samedi 13 janvier 2018

Comment démontrer l’inexistence des dieux ?

Les croyants prétendent qu’on ne peut démontrer l’inexistence de Dieu, des dieux. C’est ce qu’ils veulent nous faire croire. Mais je ne suis pas croyant, je suis rationaliste. Il n’y a donc aucune raison pour que je ne remette pas en cause cette affirmation péremptoire. Ne pas se laisser abuser très longtemps est l’apanage du rationaliste.

Même quand je pense avoir bien cogité sur une idée, je peux revenir sur mes hypothèses sans problème (évidemment si j’en vois l’intérêt, tourner en rond n’est pas rationnel). C’est également valable pour celle-ci, que je vous propose.

Pour commencer, l’existence d’un dieu est un fait ou pas, et si c’en est un il doit être démontrable ou alors ce n’est qu’une théorie. Dans le cas des êtres invisibles qui se manifesteraient de manière tout aussi invisible, à quoi ça rime ? Soit leur action est tangible, elle agit sur la matière, soit elle ne l’est pas. Si elle ne l’est pas, alors ce n’est pas une action. C’est rien. Un fait, le fait divin, s’il en existait un doit donc être démontrable. Ce n’est pas une conviction, et d’ailleurs autant de convictions différentes qu’il y a de croyants. Les scientifiques ont le droit d’affirmer haut et fort qu’il n’y a pas de dieux. (Pourquoi ne le font-ils pas ?)

Les mots servent à étiqueter les objets, les êtres vivants, les concepts, les hypothèses, etc. Ils servent à les désigner pour pouvoir en parler entre nous. C’est encore plus évident pour le mot « dieu » qui est un concept. Ce mot est là pour être partagé, et même pour en imposer la présence et le partage (je parle de la présence du mot). Il ne sert pas qu’à une seule personne. Il doit donc être défini aussi précisément que possible afin qu’on sache de quoi il est question, pour être certain qu’on parle de la même chose. Est-ce le cas ? Ce mot est-il bien défini ? Que disent les croyants quand vous leur demandez une définition précise qui permettrait de trancher ? Sont-ils tous d’accord sur la planète, entre religions différentes, ou entre membres d’un même courant religieux, ou même entre membres d’une même religion, ou mieux encore entre membres d’une même famille, sur ce qu’est un dieu ? Je pense qu’il y a autant de définitions qu’il y a de croyants, et même que chaque croyant modifie ses définitions en vieillissant.

Le mot « dieu » est l’étiquette d’une entité invisible. Et en ce qui concerne le dieu des monothéistes, personne ne connait sa physionomie, sa morphologie, son anatomie, sa matérialité (son immatérialité ?). Personne ne sait où il vit, dans quel milieu il vit, comment il vit au quotidien, son quotidien, comment il vit son éternité. A-t-il écrit une autobiographie sur sa première demi-éternité ? Personne ne connait ses habitudes, excepté qu’il semble avoir pour but de nous surveiller, surveiller ses asticots-humains, fabriqués moins que des asticots comparés à lui, par ses bons soins. Cent milliards d’humains à surveiller, présents sous forme d’âmes évanescentes, au paradis, en enfer, sur Terre, et pourquoi pas ailleurs, dont près de huit-milliards vivants en chair faible et en os fragiles aujourd’hui. Pauvre dieu ! Où est donc passé son libre arbitre puisque nous lui imposons de surveiller plus de quatre moutards supplémentaires par seconde, soit plus de 140 millions par an. La mitraillette vaginale humaine est bien huilée. À la place divine, j’irais sucrer mes fraises ailleurs, mais où ?

Personne n’a jamais aperçu la moindre silhouette, ou ombre de ce dieu-là. Il est timide, mystérieux, colérique, menaçant, criminel, totalement immoral. Il ne songe qu’à ses intérêts. Son comportement semble plus celui d’un diable que d’un dieu. Pourtant je ne lui ai pas demandé à exister tel que je suis dans ce monde à la con. Pourquoi me menace-t-il pour mes conduites imparfaites, alors que c’est lui et personne d’autre qui m’a créé, procréé, fabriqué, imparfait ? (Même question à mes parents et à la société, bande d’animaux abrutis…)

Mais les croyants le définissent par ses potentialités. Les potentialités de ce dieu sont donc sa seule définition. Cela me convient tout à fait. Il suffit donc d’établir clairement que ces potentialités sont farfelues pour démontrer l’impossibilité de ce dieu et, par la même, son inexistence. L’impossibilité dans ce cas est équivalente à inexistence. Ce n’est pas un synonyme, c’est une équivalence.

La première potentialité divine étant sa capacité à créer, c’est-à-dire qu’à partir de rien et dans rien, il fait et met quelque chose, l’univers et nous en l’occurrence. Extraordinaire, n’est-ce pas ? Créer ce n’est pas inventer ou fabriquer. C’est bien un mot spécial qui est utilisé. La création est un potentiel divin et personne d’autre ne possède ce potentiel. Par définition que peut-on mettre dans rien ? Eh bien « rien », évidemment. Dans rien il ne peut pas tenir quelque chose sinon il faudra modifier la définition de « rien » (et ça ne me dérange pas, il suffirait d’en faire par exemple un synonyme de « quelque chose », et ça serait stupide).

Peut-on voir, percevoir, sentir, ressentir, « rien » ? Ce « rien » n’est même pas ponctuel. C’est l’inexistence totale. Inexistence spatiale, inexistence matérielle, et inexistence de quoi que ce soit d’autre que votre imagination débridée pourrait inventer.

Par exemple si l’univers est fini, cela veut dire qu’autour de lui il n’y a rien. Ce qui signifie que la vaste enveloppe de l’univers ne touche rien, alors que ce rien est moins que ponctuel. Intéressant cette connexion entre rien et la chose la plus vaste qui soit, n’est-ce pas ?

Bon pour la création ? Non, pas encore. Avez-vous déjà vu un objet être créé ? Moi, jamais dans le sens de création divine. Je n’ai jamais vu de miracle se produire, ce qui ne serait pas une création puisque ce genre de miracle des croyants se produit toujours là où il y a de la place. Ils sont juste incapables de dire pourquoi tel évènement s’est produit, ce qui démontre leur incompétence à comprendre, mais pas qu’il s’agit d’un miracle. J’ai déjà vu des créations artistiques, mais elles ne sortent pas de nulle part pour combler un rien. Il y a toujours de la place pour installer les œuvres d’art, et on sait de quels matériaux elles proviennent.

Voilà donc une question intéressante, pourquoi les humains ont-ils inventé ce terme de « création » ? On sait maintenant après Lavoisier, que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Mais au fait pourquoi l’univers devrait-il être créé? Et nous par la même occasion, puisque ce dieu-là existe de tout temps. Pourquoi pas l’univers ? Il faut bien qu’il existe quelque part le bonhomme Dieu.

Je passe à une autre potentialité divine, celle qui nous intéresse en priorité, car on aimerait bien tous la posséder (tous ou presque, car personnellement je ne vois pas à quoi ça sert, à part pour certain de ne pas avoir peur de mourir et voir où va le monde). Il s’agit de l’« éternité ».

S’il est éternel, alors le mec divin ne s’est pas créé. Il existe là, tout seul, de tout temps, posé comme un pot de yaourt sans rien autour, et personne pour le gouter. Il est pot de yaourt sans savoir pourquoi il est pot de yaourt ni de quand il vient, parce qu’il ne connait pas sa première seconde. Il n’y a pas de première seconde dans l’éternité. L’éternité ne commence pas. L’existence de ce pot de yaourt est perpétuelle. Il ne peut pas cesser d’être pot de yaourt, parce qu’en cessant il perdrait sa divinité, et ça il ne peut pas, ça lui est interdit par ses mécanismes divins. L’ogre, lui, peut se changer en souris et se faire dévorer par le chat, le pot de yaourt ne le peut pas, il est coincé dans son état de pot, manque de pot.

L’éternité ou la non-éternité rend l’existence d’un dieu impossible puisqu’il ne se serait pas créé lui-même, ce qui en fait un être fabriqué soit naturellement soit par une autre entité. Une entité ou la nature peut-elle fabriquer un dieu, qui ne serait donc pas éternel, sans être dieu elle-même ? La fabrication nécessite un commencement, ce qui annule l’éternité donc la déité.

Autre calamité de ce pot de yaourt divin, il est TOUT, absolument TOUT. Alors il ne peut pas se déplacer, qu’à l’intérieur de lui-même. Même quand il nous crée, disent les croyants, nous sommes lui, sans doute des bactéries dans le pot, ça lui permet probablement de mieux digérer. Digérer quoi puisqu’il n’a rien à manger ni à faire, en dehors de s’occuper de son narcissisme personnel. Dieu est sans aucun doute le plus narcissique des bonshommes qui n’ait jamais pu voir sa propre tronche dans un miroir puisqu’il n’a pas d’extérieur à lui-même pour créer un miroir et s’y mirer.

Il est, parait-il, également omnipotent, et omnipotent depuis toujours (mystère !). Mais on vient de voir qu’il ne peut pas cesser d’exister !!! Il ne peut pas être dieu sans être éternellement dieu et tout le reste.

Il est, parait-il, également omniscient, et omniscient depuis toujours (mystère !). Être omniscient et éternel me parait une gageüre insurmontable, surtout pour lui, car je ne vois pas du tout à quoi ça lui sert de savoir que le couvercle du pot de yaourt est bien ou mal posé. Je parle du pot de yaourt que nous mangeons tous les soirs nous les humains, du moins la partie « civilisée » de l’humanité, pour les autres il devra savoir de quelles poubelles ils ont tiré leur pitance quotidienne, quand ils trouvent. Mais pourquoi donc nous a-t-il fabriqué avec un estomac plutôt qu’avec des panneaux solaires ?

Les croyants lui prêtent le potentiel d’infinité. Mais est-ce un potentiel ou déjà les bribes d’un savoir sur son physique de pot de yaourt ? Cette infinité rend son omniscience encore plus difficile à comprendre, et sa capacité à rajouter quelque chose, c’est-à-dire l’univers et nous, en dehors de lui qui est TOUT, impossible à comprendre. L’infinité et l’absolu se contredisent, car le premier est relatif.

C’est un dieu qui veut que nous sachions qu’il existe, mais ne veut pas se montrer. C’est un dieu censé être juste, mais tout le monde le prie. S’il est juste pourquoi avantagerait-il l’un plutôt que l’autre ? L’offrande, le sacrifice, la prière n’ont de sens que s’il y a plusieurs dieux… À ce sujet pourquoi est-il écrit dans la Bible « les autres dieux » ?

Donc, je résume. Les croyants sont tous individuellement infaillibles, car ils savent tous comment l’univers existe et qu’un dieu existe par ailleurs sans savoir ce que sont l’un et l’autre. Ils savent tous que nous possédons une âme sans n’en avoir jamais vu la moindre plume d’une. Ils veulent tous nous envoyer en enfer si nous ne disons pas comme eux, tandis qu’eux qui sont les gentils iront au paradis. (Ma mère au paradis pleurera son fils en enfer pendant sa demie-éternité, sauf si elle m’oublie, et dans ce cas mérite-t-elle le paradis ?) Ils sont infaillibles, car ils ne veulent pas changer d’avis, ils sont surs d’eux à cent pour cent, tous individuellement. Tous, ça doit faire plus de six-milliards d’humains plus les quelques 90 milliards qui les ont précédés. À mon avis, ils sont stupides, autistes probablement, psychopathes et normopathes à la fois, mais ne le répétez pas. Ils risqueraient de péter les plombs.

Je « crois », je souhaite, j’espère que si vous faites l’effort, vous pourriez comprendre qu’il n’y a pas de dieu, que c’est démontrable et démontré, car le pot de yaourt a des potentialités par trop farfelues.

Faites circuler vos autres preuves. La meilleure preuve gagnera une place gratuite pour un mois au paradis ou en enfer au choix. Écrivez-les, gravez-les, rassemblez-les, pour qu’elles ne se perdent pas. 

C’est plus pratique pour discuter entre nous aimablement de ne pas rajouter trop de conneries de ce genre dans la description du monde.

Dernier mot, car je suis bavard par écrit. La phrase suivante démontre également l’impossibilité d’un dieu bon et juste : « La création d’une existence ne sert que ceux qui existent déjà, personne ne maitrise cette création ni le chemin que suivra cette existence, et une fois que vous avez créé la souffrance comment la défaire ? »

(Je vous laisse redémontrer que la réincarnation est une autre de ces âneries.)


Fin - E. Berlherm

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