Si
vous êtes capables de comprendre ce qui suit, alors vous avez déjà
passé (gaspillé) plus de 20 %
(à
vingt pour cent vous n’êtes toujours pas socialement émancipé),
donc
20 % de
votre vie
sur
la planète (si
tout se passe selon vos espérances).
Pour quoi faire ? Pour
quoi vivez-vous et surtout
pour qui vivez-vous ?
Et
si
tout comme moi vous avez une très forte envie de dire ses mille
vérités à la Société humaine dans son ensemble, c’est une
chose qu’il ne faut pas manquer de réaliser
avant de quitter ce repère de margoulins, qu’on appelle Terre, qui
sont encore vos associés pour très peu de temps. Profitez
de vos vertèbres rouillées, de votre manque de sommeil, de vos
courtes nuits, de
votre cerveau encore vaillant
pour composer une belle ode à la vengeance.
Tout
d’abord, quelles raisons vous a-t-on données à la fabrication de
votre existence ? Il s’agit de « vos » raisons
d’exister, et non « leurs » raisons personnelles ?
S’ils vous ont dégoté des raisons à votre existence alors ce
sont de sacrés raconteurs de bobards et vous êtes (étiez)
bougrement
naïfs. Si
tout comme moi vous n’avez pas questionné vos parents, c’est que
probablement vous êtes nés dans un système patriarcal dictatorial
dans lequel votre cerveau a été totalement blindé à
la culture ambiante.
Mais
aucune éducation ne peut éviter les fonctionnalités neutres qui
permettent de sortir de ce bridage infantile.
J’ai donc
eu
du bol d’en échapper contrairement
à la majorité des membres de ma famille,
mais on n’en sort que difficilement, car l’imprégnation
culturelle
est
grande, quasi totale.
N’hésitez
pas à engueuler vertement
la
société, c’est
parfaitement votre droit, car
elle est complice du crime de la fabrication de votre existence
(multiples crimes selon ses propres lois et
c’est bien là le plus marrant).
Vous
êtes bien gentils
de ne pas l’avoir fait plus tôt ou d’une autre manière que
verbale. N’oubliez
pas qu’ils vous ont contraints d’exister pour leur service, et
certainement pas pour le vôtre. Vous ne leur devez rien, absolument
rien, strictement
rien, mais
ils vous doivent tout (en tant qu’humain vantard bien sûr, les
animaux eux ne font que stupidement se reproduire).
Je
comprends pourquoi un
individu
veut continuer d’exister, c’est-à-dire
poursuivre l’existence qui lui
a été infligée, imposée,
donnée
(choisissez le verbe qui vous convient), mais je ne comprends pas
pourquoi un
être intelligent
veut contraindre une
autre personne, son égale,
à exister, d’autant
plus qu’il ne maitrise pas du tout la fabrication de cette personne
et
qu’il va l’installer dans le berceau-poubelle-Terre.
Et
pourtant j’existe, et certains imaginent que je dois
me tenir coi au risque de renaitre en pire qu’humain. Comment ça
pourrait-il être pire ?
Si
vous avez imaginé que vos parents sont des gentils et que la société
est là pour vous aider, eh bien je me charge de vous faire changer
d’avis.
Parents !
Peut-on prétendre aimer l’enfant qu’on a installé dans une
poubelle en
jouant à la roulette russe sur sa tête pour
se faire un cadeau à soi-même ?
Quelle
poubelle ? Mais, la Terre voyons ! Ouvrez
les yeux !
Pour
la
roulette russe, c’est
là-dessous :
Pourquoi
en vouloir à
ses
parents et à
la société ? Par
exemple pour
être né gravement handicapé sans pouvoir mener une
vie « normale », sans pouvoir ni courir ni marcher, sans
pouvoir être éduqué correctement. Parce
que la
tétraplégie
a
tué
la vie de mes rêves qui
ne
se passe pas comme prévu. Pour
être gravement malade de naissance, ou avoir attrapé plus
tard
quelque chose d’irrémédiable que la médecine ne peut soigner.
Pour
avoir un cancer, une sclérose, une
faiblesse cardiaque, une
parkinson, pour
être
alzheimer. Pour
avoir les os fragiles, les muscles faibles, les organes défectueux,
le cerveau léger.
Pour
être au chômage, avoir
un métier de merde, car possesseur
d’un
QI de merde ou par malchance.
Pour
être SDF, faire
la cloche.
Parce
que la famine règne dans le pays, dans
le désert, dans le nord glacé, dans le sahel.
Pour
avoir subi le terrorisme et être une victime directe ou indirecte.
Pour
vivre dans une
nation
en guerre, pour
avoir subi un bombardement d’un pays ennemi ou ami qui aurait
décimé ma famille et
m’aurait allégé de mes deux jambes.
Pour
être un enfant mendiant, un enfant esclave, un enfant mineur, un
enfant prostitué. Pour
être un vieillard solitaire, grabataire, aigri, malheureux.
Pour
ressentir
et
voir douloureusement
arriver
la mort dans
la douleur sans
pouvoir ne rien y faire.
Pour…
mais
je crois que ça suffit pour en vouloir à la société, à toutes
les sociétés humaines dans
tous les lieux et toutes les époques.
Rien
que le fait que tout ceci puisse exister, que
les militaires et les flics existent, que les gouvernants existent,
que les fonctionnaires existent, que le patronat existe, que la
richesse extrême coexiste avec la pauvreté extrême, et que la
médecine existe, ainsi que les hôpitaux et les ONG,
que
les migrants de la survie existent, que
les restos du cœur
aient besoin d’exister, que
les stupides religions existent
pour tenter de nous apaiser alors que nous n’aurions pas besoin
d’être apaisés si nous n’existions pas,
et
qu’on ait osé lancer la fabrication de mon existence, d’une
existence consciente et sensible quelconque,
dans un tel bain pestilentiel
mondial permanent, me débecte au plus haut point.
Est-ce
que vous avez lancé ma fabrication pour que je me serve à moi-même
avant d’exister ou encore pour que mes expériences de vivant
servent à décorer ma tombe ? Avez-vous
fabriqué
un imbécile incapable
de comprendre l’absurdité de l’existence ?
Manque
de chance, pour moi, je suis parvenu à m’extirper par hasard de
l’idiotie bienheureuse
animale,
du
crétinisme
ambiant général qui
est le lot de l’immense majorité des autistes que sont presque
tous les humains spécialisés dans leur propre rouage social et fier
de l’être.
Mais
je ne suis pas Pangloss ni Candide. Mon jardin d’agrément, mon
potager, ma bassecour, mon
terrain de jeu, c’est
la Terre dans
sa totalité.
Vous
le salopez, ce jardin dans
lequel vous m’avez balancé de force.
Il est invivable. J’ai
le droit de le saccager encore
davantage
ce jardin, j’ai le droit de me venger des pousseurs et de leurs
complices, mais je ne l’ai jamais fait. Pourquoi ?
Je l’ignore. J’ai sans doute autre chose à faire…
Société !
Une société qui commande, qui ordonne, qui dirige, qui menace,
n’est pas une société d’associés égaux, mais une dictature
d’oligarques profiteurs. Une
société qui autorise la fabrication de personnes handicapées, les
considérant sans doute comme des dommages collatéraux, est une
immonde
pourriture.
Une société qui ne prévoit pas l’installation de ses propres
associés avant (je
précise bien, « avant »)
le lancement de leur fabrication est imprévoyante donc
stupide, ou
se fout « royalement » de ses concitoyens. Pour
qui nous prenez-vous, vous les dirigeants, sommes-nous
des
crétins de français ? Qu’est-ce que ça vous fait, messieurs
les patriotes, d’enrichir la génétique française avec nos gènes
de crétins ? N’avez-vous pas l’impression de cracher en
l’air ?
Si
nous sommes une
société, comme la Constitution française
le
précise une trentaine de fois, comment peut-on être associé de
force quand
la Loi l’interdit ?
Une fois associé quel mot ai-je à dire sur cette société ?
Quand
chacun peut rajouter un associé sans le consentement d’aucun des
autres associés, y compris le nouvel associé fabriqué pour servir,
comment peut-on appeler ça une société ? Une société
d’esclaves d’esclaves ne sera jamais une démocratie. Mais
qu’ai-je à faire d’une démocratie ou de tel ou tel type de
gouvernements ? Vous ai-je demandé à être gouverné avant
d’exister ? Tant que le monde aura besoin d’être gouverné,
ne faites pas d’enfant. Un
esclave qui réclame la liberté, mais qui fabrique un esclave est
d’une grande stupidité, il n’est pas étonnant que l’humanité
vive en guerre permanente d’esclaves
contre d’autres esclaves.
De
nos jours ils foutent les bébés dès 3 ans dans des crèches pour
débarrasser les parents de ce boulot de surveillance et
de torchage de cul, et
pour déjà socialiser le moutard qui
n’a pas demandé à vivre ni à être éduqué.
C’est l’école de la vie, l’apprentissage au travail qui
commence. Car vous avez été fabriqué pour tenir un rôle social.
La
société prend en charge bébé qui va bientôt devenir responsable
d’exister (insondable mystère de la magouille sociale). Vous
allez être un rouage que vous le vouliez ou non. Que
vous soyez social, asocial, ou antisocial, vous êtes un rouage.
En
fait, vous ne voulez rien à la naissance. Votre cerveau est
totalement vierge de connaissance. Si vos éducateurs savent s’y
prendre, ils parviendront à vous rendre enthousiaste pour la vie que
vous allez mener. Voyez
comme le monde est beau ! Comme ils vous cachent le plus laid,
évidemment qu’il vous parait beau, et puisqu’ils vous le disent
et l’inscrivent dans votre cerveau meuble et blanc, l’idée de la
beauté du monde va germer, ou devrait germer sans trop de
difficulté. Ne sont-ils pas gentils vos éducateurs ? Par
comparaison, ils vous montrent les pires exemples de l’autre côté
du monde. Imaginez,
vous disent-ils, si vous viviez là-bas ce
qu’ils font aux enfants.
Il
y a toujours loups et ogres loin de chez papa maman.
Mais
avez-vous demandé à exister dans telle ou telle condition, dans
tel ou tel lieu, à telle ou telle époque, au milieu de tels abrutis
décérébrés ?
Est-ce
aux existants de choisir les conditions d’une vie bonne ?
C’est
moi qui décide pour moi du beau, du bien, du bon, du juste, pour
moi. Qui
est responsable de m’avoir fabriqué ? Est-ce moi ? Qui
est responsable d’avoir farci mon cerveau, vierge à la naissance,
de conneries ? Est-ce moi ?
La
société a autorisé ma fabrication. Elle est responsable de mon
existence et des conditions de mon existence. Se sent-elle
responsable ? Non, elle prétend que vous êtes libres,
mais fait tout pour vous enrégimenter. Elle est forte pour ça.
C’est pratique cette méthode à la Ponce Pilate. Maintenant
qu’elle vous a parait-il éduqué avec toute l’attention dont
elle est incapable, démerdez-vous pour gagner votre vie. « Gagner
votre vie ». Comment ça ? C’est ma vie ? Mais
c’est vous
qui me l’avez
infligée
bande
de demeurés
de société et parents ! Pourquoi devrais-je la gagner ?
N’avez-vous donc pas prévu une vie mirifique pour mes beaux yeux
puisque vous semblez si heureux de m’avoir enfanté ?
Résumé :
Je suis mis au monde pour servir
ceux
qui existent déjà,
car
la procréation n’est utile qu’à ceux qui existent déjà.
Ils me disent, quand je suis à même de comprendre, avec
leur méthode de compréhension dont ils ont badigeonné mon cerveau
sans certitude de réussite,
que je suis un homme (une femme) libre. Puisque
je suis libre, selon
leur propre Loi,
ils s’exonèrent de surveiller mon bienêtre et de me l’accorder.
Je dois faire mon bienêtre moi-même. (Je rappelle que je n’ai pas
demandé à exister, pas plus avec cette tête d’œuf
farcie par leur soin qu’avec ce corps d’asticot qu’ils m’ont
octroyé par hasard.)
Comme
je n’ai pas d’autre moyen de vivre, je dois chercher et trouver
du boulot au tarif minimal dans un pays où le chômage est
permanent, cela s’appelle de l’esclavage par coercition masquée
et
du dumping social dont vous êtes les objets-dindons de la farce.
Je dois jouer des coudes et
écraser des pieds
pour grimper l’échelle sociale, c’est-à-dire pour mieux
m’enrichir, donc
appauvrir d’autres
péquins
à l’autre bout du monde,
et
surtout enrichir le pays puisque je suis imposé dès que je gagne
quelques tunes et même quand je dépense ce même argent déjà
taxé. Ce
n’est pas l’argent qui est taxé, ce sont mes
gestes sociaux. Je
n’ai toujours pas demandé à exister.
Grâce
à cet argent durement gagné et taxé, je
visite le monde comme tout le monde « civilisé » peut le
faire tandis que l’autre monde affamé me regarde les
visiter, avec
envie. Puis j’atteins la bérézina,
la retraite me réussit, mais je suis toujours esclave de mon corps
et
des moyens de transport et des limites sociétales,
ce corps qu’ils m’ont octroyé sans vergogne et
qui décrépit sans possibilité de faire cesser ce dépérissement.
J’ai
appris la mort par moi-même, personne ne m’avait prévenu de cette
ouverture finale vers le néant par décomposition douloureuse.
Décrépitude
pas plus demandée
que l’existence, mais à peine commencée que c’est déjà fini
comme le dit si bien le poète.
La
prochaine fois (renaissance
ou métempsychose),
je
serais Président si vous êtes toujours là et toujours aussi cons,
ainsi j’aurais l’index sur le bouton nucléaire prêt à
disperser vos âneries dans un
nouveau soleil.
Mon
cerveau m’appartient dites-vous,
mais je suis né tel que vous m’avez fabriqué, et tel un livre
blanc (blanc ou pas ça ne changerait rien puisque je vous dois ma
fabrication et mon éducation dans votre culture), donc d’où
viennent ces injures que je vous glisse dans l’oreille ? C’est
simple à comprendre, je vous insulte parce que vous me demandez de
vous insulter, sinon comment comprendre ce mécanisme de génération
d’insultes que vous avez mis vous-mêmes dans mon cerveau-automate
et ma bouche desséchée
pour
finir dans vos esgourdes éventées ?
Que doit-on en déduire ? Eh bien, vous désirez changer, mais
n’y parvenez pas. Alors vous réclamez l’autoflagellation par vos
propres associés… Je
ne vois pas d’autre explication.
Comme
il s’agit d’une lettre d’adieu définitif, je vous dis « à
la non-revoyure ! » et faites cesser ce cauchemar bande de
cinglés.
Et
finalement
pour
imiter les jurons du
capitaine Haddock :
abrégés
de tintinophile mal congelés,
bougres d’extrait d’hydrocéphales,
cannibales déplumés,
concentrés de chapons,
emplâtrés à la graisse de scolopendre,
faces de butors,
vendeurs
de guano, générateurs
de malheur, fangeux vers de terre, ben-ladens
de carnaval, bougres de Papous bretons
et
corses à la fois,
perruches
déplumées,
sous-divisions
d’ectoplasme, trafiquants de chair fraiche,
faussaires
de faux dollars,
cucurbitacées à la graisse de porc
épique,
espèce
d’astracan
mal peigné, d’artagnans
à
quatre pattes, zouaves
extraterrestres,
ectoplasmes
sur
planche à
roulettes, bougres
d’extraits de potimarron,
jus
de lave-vaisselle,
espèce
de
carpes
mal embouchées,
patagons
d’étatisés
islamiques,
vampires
à la graisse de ta
fille,
pirates
de bateau-lavoir, espèce
de rhinolophes
mal empaillés,
macchabées
des
égouts…
Encore
un mot, vous êtes tellement abruptement
cons
que vous ne vous êtes même pas encore rendu compte que vous n’aviez
pas de libre arbitre d’où
votre impossibilité à trouver la solution pourtant simplissime à
tous
vos
problèmes gigantesques.
C’est à mourir de rire…
Fin
– E. Berlherm
(Je
vous recommande également le sujet suivant : « Pourquoi
ai-je le droit de vanner à outrance la religion ? »
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