mercredi 13 mai 2020

Le suicide


En lisant quelques-uns de mes commentaires sur internet, certaines personnes m'ont fait la louable injonction ou recommandation de me suicider. Voilà ce que je leur réponds :

Vous me proposez cette aimable solution à mes malheurs qui ne sont d'ailleurs pas très grands comparés à des foultitudes d'autres indigents de par la planète. Mais comme on dit, comparaison n'est pas raison. Sans doute est-ce parce que votre empathie envers l'humain que je suis a quelque lacune. Cela ne sert aucunement à me rassurer sur la qualité des personnes qui comblent ce monde de leur pauvreté intellectuelle. Et j'aurais presque envie de franchir la balustrade à vous entendre. Vous pourriez être la goutte d'eau qui fait déborder le tonneau des Danaïdes.

Aux autres poussés vertigineusement sur le toboggan fatal et désirant en raccourcir la course folle : si vous avez envie de vous suicider, c’est sans doute parce que vous n’appréciez pas la vie qu’on vous a proposée, du moins vous n’envisagez pas une suite paradisiaque à cette figure imposée. Dans ce cas, je vous suggère de porter plainte contre vos parents, s’ils sont toujours dans les parages, et contre la société complice de votre présence indicible sur leur planète puisqu’elle a autorisé votre fabrication non désirée par vous-mêmes, en dépit de l'interdiction légale de la mise en danger de la vie d'autrui et de l'esclavage. Et ensuite, passez à l’acte, c’est tout à fait votre droit, faites ça avec tambour et trompette, convoquez la fanfare. Laissez une missive expliquant pourquoi il n’est pas dans leur intérêt, si la réincarnation ou la ressuscitation existe, de vous remettre dans ce monde abject. Une planète prévenue en vaut deux, parait-il ! Mais avant de réaliser ce geste définitif, lisez donc la suite, cela pourrait également vous plaire.

Quant à moi, si je me suicidais, je ne pourrais pas m'empêcher d'avoir vécu les années qui ont précédé, durant lesquelles j'ai été le jouet de mes parents et de la société. Je ne pourrais donc pas effacer ce crime infini commis contre moi, je ne ferais que m'effacer moi-même et effacer ce que j'ai enduré. L'infime choc que mon suicide vous causerait n'est pas un acte suffisamment démonstratif selon moi. Je ne pourrais respecter votre loi du Talion, et ce serait dommage. J'ai tout de même était condamné, en existant, à souffrir et à mourir, et cela sans raison par ceux qui m'ont puni, et pour rien en ce qui concerne l'existence.

En ce moment même, des centaines de millions d'enfants, des milliards de personnes vivent dans des conditions absolument inacceptables (une centaine de milliards a vécu pour rien, la plupart de façon abominable), il faut donc impérativement dire aux gens l'inutilité de l'existence. (Lisez mes textes ils sont fait pour ça. Ils vous expliquent tout, presque clairement, je fais de mon mieux avec le pauvre cerveau qu'ils ont fabriqué).

Je considère que mon suicide serait un crime envers l'humanité puisque je cesserais de pouvoir prévenir les gens du danger absolu de l'existence alors qu'elle est totalement inutile. Faites comme moi, aidez-moi. Transmettez. Amusez-vous. Et surtout, nul n'est tenu d'obéir aux ordres de la Nature et de sa propre nature.

Tout le monde doit savoir que la Vie n’a aucun sens. L'existence est absurde. Les mots que l’on dit ou les actes que l’on produit contre l’absurdité de la vie ne peuvent être absurdes. Ce texte sur le suicide n’est pas absurde. Le suicide lui-même en tant qu’acte n’est pas absurde, il est une solution violente (et si vous savez y faire, sans douleur) pour exprimer l’absurdité que les personnes ressentent à exister aux services des idéaux ou des instincts primaires de leurs géniteurs et associés.

Quand on veut dire « non merci » au « pseudo cadeau » de la vie qu’on nous a fait en nous mettant simplement devant le fait accompli de l’existence, quel autre moyen y a-t-il que de mettre fin à cette obligation ? Mettre fin à toute forme d'esclavage n'est-elle pas dans les droits humains ? La vie étant de l'esclavage nous avons le droit d'y mettre fin quand ça nous chante et si ça nous enchante.

Si l’on veut dire « merde » à la souffrance d’exister qu’on nous a infligée en nous mettant devant le fait accompli de l’existence, quel autre moyen y a-t-il que le suicide ? Quel autre moyen y a-t-il de cesser d'exister plus tôt qu'imprévu, puisque condamner une personne à vivre c'est non seulement la condamner à mourir, mais à souffrir ? Se suicider est donc abonder dans le sens de ceux qui nous ont condamnés à mourir en leur donnant raison, et ainsi si je suis réincarné je pourrais me re-suicider beaucoup plus souvent... (ne sont-ils pas stupides ces croyants ?)

Lorsque l’on veut signaler à ses parents qu’ils nous ont infligé une existence dépourvue d’intérêt, ou pire humiliante (n'est-il pas mortifiant d'être difforme ou stupide par construction ? N'est-il pas humiliant de naitre dans un taudis ?) voire douloureuse, en nous mettant devant le fait accompli de l’existence, quels moyens avons-nous de le leur faire savoir ?

Quand on veut signaler à la société qu’elle est complice de nos géniteurs en leur donnant l’autorisation de nous procréer, ce qui est criminel selon ses propres lois, qu’elle refuse d’admettre ses torts et fait la sourde oreille; quels moyens avons-nous de le lui faire connaitre ? Fais tes comptes, la société ! Pourquoi la Terre est-elle surpeuplée ? (ne tergiversez pas sur le terme de surpopulation, allez donc lire mon article sur le thème.)

Ce qui conduit au suicide est-il dû à une maladie mentale ? Se suicide-t-on parce qu’on est malade, ou bien se suicide-t-on parce qu’on a compris l’inutilité de l’existence et qu’après avoir pesé le pour et le contre on choisit le plus évident, la solution à tous les maux ? La vie est absurde, c’est certain. La société l’est encore plus, c’est une certitude absolue. Elle est la somme des absurdités individuelles et produit infiniment plus de souffrances qu’elle n’en résout.

Le suicide est humain il n’a pas de base animale. Les animaux ne se suicident pas. Ils se font juste croquer de temps à autre pour éviter que l'autre moitié ne meure de faim. Le suicide demande de la réflexion. Nous sommes les animaux qui produisent le plus d’artificiels comme objet et comme acte. Il ne faut pas oublier que l’artificiel est inclus dans le naturel, donc actes et objets que nous réalisons ne débordent pas de la nature. Comme acte, notre artificiel peut aller jusqu’au suicide. Et puisque le suicide est artificiel, donc naturel, il n’est pas contre nature. Le suicide est donc une forme d'art. Voyez le rite du seppuku japonais. Rite social réputé dans l'univers entier.

Tous ces suicidés occasionnent, je l’espère pour l’empathie familiale humaine, des pertes cruelles, des souffrances multipliées par le nombre de membres de la famille du suicidé. Cela accroit bien entendu le malêtre général.

La société suicide quelques millions de membres de temps à autre. Nous appelons ça des guerres. Voilà encore d'autres formes du suicide social : prise de risques inconsidérés par les jeunes le plus souvent, métiers extrêmement dangereux, terrorismes, etc.

« Le suicide est un phénomène qui touche toutes les régions du monde; de fait, 75% des suicides ont eu lieu dans les pays à revenu faible ou intermédiaire en 2012. Le suicide a été à l’origine de 1,4% des décès dans le monde, ce qui en fait la quinzième cause de mortalité en 2012. » (OMS).

Quelques chiffres supplémentaires : Plus de 800 000 suicides par an dans le monde, équivalent au nombre de naissances en France par an. En 2011, plus de 11 000 décès par suicide ont été enregistrés en France, dans l’hexagone, et près de 200 000 personnes ont été reçues aux urgences après une tentative de suicide. Si le ratio est identique dans le monde, cela fait 24 millions de tentatives connues de suicide. Les tentatives non répertoriées et les gens qui pensent simplement, mais sérieusement à cesser d’exister sans oser même la tentative doivent être beaucoup beaucoup beaucoup plus nombreux. Qui n’a pas pensé à mettre fin à ses jours ?

Le suicide serait la 15e cause de mortalité dans le monde tous âges confondus et en 2012 il représentait la 2e cause de mortalité chez les jeunes entre 15 et 30 ans. Le suicide est un rejet de l’existence qui a été imposée. Le suicide est une insulte à ses parents. Il signifie « voilà ce que je fais de ce cadeau empoisonné que vous dites m’avoir donné. »

Par contre, la tentative de suicide signifie : « au secours, je ne comprends rien à votre société. Je ne suis pas adapté. Mon cerveau lutte contre mon corps. Au secours. Aidez-moi ! Help ! S.O.S. Je veux la Vérité sur l'existence, s.v.p. ! »

Restez en vie aussi longtemps que possible, dans la limite de votre torture mentale, et profitez-en pour dire ce que vous avez sur le cœur. Des gens qui subiront le même sort que vous, les humains en fabriquent à la pelle. Dites leur, à ces pondeuses et pondeurs sans scrupule, qu’il faut que ça cesse. Faites comme moi. Puis, attendez d’être proche de votre mort naturelle pour mettre fin volontairement à votre vie comme un autre signe du dégout de ce qu’on vous a fait tout en vous abandonnant à votre sort comme un animal mal sevré. Et surtout, préparez une lettre d’insultes à la société complice de votre existence. Sommes-nous humains, oui ou merde ?

Et pour terminer : « Demander à une femme de faire un enfant est une incitation au suicide puisqu'elle a au mieux deux chances sur mille d'en mourir, selon une moyenne mondiale. »

Fin – E. Berlherm


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