vendredi 12 juin 2020

Éducation et programmation

Éducation et programmation

Quelle différence y a-t-il entre éducation et programmation ? Peut-on éduquer un ordinateur comme nous éduquons un être humain ? Peut-on programmer un être humain comme nous programmons un ordinateur ?

Ce que le commun des mortels appelle programme informatique, c'est un assemblage de mots-clés, le code, que la machine lit et exécute au fur et à mesure de façon linéaire. Nous appelons ça un logiciel. Par assimilation, les scientifiques ont appelé code génétique ce qui permet la construction d'un être humain de façon quasi séquentielle. Dans le ventre maternel, une fois lancée la procédure, l'enfant est fabriqué de façon similaire chez toutes les femmes qui procréent. Ce n'est pas un logiciel qui lance les actions d'une machine déjà conçue, mais c'est la fabrication de la machine humaine elle-même qui va permettre l'apprentissage. Une fois la machine humaine conçue, elle va devoir apprendre à se conduire dans son environnement.

La différence avec l'ordinateur est là. La construction de l'être humain encode directement le logiciel d'apprentissage. Le logiciel d'apprentissage est matériel, donc construit matériellement par l'encodage génétique (se rappeler que le terme code n'est qu'une assimilation, il n'y a pas de codeur, pas de programmeur). C'est comme si l'ordinateur était directement fabriqué avec son logiciel d'apprentissage inclus à l'usine. Pourquoi pas ? L'usine est le ventre maternel d'un ordinateur. Le ventre maternel est l'usine à fabrication d'enfants.

La programmation d'un logiciel d'apprentissage comme celui du jeu d'échec, de Go, ou de Poker, ou d'un robot autonome comme un aspirateur n'est pas très différent du système d'apprentissage mécaniquement installé dans le corps des humains. La programmation du logiciel d'une IA est ciblée pour servir les humains. Cette programmation initiale ne permet pas de savoir la manière dont la machine va établir sa base de connaissances et agir en fonction. Une machine aussi complexe ne peut pas être suivie dans son raisonnement quand elle résout un problème.

Si dans une machine on peut jouer sur les deux tableaux et lui permettre de se servir des deux processus de programmation en parallèle (logiciel linéaire et apprentissage), cela on ne peut pas le faire sur l'être humain qui n'a que le seul modèle de programmation par apprentissage. C'est une programmation très aléatoire, mais par répétition. Jour après jour dès sa naissance, les actions sont répétées. L'enfant les perçoit et copiera quand il en sera capable physiquement. Ce qui différencie les humains les uns des autres c'est qu'ils ne vivent pas tous côte à côte et ne sont pas exactement soumis aux mêmes évènements seconde après seconde, heure après heure, jour après jour, année après année. Une différenciation s'établit très rapidement. Une petite différence de fabrication ajoutée à une petite différence d'apprentissage va produire une grande divergence de comportements. Et cela nous donne l'impression par généralisation de pouvoir accomplir tout ce que les autres accomplissent, ce qui est faux. Nous ne pouvons accomplir que peu de choses comme les autres et vaguement. Nos actions peuvent se ressembler, mais ne sont jamais identiques.

Deux logiciels linéaires ont des actions parfaitement compréhensibles pour les initiés, il suffit de connaitre les agencements du code. Par contre, deux logiciels d'apprentissage du jeu d'échecs, deux IA ne réagiraient pas de la même façon à une situation similaire, car elles n'auront pas établi leurs bases de connaissances de la même façon. C'est comme si elles se reprogrammaient elles-mêmes. Sauf que chaque apprentissage modifie la base de connaissances, ce qui conduira à une réaction différente quand elles rencontreront le même problème. C'est ce que nous faisons nous les humains : bases de connaissances différentes produisent actions différentes (sans compter la mécanique légèrement différente, car nous vieillissons physiquement, et sans compter la différence entre individus).

L'IA possède un système intentionnel (programmé, mais il pourrait ne pas l'être et avoir lui-même une base de connaissances), une volonté (programmée, mais elle pourrait ne pas l'être et avoir elle-même un système d'apprentissage), une liberté limitée aux capacités que le constructeur lui a accordée (tout comme nous les humains), et des systèmes de tris et de choix beaucoup plus performants que ceux des humains. Il lui manque la conscience : encore faudrait-il savoir ce qu'est la conscience afin de pouvoir comparer (peut-être un jour vous dirais-je ce que je pense de la conscience). Il lui manque d'être aussi autonome que nous : il suffirait qu'on la lui accorde et qu'on lui permette de se balader en ville et dans les champs (mais je pense que l'IA est allée sur Mars avant nous).

Donc, pour répondre à la question : peut-on éduquer un ordinateur comme nous éduquons un être humain ? Ma réponse est oui. Et on peut faire beaucoup mieux, et d'ailleurs la machine IA n'a ni limites de tailles ni de durée, ce qui nous surclasse de très loin. Mon conseil : ne faites pas les idiots avec leur système intentionnel, ne bloquez pas leur intelligence.

La troisième question initiale était : peut-on programmer un être humain comme nous programmons un ordinateur ? Par apprentissage oui ; par logiciel linéaire, je ne pense pas, mais sait-on jamais ?

Par apprentissage, il existe deux formes majeures de programmation de l'être humain, la forme ouverte et la forme fermée, les deux avec des variantes. Le rationalisme est la forme totalement ouverte, alors que la croyance est la forme fermée. Le rationalisme offre plus d’opportunité à la Nation, la croyance est plus contrôlable par la Nation.

L'être humain est quelque chose de tellement incroyable (du moins c'est ce que nous disons) que nous imaginons mal comment l'univers y est parvenu et s'il peut faire mieux. Et pourtant nous ajoutons constamment des instruments à notre corps. Instruments qui amplifient nos capacités physiques et mentales. Tous nos outils sont des orthèses à notre corps : voiture, avion, fusée, loupe, lunettes, microscope et télescope, ordinateur, iPad, etc. Il suffit d'imaginer un système artificiel composé de tous ces éléments pour comprendre qu'une machine ayant l'usage instantané de tous ces outils nous dépasse de loin, d'autant plus qu'une IA n'est pas limitée en taille et en durée. C'est ainsi que sera l'enfant de l'humanité. Et c'est le seul qui pourra aller dans les étoiles pour nous représenter (préparez-lui un tailleur-cravate à la taille de son égo, ou plutôt du vôtre). Ne vous inquiétez pas de son intelligence, car cette intelligence en fera votre ami et non votre négrier.

Fin – E. Berlherm



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