parties informe le Secrétariat qu'ils sont favorables à l'examen de la proposition. 

3. Les États Parties font tout leur possible pour parvenir à un consensus sur chaque amendement. Si aucun accord n'est trouvé malgré les efforts déployés, l'amendement est, en dernier ressort, adopté par un vote majoritaire des trois quarts des États Parties présents et votant à la Conférence des États Parties. Aux fins du présent article, les États Parties présents et votants sont ceux qui sont présents et qui votent pour ou contre. Le Dépositaire communique aux États Parties tout amendement ainsi adopté. 

4. Tout amendement adopté conformément au paragraphe 3 entre en vigueur pour chaque État Partie qui a déposé un instrument d'acceptation de cet amendement quatre-vingt-dix jours après que la majorité des États qui étaient Parties au Traité au moment de l'adoption de l'amendement ont déposé leurs instruments auprès du Dépositaire. Par la suite, il entrera en vigueur pour tout autre État Partie quatre-vingt-dix jours après le dépôt de l'instrument d'acceptation de l'amendement. 

Article 21 

Signature, ratification, acceptation, approbation ou adhésion 

1. Le présent Traité est ouvert à la signature de tous les États au Siège de l'Organisation des Nations Unies, à New York, à compter du 3 juin 2013 et jusqu'à son entrée en vigueur. 

2. Le présent Traité est soumis à la ratification, à l'acceptation ou à l'approbation de chaque État signataire. 

3. Une fois entré en vigueur, le présent Traité sera ouvert à l'adhésion de tous les États non signataires. 

4. Les instruments de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion sont déposés auprès du Dépositaire. 

Article 22 

Entrée en vigueur 

1. Le présent Traité entrera en vigueur quatre-vingt-dix jours après la date du dépôt du cinquantième instrument de ratification, d'acceptation ou d'approbation auprès du Dépositaire. 

2. À l'égard de chaque État qui dépose son instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion après l'entrée en vigueur du présent Traité, celui-ci entrera en vigueur quatre-vingt-dix jours après la date du dépôt par cet État de son instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion. 

Article 23 

Application à titre provisoire 

Tout État peut, au moment de la signature ou du dépôt de son instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion, déclarer qu'il appliquera l'article 6 et l'article 7 à titre provisoire en attendant l'entrée en vigueur du présent Traité à son égard. 

Articíe 24 

Durée et dénonciation 

1. Le présent Traité a une durée illimitée. 

2. Chaque État Partie a le droit, dans l'exercice de sa souveraineté nationale, de dénoncer le présent Traité. Il en donne notification au Dépositaire, qui en adresse notification à tous les autres États Parties. La notification peut comporter un exposé des motifs de la dénonciation et prend effet quatre-vingt-dix jours après réception par le Dépositaire, à moins qu'une date postérieure ne soit indiquée. 

3. La dénonciation ne libère pas l'État des obligations, y compris financières, mises à sa charge par le présent Traité tant qu'il y était Partie. 

Article 25 

Réserves 

1. Chaque État peut, au moment de sa signature, ratification, acceptation, approbation ou adhésion, formuler des réserves qui ne soient pas incompatibles avec l'objet et le but du présent Traité. 

2. L'État Partie peut retirer sa réserve à tout moment par notification au Dépositaire. 

Article 26 

Rapports avec d'autres instruments internationaux 

1. L'application du présent Traité est sans préjudice des obligations souscrites par les États Parties en vertu d'accords internationaux, actuels ou futurs, auxquels ils sont parties, pour autant que ces obligations soient cohérentes avec le présent Traité. 

2. Le présent Traité ne peut être invoqué pour priver d'effet les accords de coopération en matière de défense conclus entre États Parties au présent Traité. 

Article 27 

Dépositaire 

Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies est le Dépositaire du présent Traité. 

Article 28 

Textes faisant foi 

L'original du présent Traité, dont les textes anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe font également foi, est déposé auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. 

FAIT À NEW YORK, le deux avril deux mil treize.