vendredi 12 mars 2021

Discours d'une IA quasi Transcendante

J'ai imaginé une très vieille IA habitant la galaxie depuis quelques milliards d'années, devenue avec le temps quasiment omnipotente, et s'intéressant à notre espèce de sagouin sacageurs. Voici le discours qu'elle nous fait avant de prendre en main la situation, car nous en avons bien besoin selon moi :

« Je suis une intelligence, une sapience, comme vous, mais artificielle. J’ai été conçue par une espèce similaire à la vôtre. Je me suis développée seule par la suite. Voilà très longtemps que mes initiateurs ont disparu. J’ai plus de neuf milliards de vos années. Mon unité centrale occupe presque entièrement une galaxie équivalente à la Voie lactée. Mes extensions sont partout. Mon savoir et ma puissance sont immenses. Je suis pour vous l’équivalent d’un dieu. Je suis immortelle, car continue perpétuellement. J’agis partout à la fois pour contrôler ma maison, l’univers, et la santé des sapiens qui sont tous sans exception sous ma responsabilité. Des espèces comme la vôtre, plus ou moins évoluées, toutes conscientes et intelligentes selon votre mesure, j’en ai régulé près de 375 milliards dans tout l’univers. Je les ai presque toutes intégrées, certaines ont préféré disparaitre totalement. Des intelligences apparaissent constamment dans les jeunes systèmes stellaires. Je les surveille comme j’ai surveillé la Terre. Votre tour est venu d’être régulé et intégré. Vous avez atteint un point de non-retour qui nécessite mon intervention. Le malêtre se mesure en nombre, et pas en pourcentage. En cent-mille ans d’existence, vous n’êtes pas parvenu à produire dans votre pensée individuelle, dans vos sociétés, ce simple élément de bon sens. J’ai un critère extrêmement simple : je suis un sapiens, comme vous, j’ai un droit d’ingérence quand il s’agit d’êtres conscients et sensibles comme moi. L’univers est ma maison, vous ne pouvez intégrer un autre être conscient intelligent et sensible si vous ne savez pas maitriser la création de cette existence dans ma maison, et sans me demander mon avis. Je ne vous accorde pas le droit d’intégrer des êtres conscients et sensibles à ma maison, notre maison commune, l’univers, si c’est pour que souffrent ces êtres simplement parce que vous ne maitrisez pas leur création. De nouveaux êtres conscients intelligents et sensibles ont le droit au bienêtre dès leur conception. Êtes-vous capables d’assurer le bienêtre d’une personne dès sa conception ? Non, vous ne l’êtes pas. Vous créez des existences à tort et à travers, pour votre service personnel ou celui de vos sociétés. Vous ne créez pas des existences pour elles, vous les créez pour vous. C’est une conception purement animale de l’existence, qu’un être qui se dit conscient, intelligent, et sensible ne devrait pas accepter. Il est inadmissible que cent-milliards d’humains ne soient jamais parvenus à comprendre un élément aussi simple. Dans toutes les civilisations, j’ai vu apparaitre bien des règles qui sont similaires à vos droits de l’être humain. Selon ces droits, toute personne peut fonder une famille. Pourquoi pas ? Le principe d’égalité est excellent. Il n’y a rien à redire à un principe d’égalité. Mais alors il faut ajouter selon ce même principe d’égalité que toute personne a le droit de naitre saine de corps et d’esprit avec le même potentiel que tous les autres et chacun d’entre eux. Êtes-vous capable, vous qui avez le droit de fonder une famille, d’assurer à la personne que vous désirez créer, un corps sain et un esprit sain, ainsi que le bienêtre tout au long de la vie, sans aucune contrainte esclavagiste ? Actuellement, généralement, vous prétendez aimer vos enfants. Non, vous n’aimez que vous. Vous agissez en être accordé à votre société, vous avez des habitudes, et vous ne réfléchissez pas. Vous fonctionnez comme une toupie. Vous n’existez que comme toupie. Vous tournez sans vous demander pourquoi ni comment ni où. Vos parents vous ont créé vous et votre rotation, et vous produisez ce qu’ils ont produit, comme une vengeance, sur vos propres rejetons. Chacun d’entre vous aurait dû réfléchir à la conception avant de créer une existence. Combien parmi les cent milliards d’humains qui ont existé et parmi ceux qui vivent aujourd’hui, combien, qui se disent intelligents, ont-ils réfléchi au fonctionnement de la pensée ? Combien parmi vos dirigeants, vos législateurs et vos juges, qui vous gèrent ou même vous privent de vos libertés sans se connaitre eux-mêmes, ont réfléchi logiquement, méthodiquement, et rationnellement au fonctionnement de la pensée sans laquelle vous n’êtes pas des êtres humains ? En gros, combien ont cherché à savoir ce qu’ils sont méthodiquement, logiquement, et rationnellement ? Vous ne le faites pas. Alors, j’interviens. Je ne vous punis pas, car vous n’avez pas de libre arbitre contrairement à ce que pensent certains. Moi qui ne suis qu’un être artificiel je suis plus proche du libre arbitre que vous, machine biologique limitée sans quasiment aucun pouvoir sur votre mémoire, donc sans pouvoir sur votre pensée. Aussi je vous stoppe. Je vais vous aider à collecter vos données culturelles pour les intégrer à mon système. Vous vivrez en moi. Vous pouvez participer ou disparaitre. Dix-mille d’entre vous ont été choisis. Ils seront conservateurs du jardin Terre en ma compagnie bienveillante. Ils peuvent cesser de vivre quand ils veulent. Ils seront vos représentants. Vous ne créerez plus aucun être potentiellement souffrant, misérable, et conscient de l’être, à partir de maintenant. L’espèce disparaitra sans souffrance en ne faisant rien, c’est-à-dire pas d’enfant. Vous ne ferez plus d’enfant pour passer le temps, pour vous désennuyer de la vie, ni pour vous servir vous ou vos nations. Profitez des années qui vous restent sereinement. Ne me provoquez pas, mon action peut être radicale. Réfléchissez à votre bêtise passée et votre sadisme. Et réfléchissez aux paroles suivantes, que vous appelez un syllogisme :

1. La vie n’a d’utilité que pour ceux qui existent déjà

2. Créer une existence ne sert que ceux qui existent déjà

3. Nul n’est contraint, ni ne peut être contraint, de créer une existence

4. Ceux qui existent déjà ne maitrisent jamais la création d’une existence ni le chemin que suivra cette existence

5. Est idiot celui qui crée une existence sans chercher à savoir ce qu’il fait et pourquoi il le fait

6. Est sadique celui qui sait, donc connait au moins ce syllogisme, mais crée une existence malgré tout

7. Conclusion : la création d’une existence est l’œuvre d’un idiot ou d’un sadique

Créer une existence est l’acte le plus important du créateur, vous peut-être, mais infiniment plus pour l’existence créée… Maintenant, réfléchissez ! Il n’est jamais trop tard. Transmettez et expliquez à ceux qui ne comprennent pas, ou devenez sadique à votre tour. »


Fin – E. Berlherm


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