samedi 17 octobre 2020

Pérenniser l'espèce humaine

Vouloir pérenniser le non pérenne n'a aucun sens. Or, rien n'est pérenne, car tout se transforme dans l'univers. Il ne sert donc à rien de vouloir pérenniser l'espèce humaine à court ou moyen terme puisque le but de la pérennisation est une sorte d'immortalité. Nous faisons progresser nos connaissances sur nous-mêmes et l'univers pour les transmettre, mais à qui? Or, au final, nos progrès et nos savoirs disparaitront avec nous.

L'univers visible n'est pas pérenne, la galaxie n'est pas pérenne, le système solaire n'est pas pérenne. La planète Terre n'est pas pérenne. La Vie n'est pas pérenne. Les espèces ne sont pas pérennes. L'humanité n'est pas pérenne. Les sociétés ne sont pas pérennes. Les nations ne sont pas pérennes. Les cultures ne sont pas pérennes. La vie d'une seule personne n'est pas pérenne. Un assemblage de choses non pérennes est évidemment non pérenne. Pourquoi vouloir pérenniser quelque chose qui ne l'est pas ? Pourquoi se battre pour pérenniser quelque chose qui ne l'est pas ? Et pourquoi vouloir faire cette stupidité, ce non-sens, dans la violence et la souffrance ? 

Pourquoi faire des enfants si le but est de pérenniser quelque chose qui ne l'est pas, ne peut pas l'être, ne le pourra jamais ?

Une personne qui a été mise au monde, à laquelle on a imposé l'existence sans lui demander son avis, doit subir cette existence en commençant par le commencement c'est-à-dire l'enfance pendant laquelle ses éducateurs tentent d'installer dans son intellect tout le nécessaire pour être un citoyen modèle sans y parvenir toujours. Le meilleur moyen pour réussir étant de jouer sur la crainte de l'autorité entremêlée avec l'amour parental, également jouer sur la peur de souffrir, sur la frayeur de la mort, ainsi que sur le mérite et la récompense, et surtout l'empêcher de se poser certaines questions sur les raisons de son existence (éviter les questions qui fâchent). Une éducation subtile pousse l'enfant, puis la personne, à la recherche de la normalité. Un juste milieu et c'est quasiment gagné. Qui veut souffrir pendant sa courte existence ?

Donc, l'individu mis devant le fait accompli d'exister se dit, quand il a compris l'absurdité de la chose, qu'il n'a plus qu'à poursuivre jusqu'au bout, et avec un peu de curiosité sur l'aboutissement d'une vie, il va laisser aller la machine. Quand ça n'est pas trop dur, il n'y a qu'à se laisser vivre.

Une espèce n'est pas une entité mémorielle, ni consciente, ni sensible. Une espèce ne souffre pas. Une espèce se développe, croît, et disparait sans souffrance. Ce n'est pas une mort, c'est une disparition, une dilution dans le néant. Les particules (humaines) disparaissent petit à petit et puis ne se renouvèlent plus. Qu'elle disparaisse plus ou moins rapidement ne change rien. La souffrance de l'espèce est nulle, au contraire de celle des individus.

Il ne sert à rien de multiplier les individus d'une espèce non pérenne pour leur faire ressentir souffrance et mort. Ce ne sera jamais une expérience profitable à un éventuel successeur. La souffrance de l'homme préhistorique ou de Neandertal ne me fait actuellement ni chaud ni froid. Je ne ressens rien de leurs douleurs. Cromagnon a subi pour nous les affres de l'existence. Il avait une culture très écologique, l'a transmise, et pfuitt ! disparue avec lui. Et si on la pérennisait, qu'en pensez-vous ? (je blague)

Toute personne à qui l'on impose d'exister devrait au moins pouvoir vivre avec un corps sain et un intellect sain, sur une planète saine et non belliqueuse, et d'y mener gratuitement une vie longue et intéressante. Il est plus important de faire cesser le malheur et surtout de ne pas en rajouter, que de ménager les personnes. L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister ni d’aucune de nos actions au cours de l’existence.

Nous sommes innocents d'exister, toujours, et toujours innocents de nos actes.

Fin – E. Berlherm

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire