samedi 6 janvier 2018

Lettre d’injures à la société et à mes géniteurs


Si vous êtes capables de comprendre ce qui suit, alors vous avez déjà passé (gaspillé) plus de 20 % (à vingt pour cent vous n’êtes toujours pas socialement émancipé), donc 20 % de votre vie sur la planète (si tout se passe selon vos espérances). Pour quoi faire ? Pour quoi vivez-vous et surtout pour qui vivez-vous ?

Et si tout comme moi vous avez une très forte envie de dire ses mille vérités à la Société humaine dans son ensemble, c’est une chose qu’il ne faut pas manquer de réaliser avant de quitter ce repère de margoulins, qu’on appelle Terre, qui sont encore vos associés pour très peu de temps. Profitez de vos vertèbres rouillées, de votre manque de sommeil, de vos courtes nuits, de votre cerveau encore vaillant pour composer une belle ode à la vengeance.

Tout d’abord, quelles raisons vous a-t-on données à la fabrication de votre existence ? Il s’agit de « vos » raisons d’exister, et non « leurs » raisons personnelles ? S’ils vous ont dégoté des raisons à votre existence alors ce sont de sacrés raconteurs de bobards et vous êtes (étiez) bougrement naïfs. Si tout comme moi vous n’avez pas questionné vos parents, c’est que probablement vous êtes nés dans un système patriarcal dictatorial dans lequel votre cerveau a été totalement blindé à la culture ambiante. Mais aucune éducation ne peut éviter les fonctionnalités neutres qui permettent de sortir de ce bridage infantile. J’ai donc eu du bol d’en échapper contrairement à la majorité des membres de ma famille, mais on n’en sort que difficilement, car l’imprégnation culturelle est grande, quasi totale.

N’hésitez pas à engueuler vertement la société, c’est parfaitement votre droit, car elle est complice du crime de la fabrication de votre existence (multiples crimes selon ses propres lois et c’est bien là le plus marrant). Vous êtes bien gentils de ne pas l’avoir fait plus tôt ou d’une autre manière que verbale. N’oubliez pas qu’ils vous ont contraints d’exister pour leur service, et certainement pas pour le vôtre. Vous ne leur devez rien, absolument rien, strictement rien, mais ils vous doivent tout (en tant qu’humain vantard bien sûr, les animaux eux ne font que stupidement se reproduire).

Je comprends pourquoi un individu veut continuer d’exister, c’est-à-dire poursuivre l’existence qui lui a été infligée, imposée, donnée (choisissez le verbe qui vous convient), mais je ne comprends pas pourquoi un être intelligent veut contraindre une autre personne, son égale, à exister, d’autant plus qu’il ne maitrise pas du tout la fabrication de cette personne et qu’il va l’installer dans le berceau-poubelle-Terre. Et pourtant j’existe, et certains imaginent que je dois me tenir coi au risque de renaitre en pire qu’humain. Comment ça pourrait-il être pire ?

Si vous avez imaginé que vos parents sont des gentils et que la société est là pour vous aider, eh bien je me charge de vous faire changer d’avis.

Parents ! Peut-on prétendre aimer l’enfant qu’on a installé dans une poubelle en jouant à la roulette russe sur sa tête pour se faire un cadeau à soi-même ?

Quelle poubelle ? Mais, la Terre voyons ! Ouvrez les yeux !

Pour la roulette russe, c’est là-dessous :

Pourquoi en vouloir à ses parents et à la société ? Par exemple pour être né gravement handicapé sans pouvoir mener une vie « normale », sans pouvoir ni courir ni marcher, sans pouvoir être éduqué correctement. Parce que la tétraplégie a tué la vie de mes rêves qui ne se passe pas comme prévu. Pour être gravement malade de naissance, ou avoir attrapé plus tard quelque chose d’irrémédiable que la médecine ne peut soigner. Pour avoir un cancer, une sclérose, une faiblesse cardiaque, une parkinson, pour être alzheimer. Pour avoir les os fragiles, les muscles faibles, les organes défectueux, le cerveau léger.

Pour être au chômage, avoir un métier de merde, car possesseur d’un QI de merde ou par malchance. Pour être SDF, faire la cloche. Parce que la famine règne dans le pays, dans le désert, dans le nord glacé, dans le sahel. Pour avoir subi le terrorisme et être une victime directe ou indirecte. Pour vivre dans une nation en guerre, pour avoir subi un bombardement d’un pays ennemi ou ami qui aurait décimé ma famille et m’aurait allégé de mes deux jambes. Pour être un enfant mendiant, un enfant esclave, un enfant mineur, un enfant prostitué. Pour être un vieillard solitaire, grabataire, aigri, malheureux. Pour ressentir et voir douloureusement arriver la mort dans la douleur sans pouvoir ne rien y faire.

Pourmais je crois que ça suffit pour en vouloir à la société, à toutes les sociétés humaines dans tous les lieux et toutes les époques. Rien que le fait que tout ceci puisse exister, que les militaires et les flics existent, que les gouvernants existent, que les fonctionnaires existent, que le patronat existe, que la richesse extrême coexiste avec la pauvreté extrême, et que la médecine existe, ainsi que les hôpitaux et les ONG, que les migrants de la survie existent, que les restos du cœur aient besoin d’exister, que les stupides religions existent pour tenter de nous apaiser alors que nous n’aurions pas besoin d’être apaisés si nous n’existions pas, et qu’on ait osé lancer la fabrication de mon existence, d’une existence consciente et sensible quelconque, dans un tel bain pestilentiel mondial permanent, me débecte au plus haut point.

Est-ce que vous avez lancé ma fabrication pour que je me serve à moi-même avant d’exister ou encore pour que mes expériences de vivant servent à décorer ma tombe ? Avez-vous fabriqué un imbécile incapable de comprendre l’absurdité de l’existence ? Manque de chance, pour moi, je suis parvenu à m’extirper par hasard de l’idiotie bienheureuse animale, du crétinisme ambiant général qui est le lot de l’immense majorité des autistes que sont presque tous les humains spécialisés dans leur propre rouage social et fier de l’être. Mais je ne suis pas Pangloss ni Candide. Mon jardin d’agrément, mon potager, ma bassecour, mon terrain de jeu, c’est la Terre dans sa totalité. Vous le salopez, ce jardin dans lequel vous m’avez balancé de force. Il est invivable. J’ai le droit de le saccager encore davantage ce jardin, j’ai le droit de me venger des pousseurs et de leurs complices, mais je ne l’ai jamais fait. Pourquoi ? Je l’ignore. J’ai sans doute autre chose à faire…

Société ! Une société qui commande, qui ordonne, qui dirige, qui menace, n’est pas une société d’associés égaux, mais une dictature d’oligarques profiteurs. Une société qui autorise la fabrication de personnes handicapées, les considérant sans doute comme des dommages collatéraux, est une immonde pourriture. Une société qui ne prévoit pas l’installation de ses propres associés avant (je précise bien, « avant ») le lancement de leur fabrication est imprévoyante donc stupide, ou se fout « royalement » de ses concitoyens. Pour qui nous prenez-vous, vous les dirigeants, sommes-nous des crétins de français ? Qu’est-ce que ça vous fait, messieurs les patriotes, d’enrichir la génétique française avec nos gènes de crétins ? N’avez-vous pas l’impression de cracher en l’air ?

Si nous sommes une société, comme la Constitution française le précise une trentaine de fois, comment peut-on être associé de force quand la Loi l’interdit ? Une fois associé quel mot ai-je à dire sur cette société ? Quand chacun peut rajouter un associé sans le consentement d’aucun des autres associés, y compris le nouvel associé fabriqué pour servir, comment peut-on appeler ça une société ? Une société d’esclaves d’esclaves ne sera jamais une démocratie. Mais qu’ai-je à faire d’une démocratie ou de tel ou tel type de gouvernements ? Vous ai-je demandé à être gouverné avant d’exister ? Tant que le monde aura besoin d’être gouverné, ne faites pas d’enfant. Un esclave qui réclame la liberté, mais qui fabrique un esclave est d’une grande stupidité, il n’est pas étonnant que l’humanité vive en guerre permanente d’esclaves contre d’autres esclaves.

De nos jours ils foutent les bébés dès 3 ans dans des crèches pour débarrasser les parents de ce boulot de surveillance et de torchage de cul, et pour déjà socialiser le moutard qui n’a pas demandé à vivre ni à être éduqué. C’est l’école de la vie, l’apprentissage au travail qui commence. Car vous avez été fabriqué pour tenir un rôle social. La société prend en charge bébé qui va bientôt devenir responsable d’exister (insondable mystère de la magouille sociale). Vous allez être un rouage que vous le vouliez ou non. Que vous soyez social, asocial, ou antisocial, vous êtes un rouage.

En fait, vous ne voulez rien à la naissance. Votre cerveau est totalement vierge de connaissance. Si vos éducateurs savent s’y prendre, ils parviendront à vous rendre enthousiaste pour la vie que vous allez mener. Voyez comme le monde est beau ! Comme ils vous cachent le plus laid, évidemment qu’il vous parait beau, et puisqu’ils vous le disent et l’inscrivent dans votre cerveau meuble et blanc, l’idée de la beauté du monde va germer, ou devrait germer sans trop de difficulté. Ne sont-ils pas gentils vos éducateurs ? Par comparaison, ils vous montrent les pires exemples de l’autre côté du monde. Imaginez, vous disent-ils, si vous viviez là-bas ce qu’ils font aux enfants. Il y a toujours loups et ogres loin de chez papa maman.

Mais avez-vous demandé à exister dans telle ou telle condition, dans tel ou tel lieu, à telle ou telle époque, au milieu de tels abrutis décérébrés ? Est-ce aux existants de choisir les conditions d’une vie bonne ? C’est moi qui décide pour moi du beau, du bien, du bon, du juste, pour moi. Qui est responsable de m’avoir fabriqué ? Est-ce moi ? Qui est responsable d’avoir farci mon cerveau, vierge à la naissance, de conneries ? Est-ce moi ?

La société a autorisé ma fabrication. Elle est responsable de mon existence et des conditions de mon existence. Se sent-elle responsable ? Non, elle prétend que vous êtes libres, mais fait tout pour vous enrégimenter. Elle est forte pour ça. C’est pratique cette méthode à la Ponce Pilate. Maintenant qu’elle vous a parait-il éduqué avec toute l’attention dont elle est incapable, démerdez-vous pour gagner votre vie. « Gagner votre vie ». Comment ça ? C’est ma vie ? Mais c’est vous qui me l’avez infligée bande de demeurés de société et parents ! Pourquoi devrais-je la gagner ? N’avez-vous donc pas prévu une vie mirifique pour mes beaux yeux puisque vous semblez si heureux de m’avoir enfanté ?

Résumé : Je suis mis au monde pour servir ceux qui existent déjà, car la procréation n’est utile qu’à ceux qui existent déjà. Ils me disent, quand je suis à même de comprendre, avec leur méthode de compréhension dont ils ont badigeonné mon cerveau sans certitude de réussite, que je suis un homme (une femme) libre. Puisque je suis libre, selon leur propre Loi, ils s’exonèrent de surveiller mon bienêtre et de me l’accorder. Je dois faire mon bienêtre moi-même. (Je rappelle que je n’ai pas demandé à exister, pas plus avec cette tête d’œuf farcie par leur soin qu’avec ce corps d’asticot qu’ils m’ont octroyé par hasard.)

Comme je n’ai pas d’autre moyen de vivre, je dois chercher et trouver du boulot au tarif minimal dans un pays où le chômage est permanent, cela s’appelle de l’esclavage par coercition masquée et du dumping social dont vous êtes les objets-dindons de la farce. Je dois jouer des coudes et écraser des pieds pour grimper l’échelle sociale, c’est-à-dire pour mieux m’enrichir, donc appauvrir d’autres péquins à l’autre bout du monde, et surtout enrichir le pays puisque je suis imposé dès que je gagne quelques tunes et même quand je dépense ce même argent déjà taxé. Ce n’est pas l’argent qui est taxé, ce sont mes gestes sociaux. Je n’ai toujours pas demandé à exister.

Grâce à cet argent durement gagné et taxé, je visite le monde comme tout le monde « civilisé » peut le faire tandis que l’autre monde affamé me regarde les visiter, avec envie. Puis j’atteins la bérézina, la retraite me réussit, mais je suis toujours esclave de mon corps et des moyens de transport et des limites sociétales, ce corps qu’ils m’ont octroyé sans vergogne et qui décrépit sans possibilité de faire cesser ce dépérissement. J’ai appris la mort par moi-même, personne ne m’avait prévenu de cette ouverture finale vers le néant par décomposition douloureuse. Décrépitude pas plus demandée que l’existence, mais à peine commencée que c’est déjà fini comme le dit si bien le poète.

La prochaine fois (renaissance ou métempsychose), je serais Président si vous êtes toujours là et toujours aussi cons, ainsi j’aurais l’index sur le bouton nucléaire prêt à disperser vos âneries dans un nouveau soleil.

Mon cerveau m’appartient dites-vous, mais je suis né tel que vous m’avez fabriqué, et tel un livre blanc (blanc ou pas ça ne changerait rien puisque je vous dois ma fabrication et mon éducation dans votre culture), donc d’où viennent ces injures que je vous glisse dans l’oreille ? C’est simple à comprendre, je vous insulte parce que vous me demandez de vous insulter, sinon comment comprendre ce mécanisme de génération d’insultes que vous avez mis vous-mêmes dans mon cerveau-automate et ma bouche desséchée pour finir dans vos esgourdes éventées ? Que doit-on en déduire ? Eh bien, vous désirez changer, mais n’y parvenez pas. Alors vous réclamez l’autoflagellation par vos propres associés… Je ne vois pas d’autre explication.

Comme il s’agit d’une lettre d’adieu définitif, je vous dis « à la non-revoyure ! » et faites cesser ce cauchemar bande de cinglés.

Et finalement pour imiter les jurons du capitaine Haddock : abrégés de tintinophile mal congelés, bougres d’extrait d’hydrocéphales, cannibales plumés, concentrés de chapons, emplâtrés à la graisse de scolopendre, faces de butors, vendeurs de guano, générateurs de malheur, fangeux vers de terre, ben-ladens de carnaval, bougres de Papous bretons et corses à la fois, perruches déplumées, sous-divisions d’ectoplasme, trafiquants de chair fraiche, faussaires de faux dollars, cucurbitacées à la graisse de porc épique, espèce d’astracan mal peigné, d’artagnans à quatre pattes, zouaves extraterrestres, ectoplasmes sur planche à roulettes, bougres d’extraits de potimarron, jus de lave-vaisselle, espèce de carpes mal embouchées, patagons d’étatisés islamiques, vampires à la graisse de ta fille, pirates de bateau-lavoir, espèce de rhinolophes mal empaillés, macchabées des égouts…

Encore un mot, vous êtes tellement abruptement cons que vous ne vous êtes même pas encore rendu compte que vous n’aviez pas de libre arbitre d’où votre impossibilité à trouver la solution pourtant simplissime à tous vos problèmes gigantesques. C’est à mourir de rire…


Fin – E. Berlherm


(Je vous recommande également le sujet suivant : « Pourquoi ai-je le droit de vanner à outrance la religion ? »


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