Vous imaginiez-vous en entrant dans l'existence, le nez sortant ahuri du vagin violeur et des cuisses ensanglantées de votre maman qu'après être nourri de sang comme un vampire (par le nombril) pendant neuf mois, vous alliez passer, par une alimentation lactée gratuite; pendu au téton de votre mère, tantôt à gauche côté cœur, tantôt à mordiller la droite avec avidité ? Vous commenciez à vous faire les dents. C'était déjà le gout de la viande. (Le biberon c'est moins digeste moins attrayant, moins odorant, mais on s'habitue à tout, même à parler chinois ou zoulou.) Après le vampirisme le cannibalisme ! Erreur ! vous alliez devenir omnivore.
Et pour cet omnivorisme appris avec application en quelques années et servi gratuitement... que dis-je gratuitement ? Vos abominables progéniteurs, ces minables abominations de parents vous apprennent en fait à passer de vos rêves d'aventures terrestres à travailleurs involontaires au service du pendule social. Tic tac, l'heure de l'esclavage a sonné. Bande d'hypocrites dégénérés !
Vous passez vos nuits difficilement parce qu'il vous faut désapprendre l'obscurité quasi totale de plus de 4 mois dans le ventre maternel. 4 mois minimum, parce que vous n'avez pas d'yeux dès la conception (18e jour), et surtout pas de cerveau à peu près terminé pour la perception ! Et certains d'entre nous vivront sans noir ni blanc tout au long de leur vie, quant à d'autres ils finiront par n'y voir que du noir. Donc passer ses nuits c'est difficile à apprendre. Puisqu'il faut se rythmer sur le circadien des sociaux.
Passer du sang au lait c'est immédiat, c'est comme la respiration : soit vous respirez dès les premiers instants de la dissociation d'avec votre fabricante (vous dites génitrice), soit vous allez voir daisy pour l'aider à pousser (« pushing daisy »). Pareil pour le lait, soit vous acceptez ce liquide, soit vous allez croquer le confrère de la pâquerette qu'est le dent-de-lion (dandelion in english = pissenlit). Comment des parents peuvent-ils avoir fabriqué un rejeton allergique ou intolérant à une nourriture aussi primordiale ? N'est-ce pas merveilleux ? « Allez pompe, Turlupin » dit la mère avec des yeux énamourés tout en empoisonnant...
Quand vous voyez une vache ou une gazelle brouter, vous vous dites « quel pied ! Le soleil gratuit, la nourriture gratuite, je lézarde je gambade et vive la vie ! ». Mais non, mon couillon, tu es là pour apprendre à militer pour la société.
Que sert la société ? L'être humain ! À quoi sert la société ? À se défendre ou attaquer une autre société d'êtres humains ! À quoi sert l'être humain ? À tourner vicieusement en bourrique ! À quoi sert l'être humain réellement ? À rien ! Le pendule social ne donne l'heure à personne. Le pendule individu cesse de donner l'heure à la fin de son existence. Les connaissances collectées et transmises d'individus en individus, ce que l'on appelle culture, finissent individuellement et socialement quand individu et société et humanité disparaissent.
Vous êtes donc mis au monde pour ça, c'est-à-dire rien. S'ils vous nourrissaient gracieusement, travailleriez-vous gracieusement ? Non, bien sûr ! Il y a bien d'autres choses à faire que de bosser tel un zombi social jour après jour après jour au service de...
Si l'on prend le leitmotiv des croyants, leur Dieu ne vous a pas qu'accordé le libre arbitre, mais la faim, la soif, le froid, pour contraindre votre libre arbitre à bosser. Bizarre ce libre arbitre ! (Je crois que je me suis déjà posé des questions sur ce fameux libre arbitre! J'irais faire un tour dans mes notes.) Nous humains on serait bien plus gentils avec nos enfants, du moins ceux qui en ont, mais qui sont cons d'en avoir, car si on pouvait on supprimerait toutes ces obligations de souffrance et même les obligations de se nourrir, de courber l'échine. N'est-ce pas ? Pas d'existence, pas de dos, pas d'échine... rien à courber, rien à réclamer.
Ceux qui veulent du pouvoir, c'est-à-dire contraindre les autres, c'est pour accumuler le pouvoir de ces autres pour eux-mêmes. Sinon à quoi servirait ce pouvoir ? Que fait votre Président parasite ? Il parasite en vous faisant croire à sa nécessité...
Puisque vous avez faim et soif, eh bien supprimons la gratuité de la nourriture et de l'eau, comme ça tout individu devra trimer pour ne pas souffrir. On lui dira que c'est ainsi, c'est normal, et on lui apprendra à tourner en roue libre dans la société sans qu'il ait à se poser la question de l'éthique du procédé. Puisque tout le monde le fait, alors c'est juste. Regarde la gazelle encore une fois ! Mire la mouette par la fenêtre ! Caresse le chat qui ronronne sur tes genoux !
Cela vous parait juste de bosser pour participer au monde social, à la progression de la culture, du savoir, même indirectement. Ce serait juste si cela servait au final à quelque chose, mais cela ne vous sert que pendant votre existence, et cela ne sert la société que lors de sa propre existence. Et tout cela va cesser. Y compris l'humanité à très longs termes. (C'est toujours très long après votre mort et avant votre naissance, c'est du moins l'idée que l'on s’en fait quand on existe, mais tant qu'on n'a pas été fabriqué on ne peut pas compter, alors pas de défilement des présents, pas de compteur pour faire le temps.)
Vous avez le droit d'avoir de la nourriture gratuitement parce que vous êtes, parait-il, selon vous, mieux qu'un simple animal qui, lui, broute gratuitement, et ne subit pas le chantage à la souffrance pour acquérir ce minimum vital. Humains, vous qui avez instauré ce système sans y prendre garde par votre accumulation sur la planète, vous êtes plus que dégueulasses, vous êtes simplement stupides.
Bientôt vous allez vous battre pour de l'eau entre nations, pas seulement de petites escarmouches, mais une bonne grosse guéguerre comme vous en avez l'habitude depuis des millénaires. Vous achetez du pétrole et du gaz pour l'énergie pour travailler ou vous chauffer ; vous allez acheter de l'eau pour exister. Vous allez donc travailler pour vos voisins qui ont de l'eau, vous allez bosser pour eux, comme vous marnez actuellement pour vos nations. Il n'y aura aucune différence, mais vous allez guerroyer pour ça alors que vous le faites déjà sans guerroyer ! Vice de forme et de fond de vos cerveaux.
« Nous partîmes à deux ; mais par un prompt renfort - Nous nous vîmes huit-milliards en arrivant au bord. » (Corneille - Le Cid ou presque → « au bord du précipice »)
Non, je ne fais pas partie de ça. Je vous ressemble, dans le miroir, mais pas dans la pensée.
Fin – E. Berlherm
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