vendredi 9 décembre 2022

La Pensée est Matérielle – Saison 1 - Épisode 1


L'innocence d'exister, c'est d'abord l'innocence de sa propre pensée, par exemple 3 fois 9. Pouvez-vous dire où se situe chacun des mots de la phrase précédente, et leur signification, dans votre mémoire, ainsi que le résultat de la multiplication ? Si vous ne le savez pas, d'où viennent-ils et que produisent-ils sur vous alors qu'ils sont en vous sans que vous sachiez où ? Et vous, ce vous dominant votre pensée et votre corps, vous qui êtes censé penser librement, où vous situez-vous dans votre propre cerveau, afin que cette liberté qui doit être contrôlée par vous le soit effectivement ?

Le texte qui suit débute une série potentielle sur le fonctionnement de la pensée. Ce serait de la prétention de ma part d'avoir fait cette recherche et de vous en parler si la pensée était quelque chose d’extraordinaire, mais ça ne l'est pas. L'univers ne fait rien de compliqué, et nous sommes « de » l'univers. Nous nous embrouillons tout seuls, les humains sont doués pour ça.

Les animaux ne cherchent pas à savoir comment fonctionne leur pensée quand ils en ont une, mais quand un animal possède une forme de pensée ne devrait-il pas chercher en priorité comment elle fonctionne ? Le cerveau n'est-il pas l'organe le plus important ? Alors, cherchez-vous ? (logiquement et méthodiquement.) Si l'on ne sait pas comment fonctionne la pensée, à quoi sert de penser et surtout d'imaginer qu'on puisse avoir raison envers et contre tout, c'est-à-dire « croire » ? Phrase qu'il y a un certain temps que je n'avais prononcé : « Avant de croire à quoi que ce soit, il faut commencer par vérifier que l'on est effectivement libre de penser. »

Un automate est une « chose » que l'on dépose quelque part et qui fonctionne sans se poser de questions sur les raisons de son existence et de son fonctionnement. La plupart des humains sont ainsi. Ils acceptent leur existence, et ne cherchent pas à savoir le pourquoi et le comment ils vivent et ils pensent. Ils sont déposés ici ou là sur la planète et à telle ou telle époque. Ils fonctionnent telles des machines. Ils sont de simples machines. Si vous qui me lisez ou m'écoutez vous n'avez pas déjà commencé cette recherche existentielle capitale (au vrai sens du terme), voilà quelques éléments sur le fonctionnement de la pensée qui pourraient vous intéresser :

La pensée est matérielle, et ne peut être que matérielle « par définition ». La matière est ce qui interagit. Quand ça n'interagit pas, ce n'est pas connaissable. Et ce qui n'est pas connaissable n'a aucun intérêt (sauf pour le roman fantastique ou la personne mystique). La pensée se répète, elle est donc mémoire. La mémoire est matérielle. La conscience se répète, elle est mémoire, elle est matérielle. La perception se répète, elle est mémoire, elle est matérielle. Vos idées sont matérielles puisque constituées de matière.

Une chose importante à savoir est qu'il ne peut y avoir un interpréteur dans l'interpréteur, car si vous cherchez un interpréteur des informations dans le cerveau, il faudra vous demander comment cet interpréteur fonctionne et comment il possède les informations de décodage des informations qui lui parviennent (le cerveau n'est pas un emboitement infini de poupées Matriochka). Notre corps est l'organe de la pensée, car il n'y a pas de raison de distinguer un neurone d'un autre neurone, un circuit nerveux d'un autre circuit. Le corps entier est l'interpréteur du monde. Nous n'avons pas d'interpréteur installé à la construction. Cet interpréteur du monde, c'est nous dans notre globalité, et il est, nous sommes, construits de A à Z par notre mère qui a juste copulé pour lancer la fabrication. Il ne reste plus qu'à comprendre comment se configure l'interpréteur du monde que nous sommes.

Au bout de huit jours chez les acheteurs, aucun des ordinateurs, (sortis d'une même usine et parfaitement identiques à la construction, quasiment dans les moindres détails), ne possèdent les mêmes fonctionnalités et mêmes données. Chez les humains, tout est différent dans les détails aussi bien à la construction que dans la première semaine de fonctionnement, même si nous sommes semblables morphologiquement. Des jumeaux parfaits deviennent rapidement différents, même si vous n'êtes pas capables de les différencier superficiellement (le corps est, avant tout, sous la peau. La peau n'en est que la surface).

La structure anatomique et morphologique de l'animal est en relation directe avec son potentiel d'action. Il en est de même pour nous. Si nous avions des ailes, nos comportements seraient en accord avec la structure nerveuse que nécessite l'utilisation des ailes ; et notre pensée serait différente, nos sociétés seraient différentes, et nos politiques totalement différentes. La mémoire est structurelle et la pensée s'établit en fonction de cette structure mémorielle.

Il y a quelques milliards d'années sur Terre apparaissait la première cellule capable de se reproduire (quasiment) à l'identique. À partir de ce moment, ce que nous appelons « la vie » s'est répandu sur la planète. La multiplication a été quasi exponentielle et donc probablement extrêmement rapide. La planète a été entièrement occupée par les monocellulaires. Les tempêtes, les courants marins ont disséminé les cellules à travers le globe, et quand les conditions étaient viables elles se divisaient, grossissaient et recommençaient la division indéfiniment.

La structure moléculaire des cellules étant complexe, elles sont fragiles. La fragilité conduit à l'instabilité (l'instabilité relative est le principe premier de l'existence). Les cellules évoluent. De multiples types de cellules apparaissent. L'évolution n'est qu'une conséquence de l'instabilité, et si nous n'avions pas été bloqués par les religions, nous aurions dû le découvrir depuis longtemps. L'évolution est normale. La bonne question est : comment se fait-il que certaines espèces soient plus stables que d'autres. Et en connaissant la rapidité d'évolution de l'humain (toutes les sous-espèces qu'a produites cette branche animale), sans parler de sa stupidité, on peut se demander si son avenir n'est pas bouché...

Dans un milieu restreint, les cellules ont dû rapidement crier famine. Il leur restait deux solutions, aller voir ailleurs donc se déplacer, ou cannibaliser la voisine. Les deux solutions ont été adoptées et quelques autres comme celle du myxomycète qui est une cellule géante avec de multiples noyaux.

Il y a aussi la coopération. Nous humains, comme tous les multicellulaires, sommes des assemblages de cellules qui ont coopéré pour survivre. Ce n'est pas une coopération raisonnée. C'est une coopération mécanique. En tant que rationaliste donc matérialiste, je suppose que cette agglomération s'est produite et a prospéré parce que c'était mécaniquement possible. Ce n'est pas une opération divine qui a agencé tous ces multicellulaires qui ont été nos précurseurs.

Pour nourrir les cellules au centre d'une masse cellulaire il faut soit que les cellules se déplacent dans la masse afin que chacune puisse gagner l'interface (comme les manchots qui se protègent du froid en Antarctique), soit qu'elles soient alimentées par les cellules en périphéries, donc un système de propulsion de la nourriture des bords vers le centre, le futur système sanguin. Pour que l'ensemble qui a besoin de plus de nourriture puisse en trouver, il fallait une sorte de coordination mécanique pour le déplacement, une flèche que l'ensemble des cellules agglomérées suivait, ce fut la tête et le système nerveux.

Les cellules se sont spécialisées selon leur position. Mais pour conserver les acquis, il fallait un système mémoriel de la morphologie et de l'anatomie du multicellulaire, ce fut l'ADN qui représente donc la mémoire structurelle de cet amas matériel, car ce n'est que de la matière. Je suppose qu'il a fallu pas mal de temps, d'innombrables essais et erreurs avant que la cellule avec son ADN produise un multicellulaire sensiblement identique à la « génitrice ».

Que signifie « je me contrôle » ? Est-ce que « je » contrôle « me » ? C'est-à-dire « je » contrôle « moi » ou plutôt « je » contrôle « je » ? Mais qu'est-ce que ça peut bien pouvoir dire ? Si « je numéro 1 » contrôle « je numéro 2 », comment peut-il y parvenir ? Soit les deux « je » sont identiques, soit il y a deux personnes en une. C'est incompréhensible (en apparence). Il y a plutôt encore une tentative d'embrouiller le logicien, qui ne se laisse pas abuser, soyez rassuré !

Fin de cette première partie sur la pensée, d'autres devraient venir, si j'ai un avenir.

E. Berlherm






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