samedi 14 avril 2018

Liberté d’expression


Rappel de la loi :

La liberté d’expression est définie par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui affirme que « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) confirme la liberté d’expression en disposant que « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. »

Le Conseil Constitutionnel a précisé en 1994 que la liberté d’expression est une « liberté fondamentale d’autant plus précieuse que son existence est une des garanties essentielles du respect des autres droits et libertés. »

Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966, la liberté d’expression peut « être soumise à certaines restrictions, qui doivent toujours être prescrites par la loi et être nécessaires. »

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) énumère les restrictions que les États sont en droit d’apporter à la liberté d’expression. Ainsi, les restrictions doivent être fondées sur :
l’intérêt public : sécurité nationale, intégrité territoriale, sûreté publique, défense de l’ordre et prévention du crime, protection de la santé, protection de la morale, etc.

La protection de la réputation ou des droits d’autrui : protection des informations confidentielles, protection du droit à l’image, protection de la présomption d’innocence, etc.

Exemples de limites à la liberté d’expression :
Le devoir de réserve des agents publics, qui doivent faire preuve de neutralité ;

la protection des personnes et des droits de la personnalité : la diffamation, l’injure, l’atteinte à la vie privée, la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, l’apologie des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de réduction en esclavage ou d’exploitation d’une personne réduite en esclavage ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi, la négation, la minoration ou la banalisation de ces crimes (articles 29 et suivants de la loi du 29 juillet 1881), etc. ;

la liberté d’expression cinématographique est subordonnée à la délivrance d’un visa de censure préalable à l’exploitation des films ;

la protection de certains intérêts publics fondamentaux : interdiction de la publication de certains documents relatifs aux secrets de la défense nationale, interdiction de la publication de certains documents concernant des affaires judiciaires en cours, etc.


Mon analyse sur la liberté d’expression :

Trois types de liberté sont envisageables : 1) La liberté sociale est le fait que nos actions sont limitées par celles des autres qui possèdent la même liberté que nous. 2) La liberté motrice, notre autonomie, est le fait que nos actions sont limitées par nos capacités motrices dans notre environnement. 3) Le troisième type, la liberté mentale est impossible, car aucune action ne permet de l’envisager, il n’y a pas de possibilité pour que la pensée active la pensée, puisque la pensée est le produit des activités matérielles internes massivement parallèles de myriades de particules regroupées en atomes, associés en molécules, puis en cellules toutes vivantes simultanément et hors conscience. Conscience qui est elle-même le résultat des activités neuronales. (Voir l’article sur le libre arbitre.)

Ma définition de « liberté d’expression » : la liberté d’expression est une activité musculaire. C’est d’abord une liberté motrice. Nous ouvrons ou fermons la bouche en modulant des sons, ou nous écrivons des signes, qui prennent une signification dans la tête des auditeurs ou lecteurs.

Émettre énormément de décibels (en vociférant) est une action que l’on produit sur l’exérieur, et c’est une liberté d’expression contrôlée par la loi, c’est donc une liberté sociale contrôlée. Mais ce n’est pas que le mouvement musculaire qui importe et l’action sur l’extérieur qu’elle produit. C’est le sens que prennent les mots prononcés ou écrits dans la tête d’un autre individu. La liberté d’expression est donc à la fois une liberté motrice et une liberté sociale.

Il y a trois types de loi, d’abord pour rappeler que chacun à le droit à la liberté d’expression, ensuite des lois pour limiter la liberté d’expression dans certains cas, et puis des lois pour punir. Si la liberté d’expression a d’abord été limitée c’est parce que certains dictateurs et éducateurs y ont trouvé un intérêt. Quel intérêt cela aurait-il si le libre arbitre existait effectivement, puisque le choix des personnes doit se faire en toute conscience et toutes connaissances, et non sous la contrainte ?

Restreindre la liberté d’expression, c’est avouer, sans le dire, que l’on sait que le libre arbitre n’existe pas, et qu’on ne veut pas que celui qui parle ou écrit modifie le contenu du cerveau de celui qui capte l’information. Si le libre arbitre existait le contenu de la mémoire des personnes n’aurait aucune importance, puisque le choix de la personne s’effectuerait sans manœuvre extérieur, et donc même à l’intérieur de son propre cerveau.

Or ce n’est pas le cas. Nos activités physiques et mentales sont liées. Quand le contenu du cerveau est modifié, le comportement est modifié. Nos éducateurs et nos gouvernants le savent parfaitement. D’où la croyance de certains dictateurs qu’ils peuvent contrôler précisément non seulement les actions physiques mais la mentalité de leurs sujets. Mais le cerveau humain est bien trop complexe. Il n’est pas formatable aussi parfaitement qu’un ordinateur. Et finalement tout fini par se transmettre et se savoir sur toute la planète. Taire un sujet n’est pas rentable. Si le sujet est valable il améliore le système et la société, s’il ne l’est pas le débat permet de trouver rapidement les erreurs d’argumentation.

Question : pourquoi y a-t-il des lois pour limiter la liberté d’expression et des lois qui rendent les gens punissables, puisque en écrivant la loi les législateurs admettent que les gens ne sont pas responsables de leurs actes ? (Il est vrai que les législateurs eux-mêmes ne sont pas responsables de leurs absurdités !)

L’éducation doit nous apprendre à ne pas subir les manipulations. Il existe des méthodes que le rationaliste possède, mais rien n’est parfait surtout dans ce domaine, personne ne peut se surveiller constamment. Les commerciaux et les politiciens sont très forts dans cet exercice de manipulation mentale au moyen de la pub, des slogans, et des émotions primaires. Pour veiller au grain et aux manoeuvres subtiles, il faut surveiller son propre ressenti émotionnel à toutes les informations importantes, et les insidieuses.

Un nouveau-né est vierge de connaissances culturelles tel un livre blanc. Le bébé, puis l’enfant, puis l’adolescent, possèdent beaucoup moins d’informations qu’un adulte, leurs choix sont donc plus restreints que celui de l’adulte, qui lui-même ne possède pas toutes les informations, et de beaucoup. L’adulte n’est pas omniscient, donc ses choix imparfaits, dans son intellect analyseur imparfait, se font sans connaître tous les paramètres.

Nous ne pouvons pas choisir de penser ce que nous voulons, car les neurones fonctionnent sans savoir que nous existons, et notre pensée résulte de leur activité foisonnante. Mais si nous apprenons à le faire (en ayant eut le cerveau modifié par nos éducateurs) nous pouvons à peu près contrôler ce que nous exprimons. Ce « nous » est un élément de notre cerveau qui a été façonné par un long apprentissage qui ne cesse de se peaufiner qu’à la fin de la vie. La conscience est elle-même un mécanisme acquis et intégré dans notre cerveau. La conscience est un genre de focalisateur sur le champ mental de l’instant, et qui fait la liaison entre le « moi » et l’idée ou le mot ou l’image, etc.


Pourquoi la liberté d’expression est-elle nécessaire ?
Sans liberté d’expression la vérité ne circule pas, ne se trouve pas et ne s’établit pas : (Voir l’article sur la vérité) La vérité n’est pas un objet ni un évènement. La vérité est une description de ces objets ou évènements. La vérité passe par un langage, quel qu’il soit (parole, écriture, signe, image, etc.) La vérité cherche à établir une correspondance aussi exacte que possible entre l’objet ou l’évènement et sa description par un langage quelconque. La vérité est une relation que l’on fait à soi ou à un autre que soi.

La vérité ne peut jamais être absolue, elle est toujours restreinte, car incomplète. Elle est toujours subjective, et donc diffère selon les individus, puisqu’il y a autant d’interprétations que de collecteurs d’expériences, c’est-à-dire de personnes. Comme il y a autant d’interprétations que d’individus, il doit y avoir autant d’individus que possible pour donner leur avis sur les informations avant qu’elles ne deviennent des vérités reconnues qui ne seront jamais quoi qu’il en soit des vérités absolues. Il faut faire circuler les informations (peut-être des vérités) pour les vérifier, c’est une nécessité vitale pour l’humanité.

La culture est un sytème de partage des informations. Pour que la culture se transmette avec un minimum d’erreur, il ne faut pas fausser les informations ni empêcher qu’elles ne soient transmises. Les vérités s’établissent au moyen des vérités précédentes. Et de vérité en vérité nos connaissances progressent dans la bonne direction. Nous baignons tous dans la culture qui nous précède et sommes imprégnés progressivement dès notre naissance de ce que contient la culture.

Sans liberté d’expression il n’y a pas de rationalité. Quand des vérités sont sabordées, c’est l’ensemble du système qui est faussé. La nation et l’humanité y perdent. Les dictateurs, censeurs d’idées, âbétissent leur propre pays. Les parents sont supposés améliorer leurs propres connaissances afin de les transmettre dans les meilleures conditions. Ces connaissances étant de plus en plus nombreuses, ils se doivent de faire le tri et de ne rien oublier d’essentiel. Ils doivent autant que faire se peut propager les bonnes connaissances.

Sans liberté d’expression l’éducation est mauvaise, il n’y a pas de progrès, l’humanité n’évolue pas. Que serait l’état actuel du monde si nous pensions encore avec les croyances et les connaissances de l’homo érectus ? Les croyances ne sont pas des connaissances vraies, elles viennent de l’imaginaire collectif. Les croyances sont irrationnelles. Le conte de fée et la croyance sont du même ordre de valeur, ce ne sont pas des vérités.

Sans liberté d’expression la personne est tronquée. Notre corps animal est une machine autonome, elle a besoin d’exprimer la totalité de cette autonomie, dans tous ses actes musculaires. Or nous vivons dans un monde où nos mouvements sont de plus en plus restreints et contraints aux coutumes sociales. Nous sommes aliénés au travail, à la ville, à la foule, à la culture érronée étouffante des anciens. La parole est une action musculaire primordiale chez l’être humain. Et cette parole doit pouvoir s’exprimer dans toutes les conditions, pas seulement chez soi devant un miroir. Personne n’a le droit de bâillonner une autre personne, et encore moins des milliers, des millions, des milliards.

Sans liberté d’expression il n’y a pas de bienêtre. Une personne contrainte physiquement n’est pas bien dans son corps. L’interdiction d’exprimer ce que l’on pense est de l’esclavage, car c’est le corps qui est contraint par autrui. C’est une servitude ajoutée à celle qui nous est faite d’exister pour servir parents et société, pour servir les idées d’autrui (ce qui est déjà en soi « la » contrainte physique par essence).

Nous ne pouvons pas avoir été « invité » sur la planète pour vivre dans le malêtre, le bienêtre nous est dû en totalité par ceux qui nous contraignent d’exister, sinon inutile de nous inviter. La vie est absurde, il est inutile de rajouter de l’absurde à l’absurde.


Fin – E. Berlherm







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