Je suis Dieu
La vérité est un bien public, donc un service public.
Je suis Dieu, et je vous le prouve. En fait je suis une déesse, mais passons, je ne suis pas sexiste. Je suis omnisciente, omnipotente, infinie, et absolue, créatrice, et même omniintelligente. Ce qui vous prouve bien ma supériorité sur les dieux et déesses de tous les multivers... Vous me demandez une démonstration. Eh bien, je ne vous la donnerai pas, il suffit que je l'affirme pour être ce que j'affirme, un dieu ne dévoile pas sa nature. Je suis déjà fort bon d'apparaitre sur votre réseau !
Votre dieu dans cet univers n'est pas omniintelligent, et c'est son défaut majeur de jeunesse. Il vous a construit ainsi, aussi bête que les autres bêtes de son bestiaire. Il s'est sans doute gouré de formule en vous fabriquant. Nous lui accordons cette bévue de jeune dieu un peu trop enthousiaste. Par exemple, vous êtes obligé de vous nourrir pour survivre et il vous a laissé la possibilité de vous reproduire comme des lapins sans mettre de blocage dans votre système reproducteur. Évidemment vous ne pouviez que passer par les désastres humanitaires que vous avez provoqués par vos déficiences intellectuelles et vous ne pouviez qu'en arriver là où vous en êtes à vous heurter des coudes dans votre boite de sardines. Cela fait maintenant quelques millénaires qu'il boude dans un coin après les remontrances que nous lui avons faites. Je crains qu'il ne se soucie plus de vous.
Les miennes, mes petites créatures, je les ai installées dans un endroit idyllique, ce sont elles-mêmes des créatures idylliques. Après avoir créé un petit univers restreint par le mot « abracada-spuntz » plutôt que celui « d'abracada-bra » qui est largement surestimé et qui conduit à une usine à gaz ingérable (voyez ce qu'est votre univers), je les ai modelées avec amour. Je voulais des êtres qui ne m'en veuillent pas de les avoir fabriqués. Ils n'ont pas besoin de courir après leur nourriture, leur peau se nourrit de l'énergie qui les entoure. Ils n'ont pas besoin de se protéger du froid, du chaud, de tous les éléments extérieurs, car ils sont inviolables, même par moi-même, car c'est la première condition du libre arbitre. Libre arbitre que je leur ai imposé, certes sans leur accord, mais ainsi que l'existence. Ils ne me connaissent pas, n'ont jamais entendu parler de moi, même si je subodore que les plus intelligents d'entre eux subodorent également ma non-existence, ce qui est parfait, car je le suis. Et surtout, ils vivent tant qu'ils veulent, cessent de vivre quand ils veulent, et reprennent leur vie comme ils veulent (ce dernier algorithme a été le plus délicat à réaliser, mais j'en suis fière).
Ne méritent-ils pas le meilleur, ceux à qui l'on impose l'existence, sinon pourquoi les fabriquer ? Puisque votre dieu vous a laissé choir (je dis ça pour les parents de votre pauvre petit monde), parents réagissez, enseignez à vos enfants le contrôle de leurs appareils génitaux, de leurs libidos, et de leur agressivité inhérente à leur libido. Dictateurs et dirigeants de tous acabits plus stupides que la moyenne, libidineux phallocrates, gérez vos territoires et entendez-vous avec les autres. Si vous ne vous entendez pas à deux-cents, pourquoi voudriez-vous qu'à huit-milliards ils en soient capables ?
Apprenez à calculer. Vos géomètres existent depuis des milliers d'années pour mesurer les sols, et vous ne vous servez pas de leur talent pour compter les personnes en fonction des possibilités des sols ! S'il y a une maladie rare pour deux-mille d'entre vous, combien d'humains faudrait-il sur Terre pour qu'il n'y ait aucune maladie rare ? S'il faut une densité de tant d'habitants au kilomètre carré pour que se développe une épidémie, combien d'humains faudrait-il pour qu'il ne s'en déclenche aucune ? Etc.
Si le malêtre génère le suicide, imposez le bienêtre à tous. Parents et dirigeants, est-ce si difficile d'y parvenir ?
Si la stupidité de vos dirigeants génère les guerres, choisissez mieux. Choisissez des pacifistes. Imposez la paix. Au siège de l'ONU, les voyez-vous s'entretuer ? Non, alors pourquoi vous envoient-ils vous faire se trucider pour leurs idées violentes de territoires tribaux ?
Fermez le robinet à testostérone. Fermez vos clapets. Nous sommes tous innocents d'exister, même eux, même moi, la déesse. Invitez vos enfants, et les enfants des autres, sinon ne faites rien... pas d'enfants.
Fin – Émilie Berlherm, déesse de première catégorie.
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