Remarque en passant au passant de passage : Toute espèce qui fera plus de deux enfants par femelle finira par submerger le monde si elle n'a pas de prédateur. Quand une pieuvre femelle fait cent-mille petits et meurt après la naissance de ses rejetons, il n'en subsiste que deux en moyenne temporelle... sinon ils recouvriraient la planète très rapidement. Et ceci est valable pour toutes les espèces, l'humaine en particulier. D'ailleurs n'avez-vous pas remarqué que la vie occupe la planète sur toute sa surface et même dans une certaine épaisseur (ce qu'on fait les monocellulaires depuis 3 milliards d'années) ? Et quand une espèce bouffe les autres, les problèmes d'équilibre commencent...
Remarque suite : Nous savons penser. Nous savons simuler sur ordinateur ce genre de problèmes. Pourquoi n'est-il pas expliqué clairement aux personnes ? Pourquoi l'éducation n'est-elle pas faite dans ce sens ? Pourquoi le lapinisme plutôt que le rationalisme ? Réponse : la puissance de la Nation compte plus que nos souffrances pour nos dirigeants.
La surpopulation locale
Supposons l'être humain à peu près intelligent dès son apparition sur la planète, en tout cas un peu plus intelligent que l'humain actuel. Il ne va pas l'appeler planète puisqu'il ne sait pas, comme l'étymologie grecque le dit, que la terre sur laquelle il marche est un objet errant dans l'univers. Il nomme donc « terre » le milieu sur lequel il évolue.
Au départ il peut supposer son environnement plat et infini puisqu’autour de lui rien n'indique le contraire. Si rien ne vient déranger cette vision du monde, il n'a pas besoin d'imaginer autre chose. (Il trouve le comportement du Soleil et de la Lune bizarre, mais il n'a pas encore construit de télescope.)
Comme il est intelligent, et puisqu'il fait des enfants, il se demande mathématiquement combien la tribu peut en faire et si le sol peut les accueillir. Car il a compris qu'en les fabriquant il leur donne l'obligation d'exister ce qui n'est pas vraiment de la liberté, or il aime sa propre liberté et donc celle des autres. Dilemme qu'il ne parvient pas à résoudre, la liberté de ses désirs sexuels passant avant le souci de la liberté d'exister de son enfant... Il ne sait pas encore ce matheux-là résoudre la quadrature du cercle vicieux ; et aujourd'hui ils sont trop stupides pour seulement y penser.
Revenons à notre humain-lapin-matheux (hlm) : rapidement, sa tribu atteint les 200 individus, et comme l'endroit est relativement dangereux et difficile à surveiller, la tribu doit se scinder. Chacun surveille son territoire.
On rappelle qu'ils sont intelligents dans le bon sens de l'intelligence, qu'il n'y a donc pas de conflits, qu'ils s'entraident entre tribus voisines, qu'ils se souviennent qu'ils sont de la même famille. C'est l'humain idéal, le vraiment bon, pas agressif pour un sou.
Donc le matheux fait ses calculs. Il imagine sa tribu s'installant au centre de la Terre plate et infinie, et les autres qui sont issues de celle-là s'installent autour de ce centre. Une fois la tribu initiale parvenue au chiffre de 200 individus, elle envoie les surnuméraires (les aide à s'installer) sur les territoires adjacents. Rapidement les autres tribus parviennent à 200, et font comme la première, qui continue de faire des enfants, et ça on doit le garder en mémoire, c'est important. Et rappelons qu'environ 50 femmes sur les 100 par tribu sont en mesure d'enfanter, et donc systématiquement chaque année fabriquent au moins un enfant chacune. Ça fait beaucoup !
Prenons le cas idéal : intelligence, bonté, mais aussi santé, et longévité ; tout le monde sans exception se porte bien et vit au minimum 100 ans en pleine forme. Ça, c'est pour envisager un décompte maximal dans des conditions précises optimales (car faire des enfants à la chaine, qui meurent en bas âge, dans un monde belliqueux, plein de violence et de souffrance ; ce cas horrible est inenvisageable pour l'homme intelligent ! Image presque obsolète de notre moyen-âge ! N'est-ce pas ?)
La tribu centrale continue donc de faire ses 50 enfants par an, ainsi que toutes les tribus qui sont parvenues à 200. Il suffit donc de 4 tribus pour qu'une autre tribu se forme sur un territoire libre à l'extérieur. Cela signifie qu'à ce stade chaque année un ensemble de 4 tribus doit aider à fonder une autre tribu à l'extérieur du monde habité. C'est-à-dire que les huit tribus qui entourent la tribu centrale doivent aider à fonder à elles seules deux autres tribus chaque année, et ce de plus en plus loin, car les tribus éloignées en font autant ; et vous voyez l'exponentiel tribal en marche...
Il arrivera donc un moment où le voyage pour aller installer une nouvelle tribu en partant du centre prendra plus d'un an. Je vous rappelle que le matheux intelligent de l'époque n'avait inventé aucun moyen de locomotion autre que ses pieds cornés, mais il avait sans doute inventé la calculette !
Il arrivera également, très rapidement d'ailleurs, que ce même problème se produise pour les tribus du dixième niveau, puis du centième niveau, puis du millième, loin du centre. Que feront les tribus centrales pour expédier si loin leurs habitants surnuméraires et combien de temps cela leur prendra-t-il pour conduire toutes ces troupes au-delà de l'espace habité ?
J'ai supposé au départ que l'environnement était stable, et la nourriture toujours correcte pour 200 personnes, indéfiniment. Ce n'est pas notre cas d'humains belliqueux, mais qu'est-ce que cela change ?
En envisageant des morts plus fréquentes causées par notre béatitude brutale devant le décès lointain de nos semblables, quelles que soient les raisons de ces morts, le temps sera plus long pour combler nos espaces vitaux, mais le problème restera le même...
Supposons qu'aujourd'hui nous fassions le même calcul intelligent que notre matheux préhistorique initial. Il y a des avions, des fusées, des planètes ; mais l'univers intergalactique semble par contre fini à première vue de télescope spatial géant. Cette finitude apparente de l'univers est un premier problème. Mais passons ! Quelques milliards d'années-lumière, c'est beaucoup, et il y a de quoi installer quelques bonshommes (des idiots n'en doutons pas) ! Puisque nous ne nous préoccupons pas des existants pourquoi nous préoccuper des êtres de l'avenir, qu'ils se démerdent ces pauvres couillus de l'avenir !
Si une planète correspond à un territoire tribal, comment nous déplacerons-nous quand la tribu humaine terrestre surnuméraire voudra occuper une autre planète pour aller rejoindre une planète inoccupée au-delà des zones galactiques habitées à quelques millions d'années-lumière de la Terre ? Le problème est rigoureusement identique, mais il se chiffre en milliards d'individus. Il faudra construire de très très grosses fusées pour transporter tout ce joli monde.
Conclusion, même dans un espace infini, le peuplement infini est impossible. Le peuplement doit toujours être contrôlé. Et ce peuplement devrait toujours être inférieur au seuil d'emmerdement entre humains, car dès qu'il est atteint il est inutile d'en fabriquer un seul (humain) pour lui imposer ça.
Pourquoi des gens gentils comme nous, les humains, non belliqueux, vachement intelligents, invités sur cette belle planète pour y vivre quelques rêves merveilleux, qui n'avons pas demandé à exister et donc innocents d'exister, devrions-nous subir les exigences d'une idée stupide qui s'est « engrammé » dans notre mentalité animale de reproducteur ? Pourquoi devrions-nous subir cette abominable minable idée d'occupation de l'univers juste pour le visiter et le connaitre sans raison autre que celle de nos auteurs de science-fiction ? Et ça fait souffrir pour rien d'exister pour la raison des autres et pas la sienne propre...
Fin – E. Berlherm
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire