lundi 13 avril 2020

Bébés médicaments




Bébés médicaments


Définition de « bébé médicament » captée sur Doctissimo:
« Un nouveau-né capable de sauver son frère ou sa sœur d'une maladie grave, voilà ce que signifie l'expression de "bébé médicament" ou "bébé du double espoir". Si ce terme peut parfois choquer, il est aujourd'hui possible de concevoir un enfant possédant de telles caractéristiques. »


Un embryon peut être choisi selon ses spécificités (donc après la fécondation de l'ovule et plutôt que de l'avorter il est sélectionné pour soigner un membre de la fratrie gravement malade). Cela permet de soigner un frère ou une sœur porteurs d'une maladie génétique sans remède. Sa fabrication (sa mise au monde) autorise par exemple une greffe de sang du cordon ombilical ou de moelle osseuse pour le frère ou la sœur incurable sans cela. Le premier bébé médicament est né en 2000 aux USA, la France a autorisé la fabrication d'un enfant médicament en 2006.


Cette autorisation de procréer un bébé médicament suppose que le bébé médicament sera (relativement) sain. L'embryon est même mis en route pour cette raison : il faut qu'il soit indemne de la maladie de son ainé. La personne est donc fabriquée pour « servir » ses parents et sa sœur ou son frère, et la société par la même occasion, car si l'on peut soigner l'enfant malade, cela fera autant de moins à payer tout au long de sa vie par des soins souvent lourds et couteux. Le premier avait déjà été fabriqué pour le service parental et social, il n'y a donc pas de grandes différences de conception (c'est le cas de le dire) entre le premier et le second.

Le premier avait été loupé, et comme cela porte préjudice à la famille et à la société statistiquement, on lance la fabrication d'un autre pour rattraper le coup. Si les parents étaient dans la normalité, avec le bébé sain à venir, cela fera du 25% loupé. On reste dans les normes mondiales. Trois pour faire tourner la nation et le quatrième qui servira à occuper quelques membres de la même nation.

Fabriquer un bébé (une personne), un seul, n'est pas une obligation. Personne n'y est obligé (excepté les femmes violées vulgairement ou patriarcalement). Avant que ce bébé soit fabriqué, sa vie n'avait pas de sens puisqu'il n'existait pas. Donc le fabriquer sans raison à ses très grands risques (et aussi celui de la mère) est carrément stupide, c'est animal donc stupide, mais quand c'est humain, c'est-à-dire quand l'acte est analysable logiquement, compassionnellement, c'est immonde.

Un dessin vaut mieux qu’un long discours :
Ce rectangle (vous ne voyez pas un rectangle ?) représente les quelque 140 millions de personnes qui sont fabriquées chaque année sur Terre en ces dernières décennies de folies. La partie à droite est encombrée de formes colorées représentant les humains censés être normaux, et à peu près bien portants.

La partie étoilée à gauche représente les handicapés de naissance, les plus gravement infirmes, les plus douloureusement sabotées par leurs parents avec l'assentiment social et votre propre accord. Cette part gauche de l'humanité a toujours existé, plus ou moins importante, mais a toujours existé.

Quand vous lancez la fabrication d'un enfant, le vôtre (qui ne vous appartient pas), vous acceptez ces millions de handicapés comme une nécessité pour la pérennité de votre espèce, pour la pérennité de votre nation, pour la pérennité sociale, pour la pérennité de vos idées, pour la pérennité des mécanismes de l'univers (dois-je vous demander à quoi servent ces différentes pérennités ?). Vous êtes complices du crime infini de leur fabrication.

Avant de lancer la fabrication d'un enfant, avez-vous ouvert les yeux sur leur sort ? Avez-vous fait un tour (tel un touriste du malheur) dans un hôpital, dans un centre pour handicapé physique ou mental, une école pour enfants inadaptés, une simple petite excursion sur le site de l'OMS, sur celui de handicap international ? Vous ne voyez pas de handicapés autour de vous, c'est qu'ils sont cachés (condamnés au confinement à perpétuité pour cause d'impéritie des fabricants).

Je reviens à mon quasi rectangle ci-dessus. La part de handicap de l'humanité est une certitude. Je dirais une habitude. Nous ne pouvons faire sans. Chaque couple, chaque femme, quand ils ébauchent leurs nourrissons, l'espèrent au moins normal, l'imagine même supérieur. En fait, ils jouent aux dés à quatre faces sur le dos du marmot qui n'est pas encore une personne puisque ce jeu est interdit sur la tête des humains non consentants. L'humanité elle, ne joue pas au dé. Le sort d'une part d'entre elle est d'emblée inéluctablement joué.

Pour que les normaux existent et fassent tourner quelque chose qui n'a aucune utilité dans l'absolue, ils doivent faire exister le handicap et obliger à souffrir son porteur i-n-c-o-m-m-e-n-s-u-r-a-b-l-e-m-e-n-t (au vrai sens de l'adverbe).

Si un individu joue à la roulette russe, par contre l’État ne le fait pas. Il ne joue pas. Il coupe la poire en quatre. Il ne désigne personne en particulier pour subir le malheur du handicap. Mais ce quart sera handicapé gravement. Pire qu'à la guerre. Pire que le confinement servant à sauver quelques milliers ou dizaines de milliers de personnes. L'humanité est handicapée, elle souffre, mais les États s'en foutent. La souffrance est virtuelle pour eux puisqu'ils ne la ressentent pas directement. (Pour rappel, un quart de huit-milliards de personnes, cela doit faire aux alentours de deux-milliards. Les entendez-vous chuchoter leur douleur ?)

Ce quart de handicapés pourrait être sauvé, mais l’État a besoin de sa propre pérennité sans utilité (la continuité de l’État). Alors il préfère conserver le tabou sur le sujet existentiel. L’État fait tout ce qu'il peut pour conserver le peuple dans l'ignorance de la question existentielle dont les philosophent parlent pourtant depuis des milliers d'années. À quoi sert d'exister ? Réponse : à rien. Alors, pourquoi faire souffrir tant de gens ? Réponse : je dois poursuivre. Quoi ? Réponse : l'existence de l'inutilité.

Pourquoi obéir à l'ordre d'exister de l'univers ? Réponse : je suis une personne libre d'obéir si ça me chante, au détriment des souffrants (il s'agit du même genre de libéralisme que le monétaire, toujours au détriment des autres. Libéralisme animal = loi du plus fort.)

Nous sommes tous des bébés médicaments. Nous servons à colmater les brèches de la nation que sont les vieux qui meurent sans gaité de cœur. Nous sommes fabriqués pour soigner la psychopathologie de nos parents. Sans nous ils s'ennuieraient. Sans nous leurs libidos auraient des lacunes. Sans nous l'idée de pérennité que la culture leur a mise en tête leur provoquerait un traumatisme profond.

Nous devons faire gonfler le ventre de nos mères, qui se plaindront de leur propre souffrance. Tu accoucheras dans la douleur. Ne mérites-tu pas de souffrir si c'est pour participer à ce carnage du handicap ? Voyez ces dizaines de milles ventres gonflés à terme expulsant ce jour (aujourd'hui comme demain) les souffreteux pour le service national.

Société = associés = complices.


Merci.


E. Berlherm



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