jeudi 5 avril 2018

Serment du Paysan

Suite à l’essai sur le « Serment des Parents », voici un autre essai pour un « Serment du Paysan » établi sur le même modèle du serment d’Hippocrate, car le paysan est celui qui produit les briques du corps humain, ce qui est l’équivalent d’une mère concevant son enfant. Il n’y a pas de santé sans aliments sains. Si le médecin, qui fait l’acte secondaire de soigner, doit prêter serment, pourquoi le paysan qui fait l’acte essentiel de produire les briques du corps humain, ne prêterait-il pas serment ?

Le paysan doit travailler main dans la main avec le diététicien, le médecin, et bien entendu les parents. Le médecin ne devrait intervenir que pour soigner les conséquences des défauts initiaux du corps et non les défauts dus à de mauvais aliments.

S’il y a un serment d’Hippocrate, il doit y avoir un serment du Paysan.


Début du serment du Paysan :

Au moment d’être admis(e) à exercer le métier de paysan, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de garantir que les aliments produits soient sains, afin de préserver ou de promouvoir la santé des personnes dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai les sols. Je respecterai les animaux. Je respecterai l’écologie. Je respecterai la biodiversité. Je respecterai les humains. Je respecterai la Nature dans son ensemble.

Je ne tromperai jamais la confiance des personnes. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

Je n’userai d’aucun artifice pour augmenter la production. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou de la gloire.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

Produire l’alimentation étant un acte social nécessaire, participant de l’entraide générale, j’apporterai mon aide aux autres paysans ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque ; que la Justice me condamne si j’y manque.

(Remarque : Les serments sont dits par des individus, mais il faudrait que, puisqu’ils disent des serments, la Nation respecte elle-même un serment vis-à-vis des personnes qui travaillent pour elle afin de garantir qu’ils puissent vivre correctement. Il ne peut y avoir de serment individuel sans contrepartie nationale.)


Fin – E. Berlherm

mardi 3 avril 2018

Serment des parents

Voici un essai pour un « Serment des parents » établi sur le modèle du serment d’Hippocrate, car le parent est celui qui fabrique l’enfant, il est l’initiateur de toute société. Si le médecin, qui fait l’acte secondaire de soigner, doit prêter serment, pourquoi le parent qui fait l’acte principal d’engendrer, ne prêterait-il pas serment ? Le parent doit travailler main dans la main avec le paysan, le diététicien et le médecin. Le médecin ne devrait intervenir que pour soigner les conséquences des défauts initiaux du corps et non les défauts dus à de mauvais traitements (éducation, alimentation, hébergement, société).

S’il y a un serment d’Hippocrate, il doit y avoir un serment du Parent, de chaque parent.


Début du serment des Parents :

Au moment d’être admis(e) à exercer la parentalité, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera d’établir et de préserver le bienêtre de mon enfant dans tous ses éléments, physiques, mentaux, et sociaux, aussi longtemps que je serais en vie et tant que ma santé physique et mentale me le permettra.

Je respecterai mon enfant en tant que personne, en tant que mon égal(e). Je préserverai la neutralité de son éducation afin qu’il puisse établir par lui-même ses propres convictions ou absence de conviction. Je ne le contraindrai à exercer aucune religion. Je n’abuserai pas de mon autorité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

Je ne tromperai jamais sa confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité de l’imprégnation parentale, culturelle, et sociale pour forcer sa conscience.

Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis(e) dans l’intimité de mon enfant, cette personne, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur de sa chambre, je respecterai les secrets de son intimité et ma conduite ne servira pas à corrompre ses mœurs.

Je ferai tout pour soulager ses souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement son agonie. Je ne provoquerai jamais sa mort délibérément.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés pour assurer le bienêtre de mon enfant.

Faire un enfant étant l’acte social par essence, participant de l’entraide générale, j’apporterai mon aide aux autres parents ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les humains et mes concitoyens m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque ; que la Justice me condamne si j’y manque.

(Remarque : Les serments sont dits par des individus, mais il faudrait que, puisqu’ils disent des serments, la Nation respecte elle-même un serment vis à vis des personnes qui travaillent pour elle afin de garantir qu’ils puissent vivre correctement. Il ne peut y avoir de serment individuel sans contrepartie nationale.)


Fin – E. Berlherm

Serment d'Hippocrate

Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.

Fin


(https://www.conseil-national.medecin.fr/le-serment-d-hippocrate-1311)

mardi 27 mars 2018

Democracy of the Healthy

For there to be human, French for example, for the society to be sustainable, for the Nation to work, it is necessary to give birth. This nation needs, to exist, to constantly renew its "constituents-citizen" because a large number joined the kingdom of worms during the year. By nature, unfortunately, the fabrication of "associate-citizens" is not reliable. A high rate of babies does not pass the control of perfection, indeed the totality. But we have to do with it. The human contents himself with few to say that he is the most beautiful, the strongest, the most intelligent, and that, obviously, it is not difficult. The problem is those who are clearly missed, and as we have invented morality and rights, useless to think of getting rid of it, the law forbids it. These handicapped people are human, whatever we say. But why do not we hear them more, those miserable kids that clutter us, while they are so numerous, millions only in France?

Who runs faster, who has the biggest biceps, the biggest mouth? The healthy one, naturally! Who suffers, who hides his physical or mental misery from shyness or shame, who is dumb? Unhealthy one obviously!

Power belongs to the healthy ones. Too bad for others. You the unhealthy were manufactured to participate in the human adventure, the perpetuity of the species, the competition social and international, and also a little bit to please mom/dad. But only the healthy ones are amused or amused with that sometimes.

What kind of adventure? Are you happy with your painful adventures? Are you happy with your obstacle races to get your means of locomotion, your hospital beds, your home nurses, your drugs in an all-night drugstore? Bastards of disabled who dope themselves to take our places of healthy people!

What durability? The human species is not sustainable, because none is, since life is constantly evolving. And if there was a "human species", it would not run any danger with 8 billion people. Evolution, is not it a little bit progress? The wars we produce to show who is the best warrior nation certainly do not show the intelligence of the belligerents, and that produces handicaps in spades. We do not compete for an intellectual evolution, but for the best manufacturer of tools for extinguishing people and soil desertification.

What competition? The one between the partners. The one between the nations. But how could that not derail, such a system? Everything is done so that the battle ends according to the animal principle: the biggest predator gives up the place for lack of prey. The Petri dish is cleaned, nothing to consume, so no more consumers.

What pleasure? That of mom and dad who saw you crying as if it was not predictable that you could be born handicapped. It was certainly not for your pleasure that they made you because you had no way to refuse the invitation. Come! just like our genes will build you! Come! Frankenstein's little monster! Come on, slave!

But on the planet everyone is responsible according to the law, so you are responsible for your own disabilities, so you have to pay for it. You clutter the people. Why do you refuse to goose-step like everyone else? You are grains of sand in the clock. You're embarrassing them. This is probably why they forget you that they close their eyes and ears.

It is the active and healthy ones who make the laws. Have you ever seen parliamentarians in wheelchairs, in hospital beds? Probably one or two, and not very often since the Republic. Are the chairs of the Assembly made to welcome them? But what is the percentage of disabled people in the country? Who represents them? Should not there be the same percentage of disabled people in parliament as in the nation? Because disabled people have specific rights.

Are we not saying that there should be as many women as men in the government? Women with disabilities of their sexuality risking their lives when they procreate. Because "one" forgets this very big risk. By the way, do our mothers actually get a risk premium? But, to procreate, is this a need, a desire, a pleasure, a job, a duty, a power, an obligation, a personal or social necessity?

Do not pretend that the nation is a Fatherland, if you leave the least of your fellow citizens in the shit, if you authorize the fabrication of disabled (by birth). Fatherland is not my mother, it is my general-in-chief of the armies of the Republic. It's my taxman. It's my boss. Fatherland is not a democracy since he is sovereign, king of a sovereign nation. Why should I call Fatherland the Nation who screwed me into shit?

Do not pretend to be humanistic if you put your child at risk, a risk that you would certainly not have taken for yourself. A humanist does not put others at risk, he does not make children and even less to install in this grotesque world. The one who makes a child is an "animalist". And if you are a humanist, how can you impose your goals on me, that is to say, compel me to exist (fabricate me) to include myself in your system by putting myself before the fait accompli to exist? Oars up, galley slave, it's my adventure and it's the one I'm imposing on you.

Your parents owe you the absolute perfection of your body, of your intellect, and the world in which they install you, in which they invite you. Yet they have gratified you with all your imperfections, all your physical and mental defects, and this nightmarish world.

The democracy of the healthy ones is like the democracy of the cities, the most numerous impose their laws on the minorities. When two cities decide to build a highway to connect them, the peasants on the route have little hope of opposing the declaration of public utility. But the peasants feeding the urban, they have to fear only urban recklessness. This is not the case with the unhealthy ones, they are dependent on society without having asked to be one since they did not ask to exist for parental and social service. Their disabilities are collateral damage from the war of life against life. The healthy ones consider themselves lucky to have escaped the numerous handicaps that procreation reserves as a gift to every new living being.

Once he has escaped bad luck, the healthy one no longer thinks of it. Or rather, he often has a strong reaction towards the handicapped, as if he reproached him for existing. Children and idiots have this very rejection reaction. They insult, mock, sarcasm when they do not throw the stone. The older ones seem to think: why don't you suicide? Why do you endure this miserable life? Why do you ruin my landscape by your presence? Why do you show me that I could have been twisted? Why do you remind me that I can become like you? Why do I have to pay taxes for your livelihood? Why do you clutter my fatal toboggan?

The current democracy is an Athenian-type democracy, the democracy of the haves. Those who are healthy. Those who take advantage of their physical and mental good fortune to add a double penalty to the wretches, that of being able to enrich themselves without any other merit than the fate which has temporarily fed them with approximate well-being. And the unhealthy slaves who bear the weight of their faulty inheritance. They have relieved the healthy ones of the burden of the handicaps that they get stuck with all day long. The disabled are the dockers of misfortune.

Democracy is a system of relations between humans supposedly free and equal in a given territory when they are too numerous to agree without a legalized and controlled management of their actions.

You, the disabled ones, do not you feel harm at the base? Reduction of your fundamental freedoms and of birth equality. From your first breath, the democracy of the healthy ones tricks you. They will not ask you if you are happy to exist and of your disabilities. Why would they? Your disabilities are normal since it has always been so. It's Nature, it's like that, it's imperfect. In the old days, the animals would have eaten you. But since it's natural and normal, gently accept your fate. You're not going to, in addition to your bad life, boring the healthy ones, for they support your daily hell? Them, they have a Nation, a clock, to run... It is already good that they grant you the minimum vital. Do not ask too much.

The unhealthy one is like a sacrificed on the altar of the Nation in favor of the healthy one. For the Nation France to obtain its seven hundred thousand more or less healthy ones a year, it is necessary to launch the manufacture of eight hundred thousand babies.

Do you not hear, Lady and Gentleman Healthy, the unanimous cry of grief of the billions of unhealthy ones you procreated to satisfy your personal desires? Once you have fabricated a suffering being, how to undo the suffering?



End – E. Berlherm

Démocratie des bienportants

Pour qu’il y ait des humains, des Français par exemple, pour que la société soit pérenne, pour que la Nation fonctionne, il faut enfanter. Cette Nation a besoin pour exister de renouveler en permanence ses citoyens-administrés, car un grand nombre rejoint le royaume des vers au cours de l’année. Par nature, malheureusement, la fabrique d’associés-citoyens n’est pas fiable. Un taux important de bébés ne passe pas le contrôle de la perfection, à vrai dire la totalité. Mais il faut faire avec. L’humain se contente de peu pour affirmer qu’il est le plus beau, le plus fort, le plus intelligent, et ça évidemment, ça n’est pas difficile. Le problème ce sont ceux qui sont franchement loupés, et comme nous avons inventé la morale et les droits, inutile de songer à s’en débarrasser, la Loi l’interdit. Ces handicapés sont humains quoiqu’on en dise. Mais pourquoi ne les entend-on pas plus ces bougres de mal foutus qui nous encombrent, alors qu’ils sont si nombreux, des millions rien qu’en France ?

Qui court le plus vite, qui a les plus gros biceps, la plus grande gueule ? Le bienportant, naturellement ! Qui souffre, qui cache sa misère physique ou mentale par timidité ou honte, qui est muet ? Le mal portant évidemment !

Le pouvoir appartient aux bienportants. Tant pis pour les autres. Vous les malportants avez été fabriqués pour participer à l’aventure humaine, à la pérennité de l’espèce, à la concurrence sociale et internationale, et aussi un petit peu pour faire plaisir à maman/papa. Mais seuls les bienportants s’y amusent ou s’en amusent, parfois.

Quelle aventure ? Êtes-vous contents de vos aventures douloureuses ? Êtes-vous heureux de vos courses d’obstacles pour obtenir vos moyens de locomotions, vos lits d’hôpital, vos infirmières à domicile, vos médicaments dans une pharmacie de garde ? Salopards de handicapés qui vous dopez pour prendre nos places de bienportants !

Quelle pérennité ? L’espèce humaine n’est pas pérenne, car aucune ne l’est puisque la vie évolue constamment. Et s’il y avait une « espèce humaine », elle ne courrait aucun danger avec 8 milliards d’individus. L’évolution, n’est-elle pas un petit peu également une amélioration ? Les guerres que nous produisons pour montrer qui est le meilleur peuple guerrier ne démontrent certainement pas l’intelligence des belligérants, et cela produit du handicap à la pelle. Nous ne concourrons donc pas pour une évolution intellectuelle, mais pour le meilleur fabricant d’outils d’extinction de peuple et de désertification des sols.

Quelle concurrence ? Celle entre les associés. Celle entre les nations. Mais comment est-ce que ça pourrait ne pas capoter un tel système ? Tout est fait pour que la bataille finisse selon le principe animal : le plus grand prédateur abandonne la place faute de proie. La boite de Pétri est nettoyée, plus rien à consommer, donc plus de consommateurs.

Quel plaisir ? Celui de maman et papa qui en vous voyant se sont mis à pleurer comme s’il n’était pas prévisible que vous puissiez naitre handicapé. Ce n’est certainement pas pour votre plaisir qu’ils vous ont fabriqué, car vous n’aviez aucun moyen de refuser l’invitation.Viens tel que nos gènes vont te construire ! Viens, petit monstre de Frankenstein ! Arrive esclave !

Or sur la planète tout le monde est responsable selon la Loi, donc vous êtes responsables de vos handicaps, vous devez donc payer pour ça. Vous encombrez les bienportants. Pourquoi refusez-vous de marcher au pas comme eux tous ? Vous êtes des grains de sable dans l’horloge. Vous gênez. C’est sans doute pour ça qu’ils vous oublient, qu’ils se bouchent les yeux et les oreilles. 

Ce sont ceux qui sont actifs et bien portants qui font les lois. Avez-vous déjà vu des parlementaires dans des fauteuils roulants, dans des lits d’hôpitaux ? Probablement un ou deux, et pas très souvent depuis la République. Les fauteuils des assemblées sont-ils faits pour les accueillir ? Mais quel est le pourcentage de handicapés dans le pays ? Qui les représente ? Ne devrait-il pas y avoir le même pourcentage de handicapés au parlement que dans la Nation ? Car les handicapés ont des droits spécifiques.

Ne dit-on pas qu’il devrait y avoir autant de femmes que d’hommes au gouvernement ? Les femmes handicapées de leur sexualité risquant leur vie quand elles procréent. Car « on » oublie ce très grand risque. Au fait touchent-elles une prime de risque nos mères ? Mais enfanter est-il un besoin, un désir, un plaisir, un travail, un devoir, un pouvoir, une obligation, une nécessité personnelle ou sociale ?

Ne prétendez pas que la nation est une patrie, si vous laissez le moindre de vos associés-citoyens dans la merde, si vous laissez fabriquer des handicapés (de naissance). La Patrie n’est pas ma mère, c’est mon général en chef des armées de la République. C’est mon fisc. C’est mon patron. Le père Patrie n’est pas une démocratie puisqu’il est souverain, roi d’une nation souveraine. Pourquoi devrais-je appeler Patrie la Nation qui m’a foutu dans la merde ?

Ne prétendez pas être humaniste si vous faites prendre un risque à votre enfant, risque que vous n’auriez certainement pas pris pour vous-mêmes. Un humaniste ne fait pas courir de risques à autrui, il ne fait donc pas d’enfant et encore moins pour l’installer dans ce monde grotesque. Celui qui fait un enfant est un animaliste. Et si vous êtes humaniste comment pouvez-vous m’imposer vos buts, c’est-à-dire me contraindre à exister (me fabriquer) pour m’inclure dans votre système en me mettant devant le fait accompli d’exister ? Rame, galérien, c’est mon aventure et c’est celle que je t’impose.

Vos parents vous doivent la perfection absolue de votre corps de votre intellect et du monde dans lequel ils vous installent, dans lequel ils vous invitent. Ils vous ont pourtant gratifié de toutes vos imperfections, tous vos défauts physiques et mentaux, et ce monde cauchemardesque.

La démocratie des bienportants est comme la démocratie des villes, les plus nombreux imposent leur loi aux minorités. Quand deux villes décident de construire une autoroute pour les relier, les paysans sur le parcours n’ont pas grand espoir de s’opposer à la déclaration d’utilité publique. Mais les paysans nourrissant les urbains, ils n’ont à craindre que l’insouciance urbaine. Ce n’est pas le cas des malportants, ils sont à charge de la société sans avoir demandé d’en être une puisqu’ils n’ont pas demandé d’exister pour le service parental et social. Leurs handicaps sont des dommages collatéraux de la guerre de la vie contre la vie. Les bienportants s’estiment heureux d’avoir échappé aux nombreux handicaps que la procréation réserve en cadeau à tout nouvel être vivant.

Une fois qu’il a échappé au mauvais sort, le bienportant n’y pense plus. Ou plutôt il a souvent une vive réaction envers le handicapé, comme s’il lui reprochait d’exister. Les enfants et les idiots ont cette réaction de rejet très jeune. Ils invectivent, se moquent, poursuivent de sarcasme quand ils ne jettent pas la pierre. Les plus vieux semblent penser : pourquoi ne te suicides-tu pas ? Pourquoi supportes-tu cette vie misérable ? Pourquoi gâches-tu mon paysage par ta présence ? Pourquoi me montres-tu que j’aurais pu naitre tordu ? Pourquoi me rappelles-tu que je peux devenir comme toi ? Pourquoi dois-je payer des impôts pour ta subsistance ? Pourquoi encombres-tu mon toboggan fatal ?

La démocratie actuelle est une démocratie de type athénienne, la démocratie des possédants. Ceux qui possèdent la bien portance. Ceux qui profitent de leur bonne fortune physique et mentale pour ajouter une double peine aux malportants, celle de pouvoir s’enrichir sans autre mérite que le sort qui les a gavés provisoirement de bienêtre approximatif. Et les esclaves malportants qui supportent le poids de leur héritage défectueux. Ils ont déchargé les bienportants du fardeau des handicaps qu’ils se coltinent à longueur de journée. Les handicapés sont les dockers du malheur.

La démocratie est un système de relation entre humains supposés libres et égaux dans un territoire donné quand ils sont trop nombreux pour s’entendre sans une gestion légalisée et contrôlée de leurs actions.

Vous les handicapés, ne vous sentez-vous pas lésés à la base ? Réduction de vos libertés fondamentales et de l’égalité de naissance. Dès votre premier souffle, la démocratie des bienportants vous berne. Ils ne vous demanderont pas si vous êtes heureux d’exister et de vos handicaps. Pourquoi le feraient-ils ? Vos handicaps sont normaux, puisque ça a toujours été ainsi. C’est la Nature, c’est comme ça, elle est imparfaite. Autrefois, les animaux vous auraient mangé. Mais puisque c’est naturel et normal, acceptez gentiment votre sort. Vous n’allez pas en plus de mal vivre, ennuyer les bienportants pour qu’ils supportent votre enfer quotidien ? Eux, ils ont une Nation, une horloge, à faire tourner… C’est déjà bien qu’ils vous accordent le minimum vital. N’en demandez pas trop.

Le malportant est comme un sacrifié sur l’autel de la Nation en faveur du bienportant. Pour que la Nation France obtienne ses sept-cent-mille à peu près bienportants par an il faut lancer la fabrication de huit-cent-mille bébés.

N’entendez-vous pas, Madame et Monsieur Bienportant, ce cri unanime de douleur des milliards de malportants que vous avez enfanté pour satisfaire vos désirs personnels ? Une fois que vous avez fabriqué un être souffrant, comment défaire la souffrance ?


Fin – E. Berlherm


lundi 5 mars 2018

Invitation au bal des terriens

Nos parents sont parfois attentionnés, parfois ils nous disent qu’ils nous aiment, parfois ils nous facilitent la vie, parfois ils tentent de nous éduquer correctement, parfois ils nous aident à nous intégrer dans la société, parfois, mais pas toujours.

La vie est un fait accompli, nos parents ne nous ont pas vraiment invités au bal des terriens. Ils nous ont contraints à exister. Nous sommes des serviteurs, leurs serviteurs, comme eux ont été les serviteurs des idées, des désirs, et des besoins de leurs propres parents. Mais est-ce que nous voulons tous continuer à vivre en concurrence constante des uns et des autres alors qu’il n’était pas utile pour nous-mêmes que nous existions ? Est-ce qu’on ne devrait pas se conduire comme si nous étions des invités sur Terre ? Des invitations gentilles, aimables, intéressantes, nous proposant une belle visite de la planète aussi longue et plaisante que possible ? Est-ce qu’une cordiale invitation ne serait pas préférable, à un système d’intimidations permanent sur nos têtes alors que nous n’avons pas demandé à exister ?

Choisir entre une invitation et une menace assaisonnée de chantage, violence, agressivité, pour rien puisqu’exister ne sert à rien : notre choix intelligent parait simple, n’est-ce pas ?

J’ai 70 ans (2018) et j’ai une bonne expérience de la vie pratique. J’ai aussi beaucoup étudié et j’ai finalement appris et compris que nous sommes tous innocents d’exister, donc innocents de toutes nos actions. Toutes les formes d’existence existent sans l’avoir demandé, toutes les formes d’existence et les nôtres, en particulier, sont innocentes. Comment pourrions-nous être coupables de quoi que ce soit puisque nous sommes innocents d’exister, innocents de nos corps, innocents de nos intellects, innocents de notre éducation, et innocents de la culture et des éducateurs ? Nous avons été invités sous le Soleil par nos géniteurs avec l’accord de la société. Comment cette « gentille » invitation peut-elle se transformer en haine alors que nous sommes tous innocents de cette invitation à partager l’aventure humaine et l’aventure de la Vie ? Pourquoi nous inviter si c’est pour nous culpabiliser à la moindre occasion, pour nous éduquer par la violence, la peur, la dissuasion, le chantage de la prison, les lois menaçantes et les armes des policiers ou des militaires ?

Pourquoi nous menacer après nous avoir invités ?

Nous avons la possibilité de résoudre tous les problèmes humains en faisant comprendre à chacun que nous sommes tous innocents d’exister, donc innocents de tous nos actes. La seule remise en cause de la responsabilité de nos actions, puisque nous ne sommes pas responsables d’exister, devrait permettre une prise de conscience générale de ce qu’est l’humanité. L’innocence d’exister a des implications dans tous les domaines, éducatif, judiciaire, politique, etc.

Il ne s’agit pas d’avoir une idéologie quelconque (dictature, démocratie, socialisme, communisme, libertarisme, anarchisme, etc.) pour changer le monde en l’imposant d’une façon ou d’une autre par la force ou les armes, il s’agit uniquement de savoir ce que nous sommes effectivement.

Comment fonctionnons-nous ? Comment fonctionne la pensée, cette pensée que nous détenons tous, mais que peu de gens étudient alors qu’elle est à notre disposition en permanence ? Pourquoi possédons-nous à la fois l’intelligence, la compréhension, mais des émotions violentes et une agressivité souvent incontrôlable ? Pourquoi l’éducation du contrôle de cette agressivité n’est-elle pas prioritaire, renforcée, et vérifiée par les éducateurs ? Pourquoi les hommes, les mâles humains, qui marchent à la testostérone, qu’ils n’ont pas demandée, mais qui est à l’origine de leur agressivité qu’ils n’ont pas demandée non plus, et qui leur a été donnée avec leur existence non demandée elle-même, pourquoi ne sont-ils pas exercés pour renforcer le contrôle de leur agressivité ?

Dans le domaine de l’agressivité en particulier, et dans quelques autres, hommes et femmes ne sont pas égaux. Les éducateurs doivent tenir compte de cette inégalité de naissance.

Nous sommes des invités contraints à vivre et participer à cette invitation à la danse (Macabre !) avec d’autres invités. Beaucoup d’invités, énormément d’invités, bien trop d’invités. Est-il indispensable d’inviter tant de personnes à partager notre vie, et pour beaucoup une vie de misère et de souffrance ? Est-ce vraiment utile ?

À quand la révolution de l’innocence, l’innocence d’exister ?


Fin - E. Berlherm

samedi 3 février 2018

Thomas Paine - Preface 'The rights of man' - 1791

THOMAS PAINE

« Les droits de l’homme :

Réponse à l’attaque de M. Burke contre la Révolution française. »

Préface de l’auteur à l’édition française, traduite par mes soins avec l’aide du traducteur de Google et de Reverso.


L’étonnement que la Révolution française a provoqué dans toute l’Europe doit être envisagé sous deux angles différents: d’abord, car elle affecte les peuples étrangers, ensuite car elle touche leurs gouvernements.

La cause du peuple français est celle de toute l’Europe, ou plutôt du monde entier; mais les gouvernements de tous ces pays n’y sont nullement favorables. Il est important de ne jamais perdre de vue cette distinction. Nous ne devons pas confondre les peuples avec leurs gouvernements; surtout le peuple anglais avec son gouvernement.

Le gouvernement d’Angleterre n’est pas un ami de la Révolution française.

De cela nous avons des preuves suffisantes dans les remerciements donnés par cette personne faible d’esprit, l’électeur de Hanovre, parfois appelé le roi d’Angleterre, à M. Burke pour les insultes amassées par lui dans son livre, et dans les commentaires malveillants du ministre anglais, Pitt, dans ses discours au Parlement.

Malgré les amitiés les plus sincères trouvées dans la correspondance officielle du gouvernement anglais avec celle de la France, sa conduite dément toutes ses déclarations et nous montre clairement que ce n’est pas un tribunal à qui l’on peut faire confiance, mais un tribunal aliéné plongeant dans toutes les querelles et intrigues de l’Europe, en quête d’une guerre pour satisfaire sa folie et encourager ses extravagances.

La nation anglaise, au contraire, est très favorable à la Révolution française et au progrès de la liberté dans le monde entier; et ce sentiment deviendra plus général en Angleterre, puisque les intrigues et les artifices de son gouvernement sont mieux connus et que les principes de la révolution sont mieux compris.

Les Français devraient savoir que la plupart des journaux anglais sont directement à la solde du gouvernement ou, s’ils y sont indirectement liés, toujours sous ses ordres; et que ces journaux déforment et attaquent constamment la Révolution en France pour tromper la nation. Mais, comme il est impossible longtemps d’empêcher la prédominance de la vérité, les mensonges quotidiens de ces journaux n’ont plus l’effet désiré.

Pour être convaincu que la voix de la vérité a été étouffée en Angleterre, il suffit de dire au monde que le gouvernement considère et poursuit comme une calomnie ce qu’il doit protéger. Cet outrage à la morale est appelé loi, et les juges sont suffisamment vicieux pour infliger des pénalités sur la vérité.

Le gouvernement anglais présente, en ce moment, un phénomène étrange.

Voyant que les nations française et anglaise se débarrassent des préjugés et des idées fausses autrefois entretenues l’une contre l’autre, et qui leur ont couté tant d’argent, ce gouvernement semble afficher son besoin d’un ennemi; car, à moins d’en trouver quelque part, il n’existe pas de prétexte pour l’énorme revenu et la fiscalité maintenant jugé nécessaire.

C’est pourquoi il cherche en Russie l’ennemi qu’il a perdu en France, et semble dire à l’univers, ou se dire à lui-même. « Si personne n’est assez bon pour devenir mon ennemi, je n’aurai plus besoin de flottes ni d’armées, et je serai obligé de réduire mes impôts: la guerre américaine m’a permis de doubler les impôts, l’affaire hollandaise d’en ajouter d’autres; la crise de Nootka m’a donné un prétexte pour l’augmenter de trois-millions de livres sterling en plus, mais à moins de faire de la Russie une ennemie, la moisson des guerres prendra fin. J’étais le premier à inciter le Turc contre le Russe, et maintenant j’espère en récolter de nouvelles taxes. »

Si les misères de la guerre et le flot de maux qui se répandent sur un pays n’ont pas enrayé toute inclination à la joie, et transformé le rire en chagrin, la conduite frénétique du gouvernement d’Angleterre ne fera que susciter les railleries. Mais il est impossible de bannir de son esprit les images de souffrance que présente la contemplation d’une politique aussi vile. Raisonner avec les gouvernements, puisqu’ils ont existé pendant des siècles, c’est discuter avec des bêtes. Les réformes ne peuvent venir que des nations elles-mêmes. Il ne doit subsister aucun doute que les peuples de France, d’Angleterre et d’Amérique, éclairés et s’éclairant les uns les autres, pourront désormais, non seulement donner au monde un exemple de bon gouvernement, mais aussi, par leur influence unifiée, en imposer la pratique.

Parmi les incivilités par lesquelles les nations ou les individus se provoquent et s’irritent, le pamphlet de M. Burke sur la Révolution française est un exemple extraordinaire. Ni le peuple de France ni l’Assemblée nationale ne s’occupaient des affaires de l’Angleterre ou du parlement anglais; et que M. Burke engage une attaque contre eux sans provocation, tant au Parlement qu’en public, est une conduite qui ne peut pas être pardonnée sur le plan des mœurs ni justifiée sur celle de la politique.

Il n’y a guère d’épithète injurieuse dans la langue anglaise, avec lequel M. Burke n’a pas invectivé la Nation française et l’Assemblée nationale. Tout ce que la rancœur, les préjugés, l’ignorance ou la connaissance pouvaient suggérer se répand dans la fureur abondante de près de quatre-cents pages. Avec la tension et de la manière dont M. Burke écrivait, il aurait pu en écrire des milliers. Quand la langue ou la plume est lâchée dans une frénésie passionnelle, c’est l’homme, et non le sujet, qui s’épuise.

Jusqu’ici M. Burke s’est trompé et désappointé sur les opinions qu’il avait formulées sur les affaires de France; mais telle est l’ingéniosité de son espoir, ou la malignité de son désespoir, qu’elle lui fournit de nouveaux prétextes pour continuer. Il fut un temps où il était impossible de faire croire à M. Burke qu’il y aurait une Révolution en France. Son opinion était alors que les Français n’avaient ni l’esprit pour l’entreprendre ni le courage de la réaliser; et maintenant qu’il y en a une, il cherche une échappatoire en la condamnant.

Pas assez content d’abuser de l’Assemblée nationale, une grande partie de son travail consiste à abuser du Dr Price (l’un des meilleurs hommes de cœur qui soient) et des deux sociétés en Angleterre connue sous le nom de la « Revolution Society » et de la « Society for Constitutional Information ».

Le Dr Price avait prêché un sermon le 4 novembre 1789, qui est l’anniversaire de ce qu’on appelle en Angleterre la Révolution, ayant eu lieu en 1688. M. Burke, parlant de ce sermon, dit:

« La politique Divine procède dogmatiquement pour affirmer que, par les principes de la Révolution, le peuple d’Angleterre a acquis trois droits fondamentaux:

1. Choisir nos propres gouverneurs.

2. Les renvoyer pour faute.

3. Former un gouvernement pour nous-mêmes. »


Le Dr Price ne dit pas que le droit de faire ces choses existe dans cette personne ou cette autre, ou dans telle description des personnes ou telle autre, mais qu’elle existe dans la totalité; que c’est un vrai résident de la nation. M. Burke, au contraire, nie qu’un tel droit existe dans la nation, en tout ou en partie, ou qu’il existe partout; et, ce qui est encore plus étrange et merveilleux, il dit: « que le peuple d’Angleterre renonce complètement à un tel droit, et qu’il s’opposera à sa revendication pratique par leurs vies et leurs fortunes ». Que les hommes prennent les armes et dépensent leurs vies et leurs fortunes, non pour maintenir leurs droits, mais pour maintenir qu’ils n’ont pas de droits, c’est une espèce de découverte entièrement nouvelle et adaptée au génie paradoxal de M. Burke.

La méthode que M. Burke prend pour prouver que le peuple d’Angleterre n’a pas de tels droits, et que de tels droits n’existent pas actuellement dans la nation, soit en tout ou en partie, soit nulle part, est du même merveilleux et monstrueux acabit que ce qu’il a déjà dit; car ses arguments sont que les personnes, ou la génération de personnes, avec lesquelles ils ont existé, sont mortes, et avec eux le droit est mort aussi. Pour le prouver, il cite une déclaration faite par le Parlement il y a environ cent ans, à William et Mary, en ces termes: « Les Seigneurs Spirituels et Temporels, et les Communes, font, au nom des personnes susdites » (signifiant les personnes de l’Angleterre alors vivant) « une soumission la plus humble et fidèle, leurs héritiers et leurs postérités, à JAMAIS ». Il cite une clause d’une autre loi du Parlement faite sous le même règne, sur les termes desquels il dit: « nous lient » (signifiant les gens de leur époque), « nos héritiers et notre postérité, eux, leurs héritiers et leurs descendants, jusqu’à la fin des temps. »

M. Burke croit son point de vue suffisamment établi par la production de ces clauses, qu’il renforce en disant qu’elles excluent le droit de la nation pour toujours. Et non content de faire de telles déclarations, répétées encore et encore, il dit plus loin, « que si le peuple d’Angleterre possédait un tel droit avant la Révolution » (ce qu’il reconnait avoir été le cas, non seulement en Angleterre, mais dans toute l’Europe, à une période initiale), « cependant la nation anglaise, à l’époque de la Révolution, y renonça solennellement et abdiqua solennellement, pour eux et pour toute leur postérité, pour toujours. »

Comme M. Burke applique parfois le poison tiré de ses horribles principes, non seulement à la nation anglaise, mais à la Révolution française et à l’Assemblée nationale, et qualifie ce corps auguste, éclairé et éclairant, de l’épithète d’usurpateurs, je placerai, sans cérémonie, un autre système de principes en opposition avec le sien.

Le parlement anglais de 1688 a fait une certaine chose que, pour eux et leurs électeurs, ils avaient le droit de faire, et qui semblait devoir être faite. Mais, en plus de ce droit qu’ils possédaient par délégation, ils établissaient un autre droit par principe, celui de lier et de contrôler la postérité jusqu’à la fin des temps. L’affaire se divise donc en deux parties; le droit qu’ils possédaient par délégation, et le droit qu’ils établissaient par principe. Le premier est admis; mais en ce qui concerne le second, je réplique: il n’a jamais existé, il n’existera jamais, et il ne pourra jamais exister., de parlement, ou aucune description d’hommes, ou de génération d’hommes, dans aucun pays, possédant le droit ou le pouvoir de lier et de contrôler la postérité jusqu’à la « fin des temps », ou de décider à jamais comment le monde sera gouverné, ou qui le gouvernera; et par conséquent, tous ces types de clauses, tous les actes ou toutes les déclarations par lesquels les auteurs tentent de faire ce qu’ils n’ont ni le droit ni le pouvoir de faire, ni le pouvoir d’exécuter, sont en soi nuls et non avenus.

Chaque âge et chaque génération doit être aussi libre d’agir dans tous les cas, que l’âge et les générations qui l’ont précédé. La vanité et le principe de gouverner au-delà de la tombe sont la plus ridicule et la plus insolente de toutes les tyrannies. L’homme ne possède pas l’homme; aucune génération n’a de propriété sur les générations à venir. Le parlement ou le peuple de 1688, ou de toute autre époque, n’avait pas le droit de disposer des personnes d’aujourd’hui, ni de les lier ou de les contrôler sous quelque forme que ce soit, pas plus que le parlement ou le peuple d’aujourd’hui ne peut disposer, lier ou contrôler ceux qui vivront dans cent ou mille ans. Chaque génération est et doit être compétente pour tous les éléments que les occasions exigent. Ce sont les vivants, et non les morts, qui doivent être satisfaits. Quand l’homme cesse d’être, son pouvoir et ses besoins cessent avec lui; et n’ayant plus aucune participation aux préoccupations de ce monde, il n’a plus aucune autorité pour décider qui seront ses gouvernants, ou comment son gouvernement sera organisé ou administré.

Je ne combats ni pour ni contre aucune forme de gouvernement, ni pour ni contre aucun parti, ici ou ailleurs. Ce qu’une nation entière choisit de faire elle a le droit de le faire. M. Burke dit, Non. Où donc le droit existe-t-il ? Je combats pour les droits des vivants, et contre le manuscrit qui présume l’autorité des morts, et M. Burke plaide pour l’autorité des morts sur les droits et la liberté des vivants. Il fut un temps où les rois déposaient leurs couronnes par testament sur leurs lits de mort, et consignaient le peuple, comme les bêtes des champs, à tout successeur qu’ils désignaient. Ceci est maintenant tellement infondé qu’on se souvient à peine d’eux, et si monstrueux qu’on peut difficilement le croire. Mais les clauses parlementaires sur lesquelles M. Burke construit son église politique sont de la même nature.

Les lois de chaque pays doivent être analogues à quelque principe commun. En Angleterre, aucun parent ou maitre, ni toute l’autorité du parlement, omnipotent comme il s’est nommé lui-même, ne peut lier ou contrôler la liberté personnelle même d’un individu de plus de vingt-et-un ans. Sur quelle base de droit, donc, le Parlement de 1688, ou tout autre Parlement, pourrait-il lier toute la postérité pour toujours ?

Ceux qui ont quitté le monde, et ceux qui n’y sont pas encore arrivés sont aussi éloignés l’un de l’autre que la plus extraordinaire imagination humaine peut concevoir. Quelle obligation peut donc exister entre eux – au nom de quelle règle ou quel principe deux non-entités, l’une hors de l’existence et l’autre pas encore, et qui ne peuvent jamais se rencontrer dans ce monde, l’une devrait contrôler l’autre jusqu’à la fin des temps ?

En Angleterre, on dit que l’argent ne peut pas être retiré des poches des gens sans leur consentement. Mais qui autorisait, ou qui pouvait autoriser, le Parlement de 1688 à contrôler et à enlever la liberté de la postérité (qui n’existait pas pour donner ou refuser son consentement) et limiter et restreindre pour toujours son droit d’agir ?

Une plus grande absurdité ne peut se présenter à la compréhension de l’homme que ce que M. Burke offre à ses lecteurs. Il leur dit, et il dit au monde à venir qu’un certain groupe d’hommes qui existait il y a cent ans a fait une loi, et qu’il n’existe pas dans la nation, n’existera jamais, ni ne peut exister, un pouvoir de la modifier. Sous combien de subtilités ou d’absurdités le droit divin de gouverner a-t-il été imposé à la crédulité de l’humanité ? M. Burke en a découvert un nouveau, et il a raccourci son voyage à Rome en faisant appel à la puissance de ce parlement infaillible d’autrefois, et il produit ce qu’il a fait comme venant d’une autorité divine, car ce pouvoir doit certainement être plus qu’humain pour qu’aucun pouvoir humain ne puisse l’altérer jusqu’à la fin des temps.

Mais M. Burke a rendu service - non à sa cause, mais à son pays - en mettant ces clauses à la vue du public. Elles servent à démontrer à quel point il est nécessaire de veiller constamment à la tentative d’empiètement du pouvoir et d’empêcher son fonctionnement excessif. Il est quelque peu extraordinaire que le délit pour lequel James II a été expulsé, celui d’établir le pouvoir par principe, doive être repris, sous une autre forme et manière, par le Parlement qui l’a expulsé. Elle montre que les droits de l’homme n’étaient qu’imparfaitement compris à la Révolution, car c’est bien ce droit que le Parlement a établi par principe (car par la délégation elle n’avait pas, et ne pouvait pas l’avoir, parce que personne ne pouvait le lui donner) sur les personnes et la liberté de la postérité pour toujours, était de même nature tyrannique sans fondement que James a essayé de mettre en place sur le Parlement et la nation, et pour lequel il a été expulsé. La seule différence est (car en principe ils ne diffèrent pas) que l’un était un usurpateur sur les existants, et l’autre sur les non nés; et comme l’un n’a pas de meilleure raison d’être que l’autre, tous deux doivent être également nuls et sans effet.

De quoi, ou d’où, M. Burke prouve-t-il le droit qu’une quelconque puissance humaine peut lier la postérité à tout jamais ? Il a produit ses clauses, mais il doit aussi produire ses preuves qu’un tel droit existait et montrer comment il existait. S’il a jamais existé, il doit maintenant exister, car tout ce qui appartient à la nature de l’homme ne peut être annihilé par l’homme. C’est la nature de l’homme de mourir, et il continuera à mourir tant qu’il continuera à naitre. Mais M. Burke a établi une sorte d’Adam politique, chez qui toute la postérité est liée pour toujours. Il doit donc prouver que son Adam possédait un tel pouvoir ou un tel droit.

Plus une corde est faible, moins elle doit être tendue, et le pire est la politique de la tendre, à moins qu’elle ne soit destinée à la rompre. Si quelqu’un avait proposé le renversement des positions de M. Burke, il aurait procédé comme M. Burke l’a fait. Il aurait amplifié les autorités, dans le but d’en mettre en doute le droit; et à l’instant où la question du droit a commencé, le système des autorités aurait dû être abandonné.

Il suffit d’un très petit coup d’œil pour penser que, bien que les lois adoptées en une génération continuent souvent de s’appliquer à travers les générations suivantes, elles continuent à tirer leur force du consentement des vivants. Une loi non abrogée reste en vigueur, non parce qu’elle ne peut pas être abrogée, mais parce qu’elle n’est pas abrogée; et l’absence de révocation passe pour du consentement.

Mais les clauses de M. Burke n’ont même pas cette qualification en leur faveur. Elles deviennent nulles, en tentant de devenir immortelles. Leur nature exclut le consentement. Elles détruisent le droit qu’elles pourraient avoir, en se fondant sur un droit qu’elles ne peuvent avoir.

Le pouvoir immortel n’est pas un droit humain et ne peut donc pas être un droit du Parlement. Le Parlement de 1688 aurait pu aussi bien édicter un acte pour s’autoriser à vivre éternellement que pour faire vivre leur autorité pour toujours. Tout ce que l’on peut donc dire de ces clauses, c’est qu’elles sont une formulation de mots, d’autant de portée que si ceux qui les utilisaient s’étaient adressé une félicitation à eux-mêmes, et avaient dit dans le style oriental de l’antiquité: « O Parlement, vis pour toujours! »

Les circonstances du monde changent continuellement, et les opinions des hommes changent aussi; et comme le gouvernement est pour les vivants, et non pour les morts, ce n’est que les vivants qui ont un droit par lui.

Ce qui peut être pensé juste, et convenant à une époque peut être mal jugé et ne pas convenir dans une autre. Dans de tels cas, qui doit décider, les vivants ou les morts ?

Comme près de cent pages du livre de M. Burke sont employées à traiter ces clauses, il s’ensuivra que si les clauses elles-mêmes, pour autant qu’elles établissent à jamais une domination usurpée sur la postérité, ne sont pas autorisées, et par nature nulles et non avenues; que toutes ses déductions volumineuses, et la déclamation tirée de là, ou fondée dessus, sont nulles et non avenues également; et je repose l’affaire sur ce terrain.

Fin de la Préface




Plusieurs remarques:

1) Une personne contre les droits humains est contre ses propres droits puisqu’elle est elle-même un être humain, et jusqu’où admettrait-elle qu’on la prive de ses droits ?

2) Dans la société, il n’y a pas de générations, puisqu’il y a continuité des naissances quotidiennes (plus de 4 bébés par seconde dans le monde). Une génération est uniquement un principe familial. Cette absence de génération a certainement des conséquences en droit, dans l’égalité des droits, dans l’équité (qui n’existe pas sur quelques plans entre enfants et parents).

3) Thomas Paine parle sans tenir compte de la contrainte qui nous ait fait d’exister, donc de l’innocence d’exister, et sans tenir compte de l’absence de libre arbitre, et de la notion d’aresponsabilité de toute existence. Mais quelle société en tient compte ? Quelle loi en tient compte ? Comment peut-on devenir responsable d’exister ?

4) La société ne nous demande pas notre avis en nous intégrant à la nation. Elle nous met devant le fait accompli (nous sommes d’ailleurs déjà mis devant le fait accompli de l’existence). Nos parents sont nos dictateurs avec pour complices l’ensemble des associés et surtout le gouvernement qu’il faut distinguer de la société qui est l’ensemble des citoyens.

5) Lier la postérité jusqu’à la fin des temps est ce que veulent faire les religieux avec leurs fameuses lois divines tirées de leurs livres (tous) sacrés.

6) Si aucun être vivant ne peut avoir de pouvoir sur les non nés alors comment une personne peut-elle s’arroger le droit de fabriquer une autre personne et surtout pour son service personnel ? (Cette fabrication n’étant pas du tout maitrisée.)

7) Pourquoi ne devrais-je être qu’aussi libre que mes parents ? Pourquoi ne puis-je pas être plus libre que mes procréateurs ? Quels droits ont-ils de m’imposer leurs propres droits, leurs propres valeurs ? Une personne doit-elle aimer ce qu’une autre lui impose, la vie en l’occurrence ?

8) Ce n’est jamais une Nation entière qui choisit, c’est toujours une petite partie, et même aujourd’hui.

9) Il n’y a jamais de consentement aux lois, elles nous sont toutes imposées. L’élection d’un représentant n’est pas du consentement, c’est un pis aller.

10) Si l’on veut analyser la meilleure façon de gérer l’être humain afin qu’il vive dans le bienêtre on ne peut le faire qu’en examinant une toute petite densité d’êtres humains sur la planète, quand la liberté de mouvement de chacun est quasi totale. Cela ne signifie pas un retour dans le passé.


La version complète en français (la traduction de l’UQAC) du livre de Thomas Paine est téléchargeable ici :


Fin – E. Berlherm