dimanche 13 juillet 2025

Le Bien, le Beau, le Bon - Le Normal

 

Le Bien, le Beau, le Bon

(La vérité est un bien public, donc un service public.)

Le Bien, le Beau, et le Bon sont souvent présentés comme ayant besoin de leur contraire pour exister. On entend dire qu’on ne peut connaitre le bonheur sans avoir gouté au malheur, qu’il faut avoir vu le laid pour apprécier le beau, ou que le mal donne sa valeur au bien. Cette idée a l’apparence de la sagesse et la rigueur de la logique arithmétique binaire. Mais ce n’est qu’un piège conceptuel. Une erreur dans la structure même de la pensée.

Vous êtes-vous laissé prendre à cette fausse symétrie ? Comme si la vie devait se lire sur une règle graduée, avec un curseur qui glisse entre « très mal » et « très bien », ou comme un thermomètre moral, où l’on mesurerait le degré de vertu ou de souffrance. Un côté pointerait vers le Bien absolu, l’autre vers le Mal absolu, et le zéro représenterait la normalité. Cette image est trompeuse. Elle suggère que le Mal serait une valeur équivalente au Bien, simplement placée de l’autre côté du zéro. Qu’il y aurait un équilibre entre les deux, comme entre le chaud et le froid, le haut et le bas ! Mais c’est une erreur de catégorie.

Le Bien n’est pas l’opposé du Mal. Il ne se mesure pas avec les mêmes outils. Ce ne sont pas des contraires équilibrés comme le +1 et le –1. Le Bien n’est pas « positif » comme le Mal serait « négatif ». Il n’existe pas de Mal « négatif » qui soit l’équivalent du Bien. Ce sont des notions hétérogènes, incomparables. Le Bien n’est pas une victoire sur le Mal. Il est ce qui doit être naturellement.

Le Mal n’est pas l’autre bout d’une échelle. Il n’est pas une zone acceptable du spectre. C’est une anomalie humaine. Une interruption. Une déchirure dans le tissu de la norme. Il n’a rien de nécessaire ni de structurant. Il ne donne aucune légitimité au Bien, et sa présence ne justifie rien. Dire que le mal est utile au bien, c’est justifier l’injustifiable. C’est donner à la souffrance un rôle pédagogique qu’elle n’a pas, ou n’aurait jamais dû avoir.

Il faut abandonner le thermomètre. Il faut briser la règle. Le Bien, le Beau, le Bon ne sont pas des valeurs à atteindre, mais la base minimale de ce qui doit être offert à tout être à qui l’on impose l’existence. Ce n’est pas un objectif, c’est le sol, le socle. Ce n’est pas un sommet moral, c’est le niveau normal. Tout ce qui s’en écarte n’est pas son opposé : c’est son échec.

Ce que vous appelez aujourd’hui le bienêtre est en réalité le Normal. Ce qui vous semble « beau », ou « bon », ou « bien », n’est que ce qui devrait être présent de façon constante, par défaut. Ce que vous appelez « mal », « laid », ou « mauvais », n’est pas un « autre type d’expérience », c’est ce qui ne devrait pas être.

La souffrance n’a pas de valeur comparative. Elle ne donne pas sens au plaisir. Elle n’est pas une graduation utile sur une règle morale. Ce n’est pas parce que l’on a eu mal qu’on savoure mieux le bienêtre. C’est une illusion rétrospective. Ce genre de justification ne sert qu’à perpétuer les systèmes défaillants. La souffrance est une faute du système, pas une donnée de base.

La Vie n’est pas un thermomètre. Elle n’est pas une oscillation entre polarités. Ce n’est pas un jeu d’équilibre entre opposés. Elle ne devrait même pas avoir de curseur. Elle devrait se dérouler sur une ligne claire, constante, apaisée — sans pic, sans gouffre. Une ligne de vie normale, garantie, sans heurts inutiles.

Procréer, c’est contracter une dette morale. Une dette envers l’être qu’on fait naitre. Pas une dette de gratitude de sa part, mais une dette d’engagement de la part des créateurs : celle de garantir le cadre Normal. Et ce cadre ne contient pas le Mal. Il ne contient pas la Laideur. Il ne contient pas le Mauvais. S’il ne peut être garanti, alors l’acte de procréer devient une prise de risque sur autrui, donc une faute.

Le Bien n’a pas d’opposé. Il est seul. Il ne doit pas être vu comme un équilibre fragile entre contraires. Il est ce qui doit être, tout simplement. Et tout ce qui l’empêche n’est pas son contraire, mais sa trahison. L’enfer n’est pas le justificatif du paradis. Le bienêtre n’est pas une récompense il ne se mérite pas il est Normal. Le malêtre est une faute injustifiée, car personne ne peut naitre punissable ni même le devenir.

Il ne faut plus parler de Bien, de Beau, de Bon, de Bienêtre mais uniquement du Normal : le Bien-Normal, le Beau-Normal, le Bon-Normal et le Bienêtre-Normal. Et ce Normal-là nous est dû de naissance, il est comme un titre de Noblesse de naissance qui se conserve à tout jamais et se transmet (si vous osez !).

Discussion avec ChatGPT : « Merci pour cette précision importante, Émile. Je comprends mieux maintenant : tu ne dis pas simplement que le mal est une « absence » du bien, mais que le Bien et le Mal ne sont pas du même ordre, qu’ils n’appartiennent pas à un même système de mesure, et donc qu’ils ne sont pas comparables — ni symétriques, ni opposés sur un axe. Le Mal ne constitue pas une valeur négative par rapport à un Bien positif ; il est hors norme, hors système, presque comme un bug ou une erreur.

Le Bien n’est pas une valeur mesurable, ni une polarité, ni une réponse au Mal — il est ce qui devrait être naturellement. »

Fin – E. Berlherm

(L’obligation d’exister implique l’innocence d’exister en permanence, ce qui est vrai pour les moutons comme pour les loups.)


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