mercredi 13 mai 2020

L'empathie

Je voudrais vous proposer une expérience de pensée, sur la pensée elle-même. Ce n'est pas de l'introspection. Mais à partir d'une observation que je me suis faite sur la mémoire et la manière dont nous stockions les objets dans notre cerveau.

La science nous a appris que la lumière, provenant en général du soleil ou d'une source lumineuse, frappait les objets et en quelque sorte rebondissait dans toutes les directions et en particulier vers nos yeux quand nous étions à proximité. Et de manière automatique le cerveau utilise les signaux provenant de l'objet et forme une image correspondant à cet objet. Il nous renseigne assez exactement sur sa couleur, sa forme, ses dimensions, et sa position dans l'espace. Ce n'est pas notre cerveau qui projette l'image devant nos yeux. Pourtant c'est bien l'impression que nous avons. Mais d'après ce que nous dit la science, l'image est une production du cerveau. Je suppose donc que si je regarde un paysage, tout cet univers qui me fait face à des kilomètres, ces nuages et ces montagnes sont en fait des images dans mon cerveau. Ces objets de la nature sont pourtant à des kilomètres et sont très grands. Alors comment mon cerveau parvient-il à me faire croire qu'ils sont devant moi ? Comment peut-il contenir quelque chose qui est plus grand que moi ? (Mais ça, c'est une question annexe et je vous donnerais ma réponse dans un autre article.)

Donc, voilà un gobelet rouge un peu étrange. Je le place devant vous. C'est la première fois que vous le percevez. Si on fait une IRM de votre cerveau à ce moment, on va probablement voir que le cortex visuel est actif ainsi que et certainement d'autres zones du cerveau. Puis si je vous représente le même gobelet une seconde fois après l'avoir caché quelques instants, ce seront en gros les mêmes zones de mémoires qui vont être activées. Si la mémoire n'est pas répétitive, je ne vois pas comment ça peut fonctionner. Donc supposons que l'image du gobelet soit stockée dans la zone alpha du cerveau, quelle qu'elle soit.

Si je vous montre une troisième fois le gobelet, cette même zone de mémoire sera activée. On peut le supposer sans trop se tromper. Sauf que je vous ai montré cette fois-ci un deuxième gobelet, parfaitement identique au premier. J'ai à ma disposition deux gobelets, que j'ai noté A et B. Et c'est donc le B que je vous ai montré cette troisième fois. Ma question est donc : ce gobelet est-il décodé par votre cerveau dans la zone alpha ? Puisque vous n'avez pas fait la différence et que vous l'avez reconnu comme étant A alors qu'il était B, cela parait correct. N'est-ce pas ?

Voilà le paradoxe : que se passe-t-il quand je vous montre les deux objets simultanément ? Vous en percevez deux. Mais si j'en cache un quelconque, A ou B, on se retrouve dans la situation initiale. Vous reconnaissez le gobelet restant devant vos yeux, quel qu'il soit, comme étant le A. Donc, pourquoi en voyez-vous deux quand je vous en montre deux, et comment le cerveau qui semble décoder les deux gobelets au même endroit alpha dans le cerveau, nous en montre-t-il deux (ce qui est préférable) ?

En informatique, nous réalisons ce type de simplification, cela évite de multiplier la programmation et d'user de la mémoire logicielle pour rien. Il y a une seule zone de mémoire représentant l'objet dans le logiciel, mais nous pouvons tracer l'objet à des emplacements différents sur l'écran afin de le multiplier autant que nécessaire. Par analogie, cela signifierait que le cerveau pourrait fonctionner comme un écran. Pourquoi pas ? Une zone écran et une zone logicielle...

Bon, passons à l'empathie. Une fois qu'on a posé l'idée que deux objets similaires sont décodés au même endroit dans le cerveau, on peut tenter de passer à l'être humain. Prenons par exemple des jumelles, Virginie et Gisèle. Vous êtes présenté à Virginie, et le jour suivant vous rencontrez Gisèle par hasard, et bien entendu vous la saluez par un « Bonjour Virginie ! ». Il est évident que votre cerveau l'a décodé par la zone de mémoire correspondant à la première des deux sœurs.

Maintenant, mettez-vous à la place des deux sœurs. Quand elles se regardent face à face, elles doivent avoir l'impression de se voir dans un miroir. C'est-à-dire que l'une comme l'autre décode sa sœur dans la même zone de mémoire correspondant à la zone de l'image d'elle-même vue dans le miroir.

Quand chacune d'entre elles de son côté a une émotion, on peut supposer que les circuits nerveux correspondants à cette émotion doivent avoir une relation directe avec les neurones correspondants à l'image d'elle-même, donc à l'image de leur sœur. De la même façon que la sonnerie du téléphone est associée à l'image du téléphone dans le cerveau, sinon on voit mal comment le cerveau ferait la connexion entre les données concernant un objet.

Donc j'en déduis que l'empathie vient de cette capacité du cerveau à décoder les choses semblables au même endroit. Et comme les humains se ressemblent, les émotions que l'on ressent se connectent aux êtres qui nous ressemblent plus ou moins et d'une manière ou d'une autre, par leur physionomie ou leur allure générale.

Pour conclure avec la notion d'innocence d'exister. Pourquoi ne pas user de l'empathie pour votre propre enfant et le reporter sur tous les enfants du monde ? Ils sont tout comme votre enfant, innocents d'exister et innocents de leurs actions, car ils ont été contraints d'exister, tout comme votre bambin. En ce qui concerne votre propre enfant, vous pouvez, vous devez au moins admettre que c'est bien vous qui lui avez imposé de participer à votre vie dans notre monde, sans qu'il vous ait donné son approbation à cette sentence d'existence ! N'est-ce pas ? Donc, reconnaissez son innocence d'exister, et si vous le faites, vous admettrez celles des autres enfants, et en fait celle de tous les humains qui sont tous enfants d'enfants depuis l'origine du monde humain.

E. Berlherm




3 commentaires:

  1. Bonjour,

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      Je vais me renseigner pour Kobo.

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